Une IA canadienne parvient à prédire quels habitants sont sur le point de devenir sans-abri

Alors que le sans-abrisme touche durement le Canada, des programmeurs de la ville de London (Ontario) sont parvenus à mettre au point une intelligence artificielle révolutionnaire.

La pandémie de Covid-19 n’épargne personne, et encore moins les sans-abris. Ceux-ci sont particulièrement exposés aux risques du virus. Ils ne disposent généralement pas d’installations sanitaires décentes et leur système immunitaire est souvent affaibli.

En pleine crise sanitaire, de nombreux sans-abris préfèrent éviter de passer la nuit dans des centres, où ils craignent d’être contaminés. Le problème est particulièrement prégnant au Canada, qui voit de plus en plus de tentes individuelles être installées dans les grandes villes pour héberger les plus démunis.

Au Canada, environ 230.000 personnes sont touchées par sans-abrisme chronique (passer 180 nuits ou plus dans des refuges) chaque année. Pour enrayer le phénomène, la ville de London (Ontario) a donné une mission à ses meilleurs informaticiens: créer une intelligence artificielle capable de prédire quels habitants risquent de devenir sans-abri. Testée durant six mois, elle semble très bien fonctionner.

A Vancouver, les sans-abris préfèrent s’installer dans des campements de fortune pour éviter les refuges, bondés – Isopix

Comment ça marche?

Cette intelligence artificielle fonctionne via les données personnelles entrées par les participants. ‘Elle analyse ces données pour calculer les risques encourus par les personnes de perdre leur logement et de ne disposer d’aucun hébergement pendant une durée prolongée durant les mois à venir’, explique Matt Ross, qui a aidé à mettre en place le programme, à la Thomson Reuters Foundation

En période de test, l’IA, baptisée Chronic Homelessness Artificial Intelligence (CHAI), a suivi un groupe d’individus sur une durée de six mois. Son taux de réussite a été 93%.

Matt Ross a indiqué que depuis cette phase de test, l’IA a encore été améliorée. Elle fournit des résultats encore plus précis.

A quoi ça sert?

CHAI doit permettre, à terme, de réduire le nombre de personnes touchées par le sans-abrisme. Elle doit cibler les individus à risque afin qu’ils reçoivent le soutien nécessaire à temps.

‘Nous devons faire un meilleur travail, en fournissant des ressources aux individus avant qu’ils ne touchent le fond, pas une fois qu’ils l’ont atteint’, développe Matt Ross.

En utilisant ce système, ‘la ville peut établir des priorités dans la manière dont elle travaille avec ces personnes afin d’essayer de les placer dans un logement sûr ou de leur donner accès aux services de santé dont elles pourraient avoir besoin’, complète Jonathan Rivard, responsable de la prévention du sans-abrisme à London.

Dans un premier temps, des voix se sont élevées contre l’IA. Soucieuses du respect de la vie privée, certaines ASBL se sont d’abord montrées opposées au projet.

‘Je suppose que chaque fois que quelqu’un utilise le terme IA, cela peut faire craindre un monde dystopique, simplement à cause de la façon dont les médias et Hollywood dépeignent l’intelligence artificielle’, a expliqué Peter Rozeluk, responsable d’un refuge pour sans-abris.

Après avoir discuté avec les concepteurs du projet, Rozeluk a finalement décidé d’accorder son soutien à l’IA, conscient qu’elle pourrait aider à la lutte contre le sans-abrisme.

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