Les 2,5 tonnes d’uranium mystérieusement disparues n’étaient finalement pas si loin

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) rapportait ce jeudi que 2,5 tonnes d’uranium qui devaient normalement être stockées sur un site sécurisé en Libye n’y étaient plus. Une situation aussi gênante qu’inquiétante, vu la valeur – et le danger potentiel – d’une cargaison de ce genre égarée dans un pays sans réel contrôle étatique.

Alors que la Libye est plongée dans un indescriptible chaos politique et tribal depuis la chute du colonel (et dictateur brutal) Mouammar Kadhafi en 2011, des inspecteurs de l’AIEA ont alerté que tout un stock d’uranium s’était volatilisé.

  • Celui-ci se trouvait dans un dépôt du sud du pays dans un endroit classifié, mais qui a la particularité de n’être contrôlé par aucune des deux principales autorités du pays. Celui-ci est toujours divisé entre un gouvernement intérimaire reconnu par la communauté internationale dans la capitale, Tripoli, et un autre, militaire, dans l’est du pays.
  • Contre toute attente, ce gouvernement oriental a annoncé avoir remis la main sur le stock d’uranium : dix fûts auraient été interceptés à la frontière avec le Tchad, selon le chef de l’unité des médias des forces armées. Soit à environ 5 km du site où ils auraient dû se trouver.
  • L’AIEA n’a toutefois pas encore confirmé l’information, et a annoncé qu’elle « travaillait activement à la vérification » de ces informations, rapporte la BBC. Mais si l’information se confirme, le compte est bon.

Le contexte : un pays en proie au chaos et à tous les trafics. La Libye n’est plus que le terrain de jeu de diverses milices et tribus, certaines ayant fait allégeance à des mouvements islamistes. Le gouvernement reconnu de Tripoli à l’ouest et l’Armée nationale libyenne (ANL) à l’est tentent à la fois d’exister et de paraître légitimes, tout en se tirant dans les pattes.

  • En 12 ans après la chute de Khadafi suite à une révolution soutenue par l’OTAN, la Libye est devenue à la fois la plaque tournante du trafic d’armes, et des migrations vers l’Europe avant la traversée de la Méditerranée, avec tous les drames humains et les exploitations que l’ont peut imaginer.
  • Le pays avait renoncé à son programme d’armement chimique, bactériologique ou nucléaire dès 2003. L’uranium égaré puis supposément retrouvé n’était de toute façon pas de qualité militaire. Il s’agit de « yellow cake » : un concentré qui « n’a pas vraiment de rayonnement sous sa forme actuelle » selon Scott Roecker de la Nuclear Threat Initiative, une organisation de sécurité mondiale qui travaille sur les questions nucléaires.
  • Il n’empêche qu’entre de mauvaises mains, ce genre de cargaison suscite tant de questions que d’inquiétudes. Personne ne sait encore ce qui s’est passé avec ces 2,5 tonnes d’uranium.
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