Malgré son statut de « banquier central en chef », Christine Lagarde ne perçoit pas les émoluments les plus élevés. Elle reste certes dans le top 5 de l’Union européenne, mais sa fiche salariale passe après celle de Pierre Wunsch, le gouverneur de la Banque nationale de Belgique.
Même fonction, rémunérations différentes. En Europe, les conditions salariales des banquiers centraux varient fortement en fonction des institutions. Manifestement sans lien direct entre la taille du pays, l’étendue de la population ou l’importance de l’économie.
En tête de peloton, on retrouve certes le président de la Bundesbank, la banque centrale de la première économie de l’Union. Le gouverneur allemand, Jens Weidmann, a reçu l’année dernière 480.470 euros, ressort-il du rapport annuel 2021 de l’institution monétaire. Pour le détail, cela comprend 398.663 euros avec cotisation pour pension, 76.693 euros de rémunération dite spéciale mais sans lien avec une pension ainsi qu’une indemnité forfaitaire de 5.113 euros.
Une cheffe sous-payée ?
À titre comparatif, en troisième position des salaires bruts, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE) depuis novembre 2019, Christine Lagarde, n’a obtenu « que » 416.016 euros. Il convient toutefois de noter que la présidente bénéficie d’une résidence, fournie à la place d’une indemnité de logement.
« Les membres du Directoire et le président du Conseil de surveillance reçoivent également une indemnité de représentation. Sous réserve de conditions et des situations personnelles, les membres des deux conseils peuvent (aussi) avoir droit à une allocation familiale », précise la BCE dans son dernier rapport annuel.
Ces salaires donnent lieu aussi à des déductions au titre de cotisations aux régimes de retraite et d’autres assurances.
L’Italie devant la France
Pour rester dans les plus hauts salaires, au gouverneur italien, Ignazio Visco, sont versés des émoluments fixes depuis 2014, à savoir 450.000 euros. S’il siège également à la direction de l’Institut de contrôle des assurances (IVASS), pour y dresser les objectifs stratégiques et adopter des mesures de surveillance des assurances, cette activité ne donne lieu à aucune rémunération supplémentaire, indiquent les comptes de la Banca d’Italia.
Chez nos voisins du nord, le gouverneur Klaas Knot a reçu en 2020 quelque 407.444 euros. Incluant pécule de vacances et autres conditions d’emploi, cette rémunération du président ne comporte pas de composante liée à la performance, stipule le rapport de la Nederlandsche Bank.
La situation du gouverneur François Villeroy de Galhau contraste alors avec celle de ses homologues. Le plus haut dirigeant de la Banque de France a perçu l’année dernière 287.932 euros. Cela dit, s’il ne bénéficie pas d’appartement de fonction, il dispose d’une indemnité de logement brute de 5.867 euros par mois, « imposable », épingle le rapport de la banque centrale française.
Mieux vaut être banquier central en Belgique ?
Chez nous, le gouverneur belge bénéficie actuellement d’un traitement annuel brut de 460.000 euros. À l’instar de ses paires, la Banque nationale de Belgique (BNB) communique sur cette politique de manière transparente dans son rapport annuel.
Mais cette « générosité » du pays à l’égard de haut dirigeant peut susciter des interrogations. Surtout lorsqu’on compare le niveau salarial à d’autres économies limitrophes.
Interpelé dernièrement sur le sujet, le ministre des Finances avait pris soin de rappeler qu’« il ne s’agit pas d’une compétence du gouvernement ».
Vu le principe de l’indépendance des banques centrales, le législateur belge a délégué le pouvoir de rémunérer les administrateurs de la BNB, à un conseil de régence. Ce comité est composé de trois régents dont les réunions accueillent le gouverneur (voix consultative) et le représentant du ministre des Finances.
« Un exercice d’évaluation comparative a montré que le niveau du traitement du gouverneur restait élevé au niveau international et que la tension salariale entre le gouverneur et un directeur était relativement forte. Par conséquent, en novembre 2020, le conseil de régence a décidé de procéder à une réduction supplémentaire de 10 % du traitement de base brut du gouverneur à compter de 2021 », a précisé Vincent Van Peteghem, ministre des Finances (CD&V).
Des avantages limités
L’actuel gouverneur belge, Pierre Wunsch, ne perçoit pas de jetons de présence pour les réunions auxquelles il participe en tant que membre de la BNB. Il doit reverser le cas échéant les rémunérations perçues au titre des différents mandats extérieurs exercés dans le cadre de ses fonctions.
« Comme seule exception à ce principe, le gouverneur peut conserver la rémunération qu’il perçoit en qualité d’administrateur de la Banque des règlements internationaux (BIS). En revanche, le remboursement prévu statutairement des frais de logement et d’ameublement du gouverneur n’est pas appliqué », a nuancé le ministre Peteghem.
Pour les frais liés à la fonction (les voyages de service par exemple), la banque centrale belge intervient sur base des coûts réels « prouvés ». Il n’y a donc pas d’indemnité fixe pour les dépenses.
Concernant les avantages supplémentaires, citons la voiture de fonction et toutes sortes d’assurances (assurance-groupe dans le cadre du plan de pension, revenu garanti en cas d’incapacité de travail, assurance contre les accidents du travail, etc.).
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