6 mythes sur le virus Ebola démystifiés

Ebola est une terrible maladie, épouvantable, même, mais la tentation se succomber au sensationnalisme des médias produit des rapports exagérés sur cette épidémie quand ils ne sont pas déformés, voire, totalement infondés.

Le site Vox a rassemblé les six mythes les plus communs sur Ebola et il leur a opposé les réponses de la science :

1. Les épidémies d’Ebola ne peuvent être stoppées

C’est totalement faux, à ce jour, les 33 épidémies précédentes d’Ebola ont été contrôlées ou stoppées. Cependant, il est juste de dire que l’épidémie actuelle est beaucoup plus importante que les précédentes, et que logiquement, elle sera confinée plus difficilement.

Si les procédures correctes sont suivies, une épidémie d’Ebola peut être arrêtée assez rapidement. Le problème est que l’infrastructure de la santé en Afrique de l’Ouest est si médiocre qu’il est difficile d’appliquer ces procédures. Il a fallu plusieurs mois avant que les officiels de ces pays apprennent que le virus avait fait son apparition. En outre, la réaction internationale a été retardée et elle est restée insuffisante pendant longtemps. Cela a donné du temps à la maladie pour se propager. En septembre, certains scientifiques ont estimé qu’il faudrait entre 12 et 18 mois pour contrôler cette épidémie.

2. Ebola est une condamnation à mort

Environ 50% des personnes qui ont contracté la maladie ont survécu. Auparavant, le taux de survie n’était que de 20%. Les personnes qui survivent ont l’espoir de retrouver une santé normale à l’issue de la maladie, et même d’être immunisées contre toute nouvelle infection pendant une période d’une dizaine d’années environ.

Il n’existe aucun traitement réel contre la maladie, hormis quelques traitements expérimentaux, mais des soins médicaux appropriés contribuent pour beaucoup à la survie des malades. Ces soins comprennent notamment la réhydratation par intraveineuse du patient et l’administration d’antibiotiques. En effet, Ebola semble neutraliser le système immunitaire du malade, et il est donc nécessaire d’aider son organisme à lutter contre les infections opportunistes.

3. Les malades d’Ebola ont tous des hémorragies

En pratique, très peu de malades d’Ebola ont des hémorragies. Les premiers symptômes d’Ebola sont similaires à ceux de la grippe. Les saignements sont l’un des symptômes les plus caractéristiques de la maladie, pourtant ils ne sont pas systématiques, et souvent, les pertes de sang sont assez faibles.

Une étude réalisée sur l’un des foyers de la fièvre Ebola a révélé que seulement 41% des patients avaient des hémorragies. En général, ces saignements, qui peuvent être localisés sur les yeux, le nez, les oreilles, la bouche, ou le rectum, surviennent dans les stades avancés de la maladie. Les patients qui présentent des saignements ont autant de chance de survivre que ceux qui n’en ont pas. La véritable cause de la mort ne provient pas des hémorragies, mais la plupart du temps de la défaillance d’un ou plusieurs organes vitaux.

4. Ebola est transmissible par les voies respiratoires

Le virus d’Ebola ne se transmet que par les fluides corporels, et il ne s’agit donc pas d’une maladie qui peut être contractée par le simple fait de respirer. Cependant, il est possible d’être contaminé si une personne malade éternue, tousse, ou vomit à proximité du visage. En effet, des minuscules gouttelettes du fluide corporel (salive ou vomi), que l’on appelle aérosols, et qui peuvent contenir des virus, peuvent rester en suspension dans l’air, et entrer en contact avec les muqueuses des yeux, du nez et de la bouche, mais cette probabilité est très faible. Se trouver assis à plusieurs rangées de distance d’une personne atteinte de la maladie dans un avion n’expose normalement pas à la contamination.

Néanmoins, le Docteur Brosseau et le docteur Jones, deux professeurs de l’Ecole de Santé Publique de l’Université de l’Illinois, ont écrit dans un papier récent qu’il semblait qu’Ebola était transmissible par ces particules aérosols à la fois à proximité et à distance des malades, et ils recommandaient aux professionnels de la santé chargés de soignés les patients atteints de la maladie, de porter une tenue de protection étanche avec un appareil respiratoire. « D’abord sceptiques concernant l’idée que le virus Ebola pouvait être une maladie transmissible par les aérosols, nous sommes maintenant persuadés par une revue de données expérimentales et épidémiologiques que cela pourrait être une caractéristique importante de la transmission de la maladie, notamment dans les locaux médicaux », écrivent-ils.

Ces conclusions risquent de trouver un nouvel écho alors qu’il est apparu qu’une infirmière espagnole de l’hôpital Carlos III de Madrid qui n’avait approché un malade de l’Ebola qu’à deux reprises et qui avait porté à chaque fois une tenue de protection appropriée, a malgré tout été infectée par la maladie. Ses collègues de l’hôpital ont indiqué que la tenue ne comprenait pas d’appareil respiratoire.

Par ailleurs, les scientifiques expliquent qu’il est exceptionnellement rare qu’un virus change son procédé de contamination. Cela signifie qu’il est très peu probable qu’Ebola devienne transmissible par les voies aériennes.

5. Ebola est très contagieux

Bien que le nombre de victimes augmente de jour en jour, Ebola est beaucoup moins contagieux que des maladies telles que la rougeole, par exemple. Les personnes infectées par le virus, mais encore au stade d’incubation, ne sont pas contagieuses. Elles ne le deviendront que lorsqu’elles présenteront les symptômes de la maladie.

Un épidémiologiste américain a calculé qu’un malade ne contamine qu’une ou deux autres personnes. En comparaison, avant la vaccination systématique contre la rougeole, un malade transmettait la maladie à 18 autres personnes en moyenne. La contamination de l’Ebola se fait par le contact avec des fluides corporels d’un malade à travers les yeux, la bouche, le nez, ou les plaies ouvertes, par exemple. Le virus est présent sur les cadavres des personnes décédées de la maladie et il peut également survivre quelques heures sur les surfaces. Il est donc important de désinfecter soigneusement les endroits où des patients ont séjourné.

6. Ebola est la maladie la plus dangereuse du monde

Ebola tue bien moins de personnes que certaines maladies, incluant la malaria, la diarrhée, ou le HIV (Sida). Même si le pire scénario calculé par les scientifiques se produit, et qu’Ebola provoque jusqu’à 700 000 décès, ce qui est évidemment énorme, il ne deviendrait que la troisième maladie la plus meurtrière sur le continent africain après le Sida et les infections respiratoires.

A noter cependant, l’épidémie d’Ebola déborde les systèmes de santé des pays touchés, ce qui signifie qu’il faut s’attendre à une hausse du nombre de personnes qui succombent à d’autres maladies mortelles telles que la malaria.