L’OPEP et la Russie anticipent leur prochain coup dans le jeu d’échecs qui oppose les pays producteurs de pétrole et les États-Unis.
Les États-Unis font tout ce qu’ils peuvent pour éviter une augmentation des prix du pétrole en faisant pression sur les États du Golfe pour qu’ils augmentent leurs rendements de production. Le baril de pétrole brut coûtait 20 % de moins vendredi qu’il y a un mois, lorsque l’on avait atteint le prix le plus élevé en 4 ans.
Ce qui se passe aujourd’hui sur les marchés pétroliers est particulièrement fascinant en raison des conséquences économiques, géopolitiques mais aussi nationales pour de nombreux pays.
Le prix du pétrole s’est effondré il y a deux ans. A la suite de cet effondrement, un baril se négociait à moins de 30 dollars. Sous l’impulsion de l’Arabie saoudite, l’OPEP a signé une alliance avec la Russie en décembre 2016. La production a été réduite et le prix s’est stabilisé stabilisé pendant un certain temps, entre 50 et 70 dollars le baril. Jusqu’à ce que les sanctions contre l’Iran et le chaos au Venezuela aient propulsé le prix du baril de pétrole à plus de 70 dollars il y a un mois.
Le boycott de l’Iran n’existe pas
Ce n’est que lorsque le président des États-Unis, Donald Trump, a exhorté les États du Golfe à augmenter leur production et a permis à 8 pays de continuer à s’approvisionner en Iran (y compris les 3 plus gros lients de la République islamique : la Chine, l’Inde et le Japon) que les prix ont repris une nouvelle spirale descendante. Téhéran est également soulagé, car ces 8 pays absorbent environ les trois quarts de la production iranienne.
Trump voulait éviter à tout prix que les prix remontent dans les stations services américaines dans la perspective des élections de mi-mandat, ce qui aurait contrarié ses plans. Résultat : les marchés sont soudainement confrontés à un excédent plutôt qu’à un déficit. Une fois de plus, Trump a gagné et le prix du pétrole est 20 % plus bas qu’il y a un mois. Désormais, le cours du pétrole brut s’établit à environ 60 dollars le baril et le pétrole légèrement meilleur du Brent à 70 dollars. À Washington, cette victoire est célébrée car, selon les experts, producteurs et consommateurs peuvent vivre avec un tel prix.
Les Saoudiens pensent à un monde sans l’OPEP
Mais c’est sans compter sur l’Arabie saoudite, qui se prépare à un nouvel affrontement avec les États-Unis. Les Saoudiens comprennent mal le pragmatisme du président américain dans le conflit avec l’Iran. De même, ils envisagent également un monde sans OPEP. L’OPEP se réunira à nouveau le 5 décembre avec une nouvelle réduction de la production comme unique sujet à l’ordre du jour.
L’OPEP ne veut même pas attendre jusqu’à cette date, car le ministre omanais du Pétrole, Mohammed bin Hamad al-Rumhi, a déjà déclaré que la majorité des membres de l’OPEP et de sympathiques producteurs de pétrole étaient favorables à une réduction de la production pétrolière mondiale. La Russie y participe également, avec pour principal objectif de mettre les bâtons dans les roues de Trump.
Ajoutez à cela un accord récent entre le gouvernement irakien et les autorités kurdes visant à débloquer les stocks existants, ce qui se traduira désormais par 200 000 à 400 000 barils supplémentaires sur les marchés mondiaux chaque jour. La guerre du pétrole entre donc dans une nouvelle phase.
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