La réunification de l’Irlande du Nord et de la République d’Irlande n’est pas une priorité à court terme, mais le débat doit avoir lieu dans les années à venir : tel est le message du parti nationaliste Sinn Féin après sa victoire électorale historique en Irlande du Nord.
Selon le décompte final, le Sinn Féin a remporté 27 sièges lors des élections à l’Assemblée d’Irlande du Nord, contre 25 pour le DUP, parti unioniste. Le Sinn Féin est en faveur d’une Irlande unie, tandis que le DUP est pro-britannique. Le parti de l’Alliance, qui ne prend pas position sur cette question hautement sensible, devient un troisième acteur important avec 17 sièges.
Le parti le plus important, dans la République comme au Nord
Le Sinn Féin est actif à la fois en Irlande indépendante et en Irlande du Nord et est maintenant en position de force pour accélérer le débat sur la réunification de l’île sous un seul drapeau. En Irlande, le parti nationaliste catholique reste la principale force politique, mais elle n’est pas au gouvernement.
Cependant, Michelle O’Neill, tête de liste du Sinn Féin en Irlande du Nord et vice-présidente du parti, a mené une campagne qui mettait l’accent sur des questions socio-économiques, telles que le pouvoir d’achat et les soins de santé, et non sur l’unité irlandaise. Il semble qu’elle ne veuille mettre la question sous les projecteurs qu’à moyen terme, alors que son parti veut déjà commencer à préparer un référendum sur la question de la réunification en Irlande du Nord.
La chef de son parti, Mary Lou McDonald, qui pourrait devenir Première ministre à Dublin en 2025 si elle est élue, a précisé son calendrier. Elle a déclaré à TalkTV que les référendums – tant en Irlande du Nord qu’en Irlande indépendante – devraient avoir lieu au cours des dix prochaines années et seront même « possibles dans un délai de cinq ans ». À CNN, elle a réitéré son attente d’un « changement constitutionnel sur l’île d’Irlande » au cours de la prochaine décennie, et ce « d’une manière pacifique et ordonnée ».
Frontières de l’UE
Selon les textes de l’accord du Vendredi Saint (1998), un référendum sur la réunification ne peut avoir lieu que si le ministre britannique pour l’Irlande du Nord – c’est-à-dire le gouvernement britannique – est d’accord. Mais le texte stipule également que le ministre doit organiser un plébiscite « s’il pense qu’il est probable qu’une majorité de la population d’Irlande du Nord sera en faveur d’une Irlande unie ».
Le Sinn Féin, fort des résultats des élections, affirmera qu’il est le symbole de cette opinion, tandis que les Unionistes le contesteront sans doute. Cette question est cruciale pour l’avenir du Royaume-Uni, mais elle modifierait également les frontières de l’Union européenne. Après tout, l’Irlande est membre de l’UE.
L’île d’Irlande a été politiquement divisée en deux il y a environ 100 ans, lorsque la République d’Irlande a obtenu son indépendance du Royaume-Uni, qui a pu conserver l’Irlande du Nord.