Une nouvelle Silicon Valley émerge discrètement à l’Est. La Biélorussie, un Etat balte dirigé par l’autocrate Alexandre Loukachenko, est en effet devenue un aimant à start-ups. Le pays est le vivier de nombreuses vedettes du monde numérique, et il continue d’attirer toujours plus d’entreprises et de créateurs, attirés par sa fiscalité douce, et un environnement de travail peu coûteux.
EPAM, une société de services informatiques dotée d’un effectif de 30 000 collaborateurs et cotée au New York Stock Exchange, le service de messagerie Viber, le service de cartographie Maps.me, le jeu vidéo World of Tanks, ou encore l’application Masquerade (MSQRD), rachetée par Facebook en 2016, ne sont que quelques unes des success-stories biélorusses.
La Biélorussie et son héritage soviétique
A l’époque soviétique, la Biélorussie, qui faisait alors partie de l’URSS, concentrait de nombreuses lignes d’assemblage, opérées par des équipes étoffées d’ingénieurs, de mathématiciens et de physiciens. Après l’effondrement du bloc en 1990, la Biélorussie, un pays de 10 millions d’habitants, a pris son indépendance, et ils se sont retrouvés au chômage. Les dirigeants biélorusses y ont vu une opportunité pour créer un pôle technologique dans le pays.
Alexandre Loukachenko, parfois décrit comme “le dernier dictateur européen”, est arrivé au pouvoir en Biélorussie en 1994. Ancien directeur de sovkhoze, il était conscient que le pays ne pouvait guère compter sur ses faibles ressources naturelles, son agriculture et son industrie pour se développer.
La création du High Tech Park
L’autocrate a maintenu un régime dirigiste et 70 % des entreprises du pays sont encore nationalisées. Mais en 2005, Loukachenko a créé le High Tech Park (HTP), une zone économique extraterritoriale conférant un régime fiscal plus favorable pour les entreprises de 36 secteurs d’activité des technologies de l’information. Les entreprises qui peuvent s’en prévaloir sont totalement exonérées d’impôt sur les bénéfices, et ne payent que 9 % de cotisations sociales, et 7 % d’impôt sur le revenu.
Ce programme a été une réussite, même si le cadre juridique compliqué de la Biélorussie, hérité de l’ère soviétique, aurait pu dissuader certaines entreprises. L’on recense désormais 563 sociétés membres, soit 10 fois plus qu’au moment de sa création. Le pays balte est ainsi devenu le champion du monde des exportations de logiciels et de services informatiques par habitant, et dans ce domaine, il enregistre le double du score des États-Unis. Ses autres avantages, sa proximité avec l’Europe et la modestie de son coût de la vie, ont fait le reste.
Autrefois le théâtre d’une fuite des cerveaux, la Biélorussie est désormais un eldorado pour les développeurs, qui y gagnent des salaires 4 fois supérieurs en moyenne à ceux de leurs compatriotes. Désormais, 90 % des revenus des entreprises du High Tech Park proviennent de l’étranger. Le reste du pays profite de cette manne, et de nouveaux commerces et entreprises se sont ouverts dans la capitale Minsk.