50 dollars pour envoyer un obus dédicacé sur les soldats russes: la guerre au 21e siècle

L’Ukraine a besoin de matériel militaire pour repousser l’envahisseur, comme le souligne presque quotidiennement son président Volodymyr Zelensky. Si vous ne pouvez pas directement aider les soldats et le peuple ukrainiens, vous pouvez toute de même apporter votre pierre à l’édifice pour seulement 50 dollars. Pour ce montant, vous pouvez envoyer un obus dédicacé qui sera tiré sur l’armée russe, tout en améliorant le quotidien de leurs homologues ukrainiens.

La guerre en Ukraine en a surpris plus d’un, tant par la réponse du peuple ukrainien face à l’envahisseur que par l’implication de moyens modernes dans le conflit. Car au-delà des équipements militaires contemporains, la guerre en Ukraine se déroule aussi en dehors du terrain, que ça soit dans les médias – aspect plutôt classique –, que sur Internet, avec notamment les réseaux sociaux. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, ne cesse d’en faire la démonstration.

Le recours aux réseaux sociaux pour des campagnes de sensibilisation ou de recrutement, voire simplement d’information, a provoqué un sentiment d’implication chez certains. La souffrance d’un pays agressé sans raison, aussi. De quoi pousser bon nombre d’individus à soutenir le peuple ukrainien comme ils le peuvent, à coup de dons alimentaires, mais aussi financiers – en devise traditionnelle ou en cryptomonnaie.

D’ailleurs, l’Ukraine n’est pas la seule à recevoir de l’aide de la population. En Russie aussi, le peuple se montre solidaire, bien que dans ce cas-ci, ce serait surtout en réponse au manque de moyens envoyés par Moscou. Par le biais de campagnes de crowdfunding, les Russes envoient du matériel aux soldats sur le front.

Mais cette mobilisation en dehors du champ de bataille peut mener à des pratiques bien plus questionnables moralement parlant, même si elles partent d’un bon fond.

50 dollars pour un, 90 pour deux

Via l’application de messagerie Telegram, il est en effet possible de dédicacer un obus destiné à infliger des dégâts du côté russe. Il ne vous en coutera que 50 dollars. Et si vous êtes un bon client et que vous en achetez deux, vous aurez même droit à une petite remise. Un bon deal, non ?

Cette initiative, qui vise officiellement à récolter de l’argent pour améliorer le quotidien des forces ukrainiennes, est le fruit d’un jeune ukrainien, Anton Sokolenko, étudiant en informatique à Cherkasy. Malgré le fait que le but recherché soit louable, la méthode utilisée n’en reste pas moins questionnable. Il n’empêche que la campagne rencontre un certain succès. En raison d’une trop forte demande, le créateur de la chaine Telegram aurait été contraint d’augmenter les prix.

« Vous avez une chance de tuer des orcs [un terme péjoratif pour les occupants russes] avec un texte inscrit sur un obus de 152mm qui sera envoyé sur des positions russes. Vous recevrez une photo avec votre projectile signé », indique le post d’accueil sur la chaine Telegram.

Telegram

Pur altruisme

Le jeune homme à l’origine de ce douteux business a expliqué ses motivations à Motherboard : « au début de la guerre, je ne faisais rien de particulier pour aider et ça me rendait fou. J’ai trouvé un centre de bénévoles où je pouvais aider à confectionner des cocktails Molotov. C’était un boulot inutile parce que la date de péremption ne dépasse pas les deux jours et nous en faisons 1600 quotidiennement ».

Il a alors eu l’idée de créer une chaine Telegram pour récolter des dons pour les soldats ukrainiens. Cela a fonctionné durant un temps, puis les dons sont devenus plus rares. Il est alors tombé sur un compte qui proposait de payer pour signer des obus et a repris l’idée. Son affaire s’est révélée plus utile, du moins plus rentable. À la date du 13 juin, il aurait levé 11.000 dollars en vendant des dédicaces sur des obus destinés à bombarder les forces russes. Cet argent lui aurait permis d’acheter deux récepteurs Starlink, le réseau par satellite de SpaceX, et un viseur thermique. Il est également question d’acquérir des véhicules pour transporter les soldats blessés.  

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