Laura, un ouragan de catégorie 4, devrait frapper les États américains du Texas et de la Louisiane dans la matinée. Les rafales de vent ont déjà atteint des pointes à 225 km/h mercredi soir. On s’attend à des raz-de-marée pouvant atteindre les 4 mètres de haut et 600.000 personnes ont d’ores et déjà été évacuées.
Contrairement à 2017, lorsque l’ouragan Harvey avait touché terre au nord de la ville texane de Corpus Christi, Laura se dirige vers la baie de Galveston, l’un des plus grands estuaires des États-Unis.
Là-bas, l’ouragan y trouverait quantité d’eau à charrier vers les baies et les rivières du Houston Ship Channel, qui abritent le plus grand complexe pétrochimique des États-Unis.
La côte du Golfe du Texas est l’un des plus grands centres économiques d’Amérique
La côte du Golfe du Texas est l’un des plus grands centres économiques d’Amérique, générant un chiffre d’affaires de 600 milliards de dollars par an, principalement dans le secteur pétrolier, mais aussi dans la pétrochimie et d’autres industries. Houston est en effet le plus grand centre pétrochimique du monde.
Terence O’Rourke, un avocat local spécialisé dans les questions environnementales et professeur d’hydrologie, redoute un scénario catastrophe: ‘la version américaine de Tchernobyl’, évoque-t-il.
O’Rourke fait bien sûr référence à la catastrophe nucléaire qui, en 1986, a résulté de l’explosion d’un des réacteurs de cette centrale soviétique. Au fil du temps, des milliers, voire des dizaines de milliers, de personnes ont péri et plus de 50.000 personnes avaient alors dû être évacuées.
Un mur destructeur d’acier et de bois
Terence O’Rourke dans le Texas Monthly: ‘Cet ouragan risque d’inonder des communautés densément peuplées et à faible altitude dans la moitié ouest de la baie de Galveston. Les débris produits par un ouragan de catégorie 4, ainsi que les milliers de conteneurs de transport empilés dans la région, formeraient alors un mur destructeur d’acier et de bois. Ces débris pourraient ensuite perforer des milliers de réservoirs de stockage de produits chimiques et de pétrole brut. Beaucoup de ces réservoirs seraient brisés par les débris. D’autres pourraient être arrachés de leurs fondations par la force de l’eau, libérant ainsi leur contenu toxique. Et alors que l’ouragan poursuivra sa route, une vague de débris pourrait se former, propageant des produits chimiques dangereux dans une zone plus étendue.’
Dès 2016, le journal Houston Chronicle a fait un reportage sur la sécurité dans la région de Galveston, où les gens sont bien conscients des risques.
‘Les communautés vivant à proximité du canal de navigation côtoient des substances très nocives. Gaz de silane, méthylmercaptan, acide fluorhydrique, sulfure de sodium, ammoniac… Dans au moins trois cas précédents, de telles substances ont été rejetées, tuant des travailleurs et mettant en danger les habitants’.
Construire une barrière terrestre
Terence O’Rourke préconise la construction d’une barrière terrestre depuis un certain temps déjà. Celle-ci protégerait le Houston Ship Channel (le point rouge sur la carte ci-dessous) en neutralisant les tempêtes. Car de telles tempêtes ont besoin d’une certaine hauteur pour déclencher leur effet domino dévastateur.
Cette barrière serait constituée de plusieurs îles artificielles, comme il en existe dans d’autres parties du monde. Cela coûterait cher, mais moins qu’un véritable mur. Et bien moins aussi que les dégâts que pourraient engendrer un ouragan de cette puissance. Harvey, le deuxième ouragan le plus dévastateur de l’histoire américaine, avait provoqué la mort de 103 personnes et engendré des dégâts à hauteur de 125 milliards de dollars.
Les images ci-dessous montrent les dégâts provoqués par Laura à Key West (Floride), dimanche. À l’époque, il s’agissait encore seulement d’une tempête tropicale…