2019, l’année de la banalisation de la blockchain

Même si le cours de certaines monnaies virtuelles s’est effondré de près de 90 % l’année dernière, la technologie sur laquelle elles repose, la « blockchain », est plus pertinente que jamais. Plusieurs projets d’envergure, émanant d’entreprises de renom, devraient d’ailleurs voir le jour cette année.

La blockchain (ou « chaîne de blocs » en français) est « une base de données qui contient l’historique de tous les échanges effectués entre ses utilisateurs depuis sa création », explique Blockchain France. « Cette base de données est sécurisée et distribuée: elle est partagée par ses différents utilisateurs, sans intermédiaire, ce qui permet à chacun de vérifier la validité de la chaîne. »

Une très grande variété d’applications

Chaque mouvement effectué sur la chaîne de blocs est enregistré dans un nouveau bloc. Les informations enregistrées sont l’heure et la date à laquelle les transactions sont réalisées. Ces transactions sont regroupées dans des blocs qui sont eux-mêmes validés par des nœuds. Les nœuds sont des chiffrements réalisés par des machines de façon aléatoire. C’est la réponse à ces calculs complexes qui permet la création de nouveaux blocs.

Les utilisations les plus courantes de la technologie blockchain concernent les transactions monétaires. Avec la chaîne de blocs, les transactions ne peuvent être validées tant que toutes les informations n’ont pas été vérifiées. Ce qui en font les monnaies les plus traçables et transparentes à ce jour.

La blockchain est aussi utilisée dans de nombreux autres secteurs : recherche scientifique, assurance, santé et industrie pharmaceutique, agroalimentaire, luxe, commerce international, distribution, industrie musicale, énergie, ou encore les processus électoraux.

Cela fait maintenant une dizaine d’années que la blockchain a été mise au point, et elle devrait atteindre cette année une certaine maturité, affirme la MIT Technology Review

La grande chaîne de supermarchés américaine, Walmart, devrait commencer à y avoir recours cette année pour suivre ses produits frais et garantir une plus grande sécurité alimentaire. La firme a demandé à tous ses fournisseurs de légumes verts et de salades de lui adresser toutes leurs données concernant la récolte de leurs produits. Grâce à la blockchain, il sera ainsi très facile de retracer dans quels magasins ont été livrés des lots de légumes infectés par la bactérie E. coli, par exemple, et donc, de procéder à leur retrait avant qu’ils ne soient vendus.

Le secteur financier fer de lance

Dans le secteur financier, certains grands investisseurs institutionnels tels que les fonds de pension, les hedge funds ou les fonds souverains manifestent (toujours) de l’intérêt pour les actifs numériques, mais n’y investissent pas, faute de structures approuvées par les organismes de régulation. 

Mais cette situation est en train de changer. Intercontinental Exchange (ICE), qui possède la Bourse de New York et figure comme l’une des entreprises les plus importantes de Wall Street, devrait inaugurer « bakkt », sa propre plateforme spécialisée dans le bitcoin et les autres monnaies virtuelles au début de cette année. Et Fidelity Investments a récemment créé une nouvelle société appelée Fidelity Digital Assets. La société de gestion d’actifs américaine, Fidelity a fondé Fidelity Digital Assets, une filiale dédiée à la tenue et à la gestion de comptes en monnaies virtuelles. Elle proposera la conservation des « bitcoins, ethers et autres crypto-actifs », autrement dit « le stockage à froid, en chambre forte, hors ligne », et l’exécution d’ordres.

Le grand avenir promis aux contrats intelligents

L’expression « contrats intelligents » a été inventée par l’informaticien, juriste et cryptographe américain Nick Szabo dans les années ’90, dans le but de mettre en place des protocoles cryptographiques et d’autres mécanismes de sécurité numérique permettant de valider et exécuter plus facilement les clauses d’un contrat, tout en assurant une plus grande confidentialité de l’argent numérique ainsi que des informations liées à l’identification et à la signature électronique.

De nos jours, les « smart contracts » (‘contrats intelligents’) sont des protocoles informatiques (c’est à dire des instructions en code) qui définissent les conditions à recueillir (les clauses d’un accord entre deux parties, en l’espèce) pour l’application automatisée d’une action, et qui exécutent cette action lorsque ces conditions sont remplies. Ils sont d’autant plus prometteurs qu’ils permettent d’éliminer le recours à des intermédiaires ou à des employés coûteux

Une grande variété d’usages

Une société d’assurance pourrait y avoir recours pour indemniser automatiquement les passagers en cas d’annulation de vol, par exemple. Mais jusqu’ici, cette technologie n’avait pas été déployée en raison du risque de piratage. Un hacker pourrait en effet s’introduire dans le système et simuler des retards de vol factices afin de collecter les indemnités correspondantes. Mais la technologie s’améliore, et Chainlink, une startup développée avec les chercheurs de l’université de Cornell, propose maintenant un « oracle » décentralisé basé sur la cryptographie devrait résoudre cette difficulté.

Cahinlink a aussi été adaptée pour permettre à des utilisateurs de créer des documents juridiques (tels que les contrats de freelance) et de les mettre sur blockchain pour automatiser des paiements en monnaie virtuelle lorsque les clauses de ces contrats ont été remplies. D’autres startups planchent également sur des applications similaires. 

Les monnaies virtuelles ne sont pas finies

Les banques centrales d’une quinzaine de pays envisagent le lancement de monnaies virtuelles, dans un contexte de déclin des espèces tout autour du monde. La présidente du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a récemment évoqué cette possibilité dans un discours

Ironiquement, ce sont donc les gouvernements qui pourraient redonner de la vigueur au concept des crypto-monnaies, alors que celui-ci a vu le jour pour offrir une alternative aux monnaies fiat, les monnaies officielles, et contourner les banques centrales et leurs politiques. 

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