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« Une pénurie de tours d’éoliennes offshore va toucher l’Europe d’ici la fin de la décennie », alerte un nouveau rapport

« Une pénurie de tours d’éoliennes offshore va toucher l’Europe d’ici la fin de la décennie », alerte un nouveau rapport
(ANDY BUCHANAN/AFP via Getty Images)

Selon un rapport de la société de conseils en énergie Rystad, les fabricants européens d’éoliennes ne parviendront bientôt plus à satisfaire la demande, en tout cas pour ce qui est des installations offshore. Si rien ne change, une pénurie de tours surviendra d’ici la fin de la décennie.

Pourquoi est-ce important ?

La transition énergétique européenne est en partie basée sur l'éolien, et particulièrement sur l'offshore. Problème : l'UE semble avoir les yeux plus gros que le ventre. De plus en plus de signaux montrent que l'industrie ne parviendra pas à suivre la cadence désirée.

Dans l’actu : pénurie de tours d’éoliennes offshore en vue.

  • Selon le rapport de Rystad, l’Europe subira une pénurie de tours d’éoliennes offshore en 2029.
  • C’est en tout cas le scénario qui se profile si rien ne bouge dans les prochaines années. Car les solutions existent.

Le détail : a priori, ce sera pour 2029.

  • D’après les estimations de Rystad, au rythme actuel, les fabricants d’éoliennes parviendront à satisfaire la demande jusqu’en 2028. Puis ça coincera.
  • Plus précisément, en 2029, l’offre de tours d’éoliennes offshore ne devrait plus représenter que 70% de la demande : il y aura forcément une pénurie. Cela aura aussi un impact sur les prix, évidemment.
    • Comme le montre le graphique ci-dessous, le problème persistera dans les années suivantes.
  • Selon Rystad, une pénurie pourrait même survenir plus tôt, dans le cas où le marché mondial de l’acier viendrait à se resserrer.
  • Le rapport met aussi en évidence le fait que la taille et la puissance des éoliennes demandées pour les années à venir ne vont aller qu’en s’accroissant. Alors que leur capacité moyenne actuelle tourne autour des 10 MW, la moitié des éoliennes souhaitées pour le début de la prochaine décennie sont censées dépasser les 14 MW.
    • Forcément, tout cela participe à rendre encore plus urgent le besoin de renforcement des capacités de production.
Les capacités européennes de fabrication des tours d’éoliennes offshore par rapport à la demande, pour les années à venir. (Rystad Energy)

Et maintenant : que faire ?

  • Si le scénario qui s’annonce est plutôt peu enthousiasmant, Rystad estime qu’il n’est pas encore trop tard pour y échapper.
  • Notant qu’il faut deux à trois ans pour construire de nouvelles installations, la société de conseil indique que les fabricants ont encore le temps de résoudre le problème. Mais cela ne doit plus traîner.
    • « Les producteurs européens doivent entreprendre d’autres expansions au cours des deux prochaines années, au plus tard », écrit Rystad.

Pas le premier signal d’alarme

Contexte : les fabricants appellent à l’aide.

  • Pour tout qui suit assidument l’actualité de l’éolien européen, ce rapport n’est pas une surprise. Cela fait déjà un bout de temps qu’industriels et analystes se rendent compte que les fabricants européens ne sont pas suffisamment armés que pour répondre à la cadence imprimée par Bruxelles.
  • La semaine dernière, le groupe allemand Siemens Energy, deuxième fabricant mondial d’éoliennes, a dû faire une croix sur ses objectifs de bénéfices pour 2023. Sa direction a reconnu que les défaillances de ses éoliennes avaient été sous-estimées : il va falloir du temps et de l’argent pour y remédier.
    • La sanction des investisseurs a été douloureuse : en une semaine, le cours de l’action de Siemens Energy a perdu 30%.
  • On peut également citer un inquiétant rapport cosigné par le lobby de l’éolien européen (WindEurope) et Rystad que nous vous relayions il y a deux mois.
    • On y apprenait que le secteur, qui se sent dépourvu, ne voit pas comment il pourra ajouter 440 GW de capacités d’ici 2030 – l’objectif fixé par l’UE. Faute non seulement de tours, mais aussi de turbines, de fondations et même de navires d’installations (pour l’offshore).
    • Parmi les principaux problèmes épinglés autour de la chaîne d’approvisionnement, il y a la forte dépendance à la Chine et l’inflation.
    • Dans le rapport, les industriels européens ont dit compter sur les gouvernements pour les aider à garder la tête hors de l’eau, à coups, notamment, d’aides publiques plus franches et de politique de délivrance de permis moins sévère.
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