Principaux renseignements
- Le ratio des coûts de main-d’œuvre de Volkswagen est plus élevé que celui des principaux concurrents du secteur automobile.
- L’entreprise est confrontée à un défi important en Allemagne en raison de la concurrence des modèles chinois moins chers.
- La direction de VW et les syndicats négocient les salaires et les fermetures d’usines, le syndicat cherchant à obtenir une augmentation de salaire de 7 pour cent et VW menaçant d’une réduction de 10 pour cent.
Les données examinées par Reuters révèlent que Volkswagen (VW) consacre une part plus importante de son chiffre d’affaires aux coûts de main-d’œuvre que ses principaux concurrents du secteur automobile. Ce défi interne est particulièrement prononcé en Allemagne, le marché d’origine de VW, alors que la concurrence des modèles chinois moins chers s’intensifie.
Les négociations à venir entre la direction de VW et les syndicats représentant environ 120 000 travailleurs allemands se concentreront sur les salaires et les fermetures d’usines. Alors que les syndicats réclament une augmentation de salaire de 7 pour cent, VW les menace d’une réduction de 10 pour cent. Une note du comité d’entreprise de VW, basée sur les rapports annuels de l’entreprise, indique que le ratio du coût global de la main-d’œuvre de VW a diminué de 18,2 pour cent en 2020 à 15,4 pour cent en 2023. Ce chiffre reste toutefois supérieur à celui de BMW, Mercedes-Benz et Stellantis, qui ont annoncé des ratios compris entre 9,5 pour cent et 11 pour cent pour 2023. Chez VW AG, la filiale allemande responsable de six usines, le ratio estimé se situe entre 15,8 pour cent et 17,5 pour cent.
Négociations salariales et stratégies de réduction des coûts
Cette disparité des coûts de main-d’œuvre peut être en partie attribuée à la pratique de VW de produire de nombreux composants et logiciels en interne, comme l’a noté Daniel Schwarz, analyste chez Stifel. Toutefois, la pression sur les marges bénéficiaires due à la concurrence de la Chine nécessite des mesures de réduction des coûts, en particulier des coûts fixes. Malgré la compétitivité de ses produits, les analystes soulignent que les coûts élevés de la main-d’œuvre en Allemagne représentent un défi important pour VW.
L’Allemagne, où VW emploie près de 45 pour cent de sa main-d’œuvre, a les coûts de main-d’œuvre les plus élevés au monde dans l’industrie des voitures particulières, avec une moyenne de 62 euros de l’heure en 2023. Ce chiffre représente une augmentation substantielle par rapport à la décennie précédente. Les syndicats allemands font valoir que les coûts salariaux représentent une part relativement faible des dépenses globales de VW et préconisent des réductions de coûts dans d’autres domaines afin d’améliorer la rentabilité.
Les défis financiers du groupe Volkswagen
Les communications internes de VW soulignent les difficultés financières d’autres parties du groupe, notamment Porsche, Audi et VW Financial Services, qui ont connu des baisses de revenus significatives au cours des neuf premiers mois de 2023. Cela souligne l’argument selon lequel se concentrer uniquement sur les coûts de la main-d’œuvre est insuffisant pour relever les défis financiers de l’entreprise.
Les usines de VW AG sont uniques parmi les usines automobiles allemandes, car elles fonctionnent en dehors de la convention collective de l’industrie pour les salaires et les traitements. Cela permet à VW de conclure des accords séparés avec les syndicats, une stratégie qu’elle a employée en septembre pour négocier des réductions de coûts pour la marque VW, en invoquant la nécessité de survivre.
Des réductions salariales importantes seraient très controversées, compte tenu des négociations récentes qui ont abouti à une augmentation salariale de 5,5 pour cent pour les travailleurs allemands de l’automobile dans le cadre de l’accord sectoriel et de la décision de Tesla d’augmenter les salaires de son personnel allemand de 4 pour cent. Malgré cela, VW maintient que même après les réductions prévues, les salaires resteront compétitifs.
Compétitivité allemande
Les difficultés de VW s’inscrivent dans le cadre d’une préoccupation plus large concernant la compétitivité de l’Allemagne, alors que les responsables politiques se préparent à des élections axées sur la relance de la base industrielle du pays. Thomas Schaefer, responsable de la marque VW, a déclaré publiquement que les sites de production allemands étaient confrontés à une hausse des coûts de l’énergie, des matériaux et du personnel, ce qui se traduit par des dépenses d’usine nettement plus élevées que celles des concurrents. Il évoque une augmentation des coûts de 25 à 50 pour cent par rapport aux prévisions.
En revanche, les travailleurs de l’industrie automobile en France, en Italie et en Espagne, où les rivaux Stellantis et Renault ont la plupart de leurs activités en Europe, perçoivent des salaires horaires nettement inférieurs : 47 euros, 33 euros et 29 euros respectivement. Les coûts élevés de VW AG sont attribués à l’inclusion du personnel responsable de diverses fonctions dans l’ensemble du groupe Volkswagen, telles que les ventes, la gestion et le développement technique, dont les salaires sont généralement plus élevés.
Bien que VW ait annoncé d’importantes suppressions d’emplois en Allemagne ces dernières années, y compris un accord antérieur avec les syndicats visant à supprimer 23 000 postes au sein de la marque VW d’ici à 2025, sa transition vers des véhicules électriques et à logiciel a également entraîné des augmentations d’embauche dans des domaines tels que le développement de logiciels et l’administration. Le nombre de cols blancs chez VW AG est désormais proche de la parité avec les cols bleus.
Un document interne a révélé que si les ouvriers d’usine de VW AG ont diminué de plus de 8 000 entre juin 2019 et septembre 2024, le personnel administratif a augmenté d’environ 4 000 au cours de la même période. VW a refusé de commenter ces chiffres.
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