2024, l’année de la « tempête sociale parfaite » ?

L’assureur-crédit Allianz Trade a sorti son dernier Indice de Résilience Sociale (IRS). Ce document a pour but de quantifier des prévisions sur la résilience économique et sociale de 185 pays. En d’autres termes, essayer d’estimer si ceux-ci risquent de traverser des périodes d’instabilité, sociales ou politiques, dans un futur proche. Et les prédictions sont plutôt interpellantes, cette année ; le monde entier semble se diriger vers une année 2024 mouvementée.

  • Par rapport à 2021, l’indice a baissé de 2,1 points en 2023. Cela signifie qu’en moyenne, le monde est moins résilient qu’il y a deux ans, et donc plus vulnérable à de brusques changements, potentiellement violents, dans chacun des pays étudiés.
  • Le Danemark (82.7) arrive en tête des pays les plus résilients sur le plan social, suivi de la Finlande (80.7) et de la Suisse (79.8). Mais ces trois pays voient quand même leur score baisser, de 1.8, 0.9 et 2.1 points réciproquement.
  • De manière générale, les scores sont à la baisse, mais comme tout le monde ne dégringole pas dans le classement, certains pays perdent des points tout en gagnant des places. C’est le cas de la Belgique, qui se hisse dans le top 20, à la 19ᵉ place, juste devant la République tchèque. Il n’empêche qu’avec un score de 69.5, notre royaume perd 2.2 points sur cette cote de la stabilité.
  • Allianz Trade utilise 12 critères distincts pour mesurer la résilience économique et sociale de 185 pays. La performance économique en est un, et la stabilité politique un autre. On notera l’immense remontée des Émirats arabes unis, qui gagnent 31 places pour se hisser onzièmes. Les USA sont quant à eux la 24e place, mais ils en ont repris onze.

« Les indicateurs utilisés pour l’indice vont de la stabilité politique, du taux d’emploi, de l’inégalité des revenus, à la confiance dans le gouvernement et aux dépenses publiques prévues pour l’éducation, la santé, la sécurité sociale… L’augmentation des risques et des troubles sociaux a un impact considérable sur l’économie. À l’échelle mondiale, la situation s’est détériorée et nous pensons que cette tendance négative va se poursuivre. »

Johan Geeroms, Director Risk Underwriting Benelux chez Allianz Trade

L’année aux 40 élections

Un des grands facteurs de risque pour la stabilité, ce sont les changements politiques brusques, même pour des démocraties. Or, en 2024, les électeurs de plus de 40 pays, qui constituent 41 % de la population mondiale, auront l’opportunité l’an prochain de choisir de nouveaux dirigeants. Pour le meilleur ou pour le pire.

  • On peut bien sûr citer les États-Unis, où un retour au pouvoir de Trump reste une réelle possibilité, malgré ses nombreuses casseroles judiciaires. Joe Biden n’arrive pas à faire remonter sa cote de popularité.
  • Mais on peut noter les élections à Taïwan en janvier. Mais aussi plus tard en Indonésie et au Venezuela, ou encore au Soudan du Sud ou au Pakistan. Des endroits qui, pour des raisons internes ou à cause des tensions extérieures, peuvent devenir des points chauds sur la planète. De quoi relativiser le poids de nos élections belges de l’année prochaine.

« Les troubles sociaux dissuadent les investisseurs. De nombreuses régions sont confrontées à une recrudescence des conflits et de l’instabilité politique. L’année prochaine, 75 % du PIB mondial se rendra aux urnes, y compris les États-Unis, l’Union européenne et l’Inde. Cela signifie de l’incertitude, ce qui n’est jamais bon pour l’économie. »

Johan Geeroms

Des inégalités croissantes

Des facteurs tels que l’inflation, mais aussi les développements technologiques – et leurs ramifications, de l’emploi à l’éthique – s’ajoutent à un tableau qui n’a rien de très net. On ne peut prévoir ce qui va arriver ; on peut juste constater que le monde va vers une plus grande instabilité.

  • Dans l’UE, pourtant pas la région la plus inégalitaire, les écarts se creusent. Le rapport d’Allianz Trade indique que l’écart entre les plus pauvres et les plus riches s’est creusé en Belgique (5 points de pourcentage), aux Pays-Bas (3 points), en Espagne (2 points) et en Allemagne (1 point).
  • Dans notre pays, l’inflation se calme enfin. Mais il reste impossible d’assurer qu’elle ne va pas flamber à nouveau avec la hausse des prix de l’énergie.
  • En outre, les chiffres de l’inflation ont un effet déformant sur la situation économique réelle des Belges. Leur pouvoir d’achat n’a pas remonté avec l’enrayement de l’inflation, bien au contraire.
  • Ces inquiétudes croissantes pour une large part de la population – dans notre pays comme ailleurs – se nourrissent l’une l’autre. Les préoccupations économiques rendent les extrêmes politiques plus attirants, et les leaders populistes auront encore le vent en poupe, et ce dans 40 pays dans le monde.
  • Le rapport montre que les pays qui dépendent des importations de denrées alimentaires et de combustibles risquent de connaître la plus forte augmentation de troubles sociaux.
  • L’effet inverse peut être observé dans les pays exportateurs de matières premières comme les Émirats arabes unis, le Qatar et le Koweït. Ceux-ci remontent fortement dans l’indice.
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