Web Analytics

Un premier pays européen s’active (enfin) contre le monopole de la Russie sur le combustible nucléaire de demain

Un premier pays européen s’active (enfin) contre le monopole de la Russie sur le combustible nucléaire de demain
En produisant son propre combustible nucléaire HALEU, le Royaume-Uni veut mettre Poutine « hors des marchés de l’énergie ». (Geography Photos/Universal Images Group via Getty Images, Christopher Furlong/Getty Images, Contributor/Getty Images)

Ce dimanche, le Royaume-Uni a annoncé le lancement d’un programme de production de combustible à base d’uranium faiblement enrichi à teneur élevée (HALEU). Une première en Europe. Il est peut-être temps de s’y mettre : il s’agit du combustible de la prochaine génération de réacteurs nucléaires… et seule la Russie en produit commercialement actuellement.

Pourquoi est-ce important ?

Ces deux dernières années, on a beaucoup parlé de la dépendance des pays européen à l'égard de la Russie sur le plan de l'énergie. Mais cela avait souvent trait aux combustibles fossiles : pétrole et gaz principalement. La dépendance vis-à-vis de l'uranium est beaucoup moins évoquée. Or, de plus en plus de pays voient l'énergie nucléaire comme un élément central de leur transition.

Dans l’actu : bientôt du HALEU produit sur le sol britannique.

  • Le Royaume-Uni lance un programme pour produire du combustible nucléaire « HALEU » (High-Assay Low-Enriched Uranium). Il est considéré comme un combustible essentiel pour alimenter les réacteurs nucléaires de demain.

Pourquoi le combustible nucléaire « HALEU » est-il si important ?

Les détails : un premier site pour 2030.

  • « Le Royaume-Uni investit dans le combustible nucléaire de haute technologie pour exclure Poutine du marché de l’énergie ». Voilà ce qu’a annoncé Downing Street ce dimanche.
  • Concrètement, le Royaume-Uni prévoit d’investir 300 millions de livres (348 millions d’euros) pour lancer son programme de production de HALEU. Le premier site de production est censé être prêt pour 2030.
  • Il devient ainsi le premier pays d’Europe à se lancer dans une telle initiative. Celle-ci entre dans le cadre de la nouvelle politique « pro-nucléaire » britannique. Objectif : produire jusqu’à 24 GW d’électricité d’ici la moitié du siècle. Soit environ un quart des besoins du pays.

Les explications : de nombreux avantages.

  • Il y a quelques mois, nous consacrions déjà un article au HALEU. Ce combustible contient 5 à 20% d’uranium-235. Là où le LEU (Low-Enriched Uranium), le plus utilisé actuellement, en contient 3 à 5%.
  • Cette concentration plus importante entraîne plusieurs avantages. À savoir, entre autres :
    • Le recours à des réacteurs plus petits (moins chers et plus rapides à construire, notamment)
    • Une quantité de combustible nécessaire moins importante
    • Plus de sécurité
    • Moins de déchets
  • Le HALEU est considéré comme le combustible nucléaire de demain. Car il sera utilisé dans la plupart des réacteurs de nouvelle génération.
    • « Le HALEU sera nécessaire pour de nombreux combustibles de réacteurs de puissance avancés et pour plus de la moitié des conceptions de petits réacteurs modulaires (SMR) en développement », résume la World Nuclear Association.
    • Certains SMR sont en effet quand même conçus pour être alimentés avec du LEU « standard ».

Pour l’instant, la Russie est reine du HALEU

Le contexte : monopole de la Russie.

  • Actuellement, la Russie a plusieurs longueurs d’avance sur le reste du monde. Elle est la seule à produire du HALEU commercialement.
  • Avec la crise énergétique qui a suivi la guerre en Ukraine, les pays occidentaux se sont rendu compte de tous les effets néfastes liés à leur grande dépendance vis-à-vis de la Russie. Ils tentent désormais de s’en défaire. Pour certains produits, comme le gaz, ça va plus vite que d’autres. Il faut dire que Moscou ne leur a pas vraiment laissé le choix.
  • « Nous avons tenu tête à Poutine sur les marchés pétroliers, gaziers et financiers, nous ne le laisserons pas nous rançonner pour le combustible nucléaire », a déclaré la secrétaire d’État britannique chargée de la sécurité énergétique et du net zéro, Claire Coutinho.
  • « La Grande-Bretagne a offert au monde sa première centrale nucléaire opérationnelle et nous serons désormais le premier pays d’Europe, en dehors de la Russie, à produire du combustible nucléaire avancé », a-t-elle ajouté.

Notons que produire du HALEU sur son sol est une chose, mais qu’il faut d’abord obtenir de l’uranium. Pour le coup, il faut quand même s’approvisionner en dehors de l’Europe. Et Moscou occupe là aussi une position de choix. En 2022, Euratom indiquait que 16,87% de l’uranium utilisé dans les réacteurs de l’UE provenaient de Russie. Ce qui en faisait le quatrième fournisseur du bloc.

Plus d'articles Premium
Plus