10 signaux d’alerte pour l’économie belge

Tout comme dans d’autres parties de l’Europe, des éléments essentiels de l’économie belge montrent des signes de faiblesse. Ainsi, l’activité dans l’industrie et la construction est en baisse. De nombreux signaux d’alerte sont passés au rouge. Les perspectives économiques pour les prochains trimestres ne sont pas particulièrement optimistes.

Dans son discours sur l’état de l’Union, le Premier ministre, Alexander De Croo, a donné la semaine dernière une image remarquablement positive de l’économie belge. L’impression était que notre économie (et nos finances publiques) se dirigeait dans la bonne direction. C’est une représentation très optimiste de la situation économique actuelle. Il y a certes des éléments positifs. Par exemple, l’activité économique s’est mieux maintenue que prévu au cours des derniers mois, et l’inflation ralentit rapidement. Néanmoins, de nombreux signaux d’alerte demeurent pour l’économie belge. Les perspectives pour les prochains mois restent assez sombres. Voici dix signaux d’alerte pour notre économie :

1. Conjoncture internationale difficile

Les indicateurs conjoncturels internationaux continuent d’indiquer un contexte économique difficile. Par exemple, l’indicateur PMI pour la zone euro, un indicateur de la confiance des entrepreneurs, montre une activité économique en contraction dans la région. Dans des pays comme la Suède, la Pologne, l’Autriche, l’Allemagne et les Pays-Bas, l’activité économique a diminué au cours des douze derniers mois. Cela ne présage rien de bon pour notre économie qui dépend fortement de la conjoncture extérieure.

2. Activité industrielle en baisse

Dans de nombreuses régions d’Europe, l’industrie est en difficulté, l’industrie allemande en tête. La nôtre est également touchée. Au cours des huit premiers mois de l’année, l’activité industrielle était inférieure de près de 3% à celle de la même période de l’année précédente. Et cette baisse semble s’accélérer. Le secteur est confronté à un ralentissement conjoncturel, mais il doit aussi faire face dans notre pays à d’importants défis structurels tels que le handicap salarial, le coût énergétique élevé et l’incertitude entourant les permis des autorités.

3. Diminution des demandes de crédits hypothécaire

L’impact de la hausse des taux d’intérêt se fait traditionnellement le plus sentir sur le marché immobilier. Ce n’est pas différent cette fois-ci. Au début de l’année dernière, le taux hypothécaire à 20 ans (avec une période initiale à taux fixe de 10 ans) était de 1%. Il est maintenant de 3,6%. Ce taux d’intérêt plus élevé freine inévitablement le marché immobilier. Le nombre de nouvelles demandes de crédits hypothécaires a donc fortement diminué ces derniers mois. Les douze derniers mois ont vu le nombre le plus bas de nouvelles demandes en plus de 15 ans.

4. Construction au ralenti

Forcément, la baisse des demandes de crédits immobiliers se reflète également dans l’activité de construction. Au cours du premier semestre, le nombre de nouveaux permis de construire était inférieur de 12% à celui de la même période de l’année précédente. Cela se traduit par des perspectives sombres pour le secteur de la construction. Les perspectives de demande dans le secteur ont frôlé les records inférieurs des 25 dernières années au cours des derniers mois.

5. Moins d’activité d’intérim

Le marché du travail se porte relativement bien pour le moment, probablement parce que les entreprises sont confrontées à une pénurie structurelle depuis longtemps. Cependant, il y a aussi des signes clairs de ralentissement sur ce marché du travail. L’emploi temporaire est l’instrument par excellence pour réguler les fluctuations de l’activité sur le marché du travail. Cette activité intérimaire a chuté cet été à son niveau le plus bas depuis début 2014.

6. Exportations sous pression

La conjoncture internationale difficile et notre compétitivité affaiblie se reflètent également dans nos chiffres d’exportation. Au cours des sept premiers mois de cette année, le volume des exportations belges était inférieur de 11,5% à celui de la même période de l’année précédente. Ainsi, l’un des moteurs essentiels de notre économie est en panne.

7. Le pouvoir d’achat renforcé s’épuise progressivement

Grâce à l’indexation automatique des salaires, le pouvoir d’achat moyen a fortement augmenté cette année. Selon les estimations de la Banque nationale, il a augmenté de 3,5%, la plus forte hausse depuis plus de 25 ans (au détriment de la compétitivité de nos entreprises). Ce pouvoir d’achat a soutenu les dépenses des ménages et a ainsi maintenu l’activité économique. Mais cela sera beaucoup moins le cas en 2024. La hausse du pouvoir d’achat devrait alors retomber à seulement 0,4%.

8. La balance commerciale en déficit

La balance commerciale, qui reflète le rapport entre nos importations et exportations, a été principalement positif au cours des 35 dernières années. En 2022, elle est entrée profondément dans le rouge. Des organisations telles que la Banque nationale, le Bureau du Plan, la Commission européenne, le FMI et l’OCDE estiment que notre excédant commercial restera négatif dans les années à venir. Cela illustre à quel point notre position concurrentielle a été structurellement affaiblie.

9. Augmentation du nombre de faillites

Depuis la parenthèse liée au Covid-19, le nombre de faillites augmente clairement. Au départ, c’était un rattrapage car il y avait eu exceptionnellement peu de faillites pendant les années du coronavirus. Cependant, le nombre de faillites au cours des douze derniers mois a atteint son niveau le plus élevé depuis 2014 en Flandre, et une nouvelle augmentation semble probable.

10. Déficit budgétaire insoutenable

Après le dernier conclave budgétaire, tous les gouvernements belges réunis sont sur la voie d’un déficit budgétaire global de 4,6 % du PIB, soit 27,5 milliards d’euros. Sans intervention, ce déficit atteindra environ 6 % du PIB à la fin de la prochaine législature. Le prochain gouvernement devra s’atteler assez rapidement à des efforts pour ramener ce déficit dans les limites définies par Maastricht. Ces efforts pèseront sur l’activité économique.

Tant au niveau international qu’au niveau belge, les perspectives économiques restent sombres. Plusieurs indicateurs économiques sont déjà dans le rouge aujourd’hui et les indicateurs avancés ne laissent pas entrevoir d’amélioration à court terme.


L’auteur Bart Van Craeynest est économiste en chef au Voka et auteur de « Belgie kan beter« .

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