Le président américain Trump a reconnu le nouveau président du parlement vénézuélien Juan Guaidó comme président par intérim du Venezuela. Cela s’est passé quelques minutes après que Guaidó, âgé de 35 ans, s’était déclaré chef de l’Etat dans l’attente de nouvelles élections.
Le Chili a également indiqué qu’il reconnaissait Guaidó comme président. Un peu plus tôt, les dirigeants du Canada, du Paraguay, du Brésil, de l’Équateur, du Pérou, de la Colombie et du Costa Rica en avaient fait de même. L’UE adopte toujours une attitude attentiste.
La fin de Nicolas Maduro ?
Entre-temps, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans les rues de la capitale Caracas pour demander la destitution du président Nicolas Maduro.
Donald Trump a annoncé qu’il mettrait « tout le poids économique et diplomatique nécessaire pour restaurer la démocratie au Venezuela » sur Twitter.
Les Etats-Unis affirment « garder toutes les options ouvertes si Maduro et ses complices réagissent violemment à l’annonce de Guaidó ».
The citizens of Venezuela have suffered for too long at the hands of the illegitimate Maduro regime. Today, I have officially recognized the President of the Venezuelan National Assembly, Juan Guaido, as the Interim President of Venezuela. https://t.co/WItWPiG9jK
— Donald J. Trump (@realDonaldTrump) January 23, 2019
Maduro a entre-temps rompu toutes ses relations diplomatiques avec les États-Unis et donne 72 heures aux Américains en poste au Venezuela pour quitter le pays.
Qui est Juan Guaidó ?
Guaidó, âgé de 35 ans, est président du Parlement vénézuélien Asamblea Nacional depuis le 5 janvier. Il est le plus jeune homme politique à avoir été nommé à ce poste. Guaidó (à droite sur l’image ci-dessous) est un ingénieur et député du parti Voluntad Popular dans l’État de Vargas. En décembre 2018, il a été nommé président du Parlement par l’opposition.
Lors de son entrée en fonction, il a annoncé que le Parlement ignorerait le Président. Le 11 janvier, il s’est nommé président par intérim et a déclaré que de nouvelles élections pourraient avoir lieu. La Constitution vénézuélienne autorise le président du Parlement à occuper le poste de président par intérim en cas d’abus de pouvoir.
Guaidó tente de mettre l’armée vénézuélienne de son côté en promettant l’amnistie aux soldats qui se retournent contre Maduro. Plus tôt cette semaine, des militaires avaient tenté de prendre le contrôle d’une base militaire située au nord-est de Caracas. 27 d’entre eux ont été arrêtés.
Le Venezuela et le rôle de l’armée
Le soutien de l’armée est crucial pour Maduro , car l’armée gouverne de facto le pays. Une grande partie de l’économie en crise est déjà entre les mains de l’armée, des banques aux importations et exportations, en passant par l’industrie minière et la télévision publique.
En 1993, le Venezuela n’avait que 50 généraux ; aujourd’hui, il en compte plus de 4 000. Des dizaines d’entreprises militaires ont été créées depuis l’entrée en fonction de Maduro. Le pouvoir de l’armée est énorme dans le pays : en 2017, 14 des 33 ministères étaient aux mains de militaires en activité ou d’anciens militaires et ils dirigeaient la moitié des 23 provinces.
Les forces armées ne sont guère touchées par la crise : elles s’accordent d’importantes augmentations de salaire et bénéficient d’un accès privilégié aux marchés de l’alimentation et du logement. L’armée peut mettre la main sur des contrats lucratifs, contrôler le commerce des devises et vendre du pétrole bon marché avec des profits usuraires aux pays voisins. Néanmoins, l’agitation grandit également parmi les soldats de rang inférieur, dont 4 000 ont déserté l’année dernière.
Mais les chances que l’armée tourne le dos à Maduro restent minimes. Les militaires pensent à eux-mêmes plutôt qu’au bien-être de la population.
Les marchés financiers réagissent de manière euphorique
Les obligations du gouvernement vénézuélien ont grimpé en flèche après les événements de mercredi. Les titres d’État tombant à échéance en 2027 – et une série d’autres obligations – sont cotés in default depuis novembre 2017. C’est le résultat des sanctions économiques américaines contre Caracas. Elles empêchent les investisseurs d’obtenir leur argent.
Le fait qu’un changement de régime soit maintenant possible convainc les marchés qu’une éventuelle restructuration de la dette liée à ces obligations deviendra possible.
Selon les experts, les marchés estiment que les chances de départ de Maduro sont plus élevées que prévu.