Le second pays consommateur au monde mise sur un vaccin pour combattre la dépendance à la cocaïne

Bloquer les effets de la drogue grâce à un vaccin permettrait de grandement réduire le risque de récidive. L’équipe brésilienne qui a mis au point ce médicament vient de toucher 500.00 euros de la part d’un laboratoire européen. Les essais sur des humains devraient bientôt commencer.

Le trafic de cocaïne a le vent en poupe en Europe en général, et en Belgique en particulier. Cette drogue, longtemps réservée à un public de niche aux revenus plutôt élevés, devient de plus en plus populaire. Dans tous les sens du terme. Le marché nord-américain, le premier au monde, étant saturé, les trafiquants se rabattent sur le Vieux continent pour écouler la surproduction venue d’Amérique latine. L’offre grandit, les prix diminuent, et la demande augmente. Un fantasme économique, mais un désastre sanitaire.

Qui n’épargne pas notre pays, tant s’en faut. La ville européenne qui sniffe le plus de poudre est belge. La dernière étude de l’Agence européenne des Drogues (AED), basées sur l’analyse des eaux usées, montre que la consommation à Anvers a doublé en deux ans. À Bruxelles, elle a augmenté de 28%.

Une drogue qui n’agit plus sur le cerveau

Le nombre de personnes dépendantes explose, donc. Mais un nouvel espoir leur vient peut-être du Brésil – le deuxième pays consommateur au monde. Une équipe scientifique a commencé à développer un nouveau traitement innovant contre la dépendance à la cocaïne et à son dérivé encore plus dangereux, le crack. Il s’agit d’un vaccin, surnommé pour l’instant « Calixcoca ». Celui-ci permet de bloquer les effets recherchés par les usagers de cette drogue : euphorie, sentiment de toute-puissance, et impression générale d’être génial et super-performant. Un outil supplémentaire très efficace dans le traitement des dépendances : il limiterait grandement le risque de rechutes, pour les personnes quittant les lieux de soins.

Le vaccin fonctionne en incitant le système immunitaire des patients à produire des anticorps qui se lient aux molécules de cocaïne dans le sang, les rendant trop grosses pour passer dans le système méso-limbique du cerveau, le fameux « centres de récompense. » En résumé : la drogue est « bloquée » et ne fait plus d’effet dans le cerveau.

Une protection pour les enfants à naître

Calixcoca a montré des résultats prometteurs lors des essais sur les animaux, relève Science Alert. Reste toutefois à mener de vrais essais cliniques, et des médicaments semblables ont déjà été essayés, sans succès. Mais ce vaccin suscite de nombreux espoirs, d’autant que les premiers tests (sur des rats) ont montré un effet secondaire très intéressant. Le vaccin protégeait aussi les fœtus de rats des femelles enceintes des effets de la cocaïne. Ce qui pourrait devenir très important, en cas de grossesse d’une utilisatrice de drogues.

Le projet a remporté le premier prix la semaine dernière lors des Euro Health Innovation awards pour la médecine latino-américaine, parrainés par la société pharmaceutique Eurofarma. L’équipe a reçu 500.000 euros, qui aideront grandement à financer les tests sur des humains qui devraient bientôt commencer. Plus de 3.000 personnes se sont déjà portées volontaires pour participer aux essais cliniques.

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