Le Venezuela a voté en faveur de l’annexion d’une bonne part d’un de ses voisins. Et maintenant ?

Le référendum vénézuélien est présenté comme un grand succès populaire. La population aurait approuvé la revendication sur l’Essequibo, soit 70% de la superficie du Guyana voisin. Une région riche en pétrole.

Pourquoi est-ce important ?

C'était la querelle territoriale non résolue qu'on n'imaginait pas soudainement se raviver, avec un risque réel d'escalade militaire. Le Venezuela réclame la rive droite de l’Essequibo, ou Guayana Esequiba, une région très peu peuplée, mais qui représente quand même 70% de la superficie de son voisin le Guyana.

Le Venezuela adepte du référendum poutinien

La situation : référendum au Venezuela. Les votants – 10,5 millions selon Caracas, soit tout juste un peu plus de la moitié – ont approuvé le référendum. Celui-ci réitère, pour la première fois depuis les années 1980, la revendication de souveraineté sur un territoire voisin.

  • Le territoire de l’Essequibo, la rive droite du fleuve du même nom, représente 70% de la superficie du Guyana. Mais Le Venezuela l’estime sien depuis le tracé de la frontière, en 1811, à l’époque entre un pays nouvellement indépendant et une colonie britannique.
  • Il faut dire que l’Essequibo, largement dépeuplé, est prometteur. Son sol est riche en pétrole et en gisements de minerai précieux. En outre, ce territoire plus grand que la Grèce offre de nouveaux accès à l’océan Atlantique, précisément là où le géant énergétique ExxonMobil a découvert de nouveaux gisements prometteurs de pétrole en 2015, rappelle The Guardian.

Et maintenant, après le référendum, l’annexion ?

Caracas a présenté le référendum comme un succès. Au niveau de la participation, les observateurs internationaux n’en sont pas si sûrs. Les files habituelles aux bureaux de vote n’ont pas été vues, et le scrutin a été prolongé de deux heures en toute hâte, sous prétexte d’une grande affluence que personne n’a vue. Si 10,5 millions de votants se sont réellement déplacés, cela voudrait dire que l’Essequibo a reçu plus de votes que Hugo Chavez lors de son élection, notent certains analystes. On notera le parallèle avec les référendums de Poutine pour annexer des « républiques séparatistes » au sein de la Russie, en Ukraine ou en Géorgie.

  • La Cour internationale de justice (CIJ) n’a pas explicitement condamné ce vote. Mais elle a exigé de Caracas de ne prendre aucune mesure susceptible de modifier le contrôle des frontières sur le terrain.
  • Des mouvements de troupes ont toutefois déjà été observés. L’armée vénézuélienne a évoqué la construction d’un aéroport sur ce territoire contesté afin de le désenclaver.
  • Les Brésiliens bougent aussi, et ont fait passer leur propre frontière en alerte maximale. Il est susceptible que l’armée brésilienne offre son aide au Guyana pour le défendre.
  • Celui-ci a en outre évoqué durant le week-end l’ouverture du pays à des bases militaires étrangères pour assurer sa défense. Le seul pays anglophone d’Amérique latine ne dispose que d’une force de défense de 4.600 soldats en service actif, et 3.000 réservistes. C’est peu face à l’armée de 123.000 soldats de Maduro.

Une guerre est-elle possible ? Difficile à dire jusqu’où ira le président vénézuélien dans sa dialectique expansionniste. Rappelons que d’autres frontières restent contestées dans la région. En premier lieu les îles Malouines, britanniques, que l’Argentine réclame toujours siennes dans sa constitution. Mais ça n’est pas pour autant que Javier Milei semble prêt à lancer son pays dans une nouvelle guerre avec Londres.

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