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À nouveau « l’homme malade de l’Europe » : l’Allemagne parviendra-t-elle à redresser son économie ?

À nouveau « l’homme malade de l’Europe » : l’Allemagne parviendra-t-elle à redresser son économie ?
Getty Images

Alors que l’Allemagne était autrefois le moteur de la croissance européenne, elle est aujourd’hui à la traîne par rapport aux autres pays européens. Récemment, le pays a connu un troisième trimestre consécutif de récession économique ou de stagnation. L’Allemagne risque d’être la seule économie de premier plan à se contracter en 2023.

Pourquoi est-ce important ?

Le ralentissement mondial de l'industrie manufacturière frappe l'Allemagne de manière disproportionnée, car ce secteur représente un cinquième de sa production totale - un chiffre similaire à celui du Japon, mais presque le double de celui des États-Unis, de la France et de la Grande-Bretagne.

Dans l’actualité : le FMI et l’OCDE s’attendent à ce que l’Allemagne enregistre cette année les pires performances de toutes les grandes économies. De quoi questionner The Economist, qui se demande si l’Allemagne est à nouveau « l’homme malade de l’Europe », comme le journal économique l’avait surnommé il y a plus de 25 ans.

Sous-investissement dans les nouvelles technologies depuis trop longtemps

Zoom sur la situation : la réussite dans les secteurs traditionnels a longtemps masqué l’insuffisance des investissements dans les nouvelles technologies.

  • La force traditionnelle de l’Allemagne dans l’industrie automobile est menacée. Les grandes marques du secteur en plein essor des véhicules électriques perdent des parts de marché au profit de concurrents chinois moins chers.
  • Les prix du gaz et de l’électricité en Allemagne, qui s’est auto-sabotée sur le plan énergétique, restent plus élevés que dans de nombreux pays non européens. La production des industries allemandes à forte consommation d’énergie, telles que les produits chimiques, le verre et le papier, a chuté de 17 % depuis le début de l’année, écrit le Financial Times, indiquant des pertes continues.
  • La croissance est également freinée par une bureaucratie enracinée et des procédures d’autorisation étendues pour les entreprises.
  • La compétitivité du pays a été régulièrement affaiblie par l’augmentation du coût de la main-d’œuvre, des impôts élevés, une bureaucratie étouffante et un manque de numérisation dans le secteur public.
  • Plus que tout autre grand pays occidental, l’Allemagne est dépendante de la Chine, ? ce qui la rend particulièrement sensible aux troubles géopolitiques.
  • En outre, le pays est confronté au défi que représente le départ à la retraite de quelque 2 millions de travailleurs au cours des cinq prochaines années.
  • Dans le monde de l’entreprise, 40 % des postes vacants ne sont pas pourvus ; à Berlin, il manque 1 enseignant sur 2 dans l’éducation. (Pour en savoir plus, voir le graphique ci-dessous).

Après l’Agenda 2010, place à l’Agenda 2030

Zoom arrière : il y a vingt ans, l’Allemagne – stimulée par le chômage de masse et les réformes de « l’Agenda 2010 » dictées par le chancelier de l’époque, Gerhard Schröder ? – a connu un redressement impressionnant.

  • Ce sont les réformes audacieuses, mais impopulaires du marché du travail de « l’Agenda 2010 » de Schröder qui ont permis de rétablir la compétitivité de l’Allemagne en termes de coût de la main-d’œuvre. Depuis lors, ce coût du travail est resté stable. Cela s’explique en partie par la modération salariale convenue entre les employeurs et les employés.
  • Pour rester compétitif, le pays doit à nouveau atteindre ce niveau de performance.
  • La montée de l’AfD, parti d’extrême droite qui, selon des sondages récents, deviendrait le deuxième parti du pays, a paralysé les partis traditionnels. On craint que des réformes majeures favorisent ce parti.
  • « Pour que l’Allemagne puisse prospérer dans un monde plus fragmenté, plus vert et plus vieillissant, son modèle économique devra s’adapter », écrit l’hebdomadaire libéral The Economist. « Pourtant, alors que le chômage élevé a contraint la coalition de Gerhard Schröder à agir dans les années 1990, il est cette fois-ci plus facile d’ignorer les sonnettes d’alarme. Rares sont ceux qui, au sein du gouvernement actuel, composé des sociaux-démocrates, des libéraux-démocrates et des Verts, reconnaissent l’ampleur de la tâche. »
Gerhard Schroeder – Getty Images

(JM)

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