Viktor Orban est en train de réaliser une purge militaire pour resserrer son emprise sur l’industrie de la défense, renforçant les préoccupations de l’OTAN

Le phénomène « d’orbanisation » du complexe militaro-industriel hongrois intervient alors que les alliés de l’OTAN s’alarment de plus en plus de la position ambivalente du Premier ministre à l’égard de la Russie et de la guerre en Ukraine.

Pourquoi est-ce important ?

Viktor Orban refuse toujours de fournir des armes à l'Ukraine, s'inscrivant en rupture nette et franche avec les alliés de l'OTAN. Il maintient au contraire ses liens économiques avec la Russie de Vladimir Poutine, des relations qui inquiètent vivement l'Occident alors que le Premier ministre hongrois vide progressivement son armée de hauts gradés provenant de l'Alliance atlantique.

Dans l’actu : Samedi, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a réaffirmé que toute action des alliés de l’OTAN allant au-delà de la simple défense est facultative et que son pays a bien choisi de rester en dehors de la guerre.

  • Cette sortie de Viktor Orban vise directement les livraisons d’armes et de chars de la part de pays membres de l’Otan à l’Ukraine.
  • Or la Hongrie, qui a rejoint l’Alliance atlantique en 1999, fait figure d’exception parmi les alliés en refusant de livrer des armes à Kiev dans sa guerre avec la Russie.
  • « Nous ne pensons pas qu’un soutien humanitaire à l’Ukraine signifie l’annulation de nos connexions avec la Russie », a déclaré Viktor Orban. « Cela irait à l’encontre de notre intérêt national. Nous maintenons donc nos liens économiques avec la Russie, et nous conseillons à l’ensemble du monde occidental de faire de même. »

Concentration du pouvoir de Viktor Orban

Sous le radar : La position favorable de Viktor Orban vis-a-vis de Vladimir Poutine alerte de plus en plus les alliés de l’Otan. Pendant ce temps, le Premier ministre hongrois entreprend une véritable purge de son armée.

  • En janvier, il a lancé une initiative visant à réduire le nombre de hauts gradés de l’armée, dont beaucoup ont réalisé leur carrière au sein de l’OTAN.
  • Petr Pavel, ex-président du Comité militaire de l’OTAN et récemment élu président de la République tchèque, décrit cette purge militaire comme faisant partie d’une « concentration progressive du pouvoir autour de Viktor Orbán et des restrictions imposées à tous ceux qui ont une opinion différente ».
  • Les objectifs du Premier ministre hongrois sont clairs : il projette de « construire une industrie militaire ici, chez nous, en Hongrie, une industrie capable de produire des armes modernes« , selon une déclaration faite l’an dernier lors d’une cérémonie pour les recrues de l’armée.

Entre les lignes : Viktor Orban se prépare-t-il à joindre ses forces à la Russie dans la guerre contre l’Ukraine ?

  • Au début du mois, il avait déclaré que l’Ukraine est désormais semblable à l’Afghanistan. « Vladimir Poutine ne perdra pas et le temps joue en faveur de la Russie », a-t-il soutenu, qualifiant l’Ukraine de « terre de personne » (« the land of nobody« ).
  • En réponse, l’ambassadeur américain en Hongrie David Pressman avait rappelé à Orban qu’il devait se ranger sans ambiguïté du côté de l’Ouest, suscitant la colère de Budapest.
  • David Pressman a en outre déclaré au Financial Times que la relation entre la Hongrie et la Russie restait « préoccupante, d’autant plus qu’elle n’a montré aucun signe d’apaisement après l’invasion à grande échelle de la Russie. Alors que chaque pays a ses propres intérêts et perspectives, les tentatives effrontées de la Russie de redessiner les frontières par la force déchirent le livre des règles. Pour aucun pays ces tentatives ne sont simplement une question de politique intérieure, en particulier pour un allié. »

À suivre : Viktor Orban serait-il ouvertement anti-ukrainien ? Selon les experts, son jeu rhétorique vise plutôt à jouer sur les deux tableaux pour gagner des points politiques dans son pays. Reste à voir s’il finira par choisir l’un ou l’autre camp, selon ses propres intérêts, encore une fois.

Plus