Une manifestation syndicale nationale a rassemblé lundi plusieurs milliers de militants de la FGTB et de la CSC. Ils étaient 6.000 selon les organisations syndicales et 3.200 d’après la police dans les rues de la capitale pour protester contre la loi sur la norme salariale et demander le respect des droits syndicaux. Le cortège de la manifestation s’est élancé sur le coup de 11h00 depuis le siège de la Confédération européenne des syndicats, situé à proximité de la gare du Nord à Bruxelles, en direction du Boulevard de l’Empereur et du Mont des Arts.
« Je suis là car on voit que tout augmente, sauf nos salaires », a confié à Belga, Abygaelle, une manifestante et travailleuse des titres-services à Charleroi. « Je travaille pour 12,30 euros de l’heure et j’ai déjà atteint mon maximum. C’est trop peu pour vivre décemment, surtout qu’il y a très peu de temps-plein disponibles dans mon secteur. »
Gilberte, une retraitée carolo de 68 ans, issue du même secteur, était venue « soutenir les jeunes et montrer que les retraités subissent les mêmes choses que les actifs. » Après 33 ans d’une carrière débutée à 16 ans, sa retraite de 1.200 euros l’oblige « à surveiller de près sa consommation de gaz et électricité ».
Droit de grève, salaire, indexation…
Thierry Bodson, président de la FGTB, et Marie-Hélène Ska, secrétaire générale de la CSC, ont ensuite pris la parole à tour de rôle au Mont des Arts, devant plusieurs centaines de manifestants. « Il n’y a pas de démocratie sans contre-pouvoir. (…) Aujourd’hui, il s’agit d’une grève pour le droit de faire grève. La façon dont les choses se passent me rappelle la petite phrase ‘je ne suis pas raciste mais…’ La FEB (Fédération des entreprises de Belgique) n’est pas contre le droit de grève mais… », a illustré Thierry Bodson.
Au niveau des salaires et du pouvoir d’achat, le président du syndicat socialiste a demandé « une augmentation des salaires en brut et une augmentation des allocations, avec la suppression du statut de cohabitant légal. » Il a également insisté sur l’importance de l’indexation automatique. « Si on touche à l’indexation automatique, ce serait une véritable déclaration de guerre! », a-t-il prévenu. Cela alors que la Fédération des entreprises de Belgique a appelé la semaine dernière le gouvernement et les partenaires sociaux à revoir ce système d’indexation des salaires.
La secrétaire générale de la CSC, Marie-Hélène Ska a, elle aussi, rappelé que les « droits syndicaux doivent être garantis en droit mais aussi en pratique ». « Négocier collectivement suppose de pouvoir établir un rapport de force via des grèves et des manifestations. Sans cela, il n’y a que des supplications collectives. »
Opposée, comme la FGTB, à la loi sur la norme salariale, la responsable du syndicat chrétien considère que celle-ci contribue à « refuser aux travailleurs la reconnaissance de ce qu’ils apportent à leur entreprise. »
La manifestation a pris fin vers 12h30, à l’issue des deux discours et les manifestants se sont séparés dans le calme. Si la manifestation était bruyante, avec beaucoup de pétards, elle s’est déroulée sans incident, selon Ilse Van de Keere, porte-parole de la zone de police Bruxelles Capitale-Ixelles.
Le patronat
« À l’heure où nous sommes confrontés à une poussée d’inflation sans précédent et à une quatrième vague de la pandémie de coronavirus, la Fédération des entreprises de Belgique (FEB) ne comprend pas que les syndicats choisissent d’organiser une manifestation de masse et de repartir en guerre contre la norme salariale qui protège notre compétitivité et nos emplois » a pour sa part réagi par voie de communiqué, la FEB. « La mise à l’arrêt du pays par des actions et des manifestations ne fait que compliquer la reprise économique et n’aide personne. »
Voka, le réseau d’entreprises flamand, a également réagi en rappelant la « forte pression » à laquelle sont « soumises les entreprises en raison des quarantaines liées à la pandémie et de la forte indexation des salaires qui s’annonce ». « Grâce à notre indexation automatique, unique au monde, nous essayons de protéger les salariés et les bénéficiaires d’allocations contre les chocs de prix externes. Mais bien sûr, ces chocs de prix ne disparaissent pas pour autant, mais sont principalement supportés par les entreprises. Si la pression sur les entreprises devient trop forte, cela a un effet néfaste sur l’emploi et les investissements. »