Un premier navire apporte une solution au casse-tête du transport du dioxyde de carbone capturé

Réduire nos émissions de CO2 n’est pas suffisant pour lutter contre le réchauffement, car c’est un processus qui prendra (malheureusement) des années. C’est pourquoi il faut, en complément, faire la chasse au dioxyde de carbone déjà présent dans l’atmosphère. Mais encore faut-il pouvoir le transporter jusqu’aux lieux de stockage. Un casse-tête qui pourrait bien être sur le point d’être résolu.

La société Mitsubishi Shipbuilding Co, un important constructeur naval japonais, travaille sur un nouveau type de navire destiné à transporter d’importantes quantités de CO2 sur de longues distances, rapporte Bloomberg. Si des bateaux ont déjà acheminé du dioxyde de carbone liquéfié, les volumes transportés n’étaient guère importants, de même que les distances parcourues, et n’étaient pas destinés à des installations de stockage à long terme. Le projet de la firme japonaise est donc important et pourrait répondre au problème du transport du CO2 capturé.

Le fait est que les sources de gaz à effet de serre, telle que les centrales électriques, sont rarement à proximité d’installations de stockage de CO2. Développer des navires pensés pour cette tâche répondrait donc à un véritable problème de la cause climatique.

Un projet essentiel pour l’avenir

L’entreprise japonaise s’attend à ce que le type de navires qu’elle développe devienne de plus en plus nécessaire et utilisé dans les années à venir, à mesure que le marché de la capture et du stockage du CO2 se développe. Ces bateaux seront les premiers à avoir été spécifiquement développés pour remplir cette tâche.

Pour le directeur adjoint principal de Mitsubishi Shipbuilding Co, Takeshi Maetoko, les transporteurs deviendront en effet de plus en plus utiles à l’avenir, car il sera tout simplement impossible d’éliminer totalement les émissions de dioxyde de carbone dans l’air. Il faudra donc capturer et stocker ce carbone pour atteindre l’objectif zéro net d’émission visé par de nombreux pays.

« Même si les énergies renouvelables et l’hydrogène et l’ammoniac, qui n’émettent pas de CO2, se généralisent à l’avenir, les émissions de CO2 ne peuvent pas être réduites à zéro, et nous pensons qu’une chaine de valeur CCUS (Carbon Capture, Utilization and Storage) existera forcément », a-t-il déclaré dans un communiqué. L’idée de ce marché en pleine expansion est de capter le CO2 dans l’air, de le liquéfier, puis de le transporter par navire vers des installations de stockage.

Le premier navire de l’entreprise japonaise devrait être livré avant la fin du mois de mars 2023. Il mesurera 72 mètres de long et disposera d’une capacité de réservoir de 1.450 mètres cubes.

Un marché en plein essor

Le constructeur naval japonais n’est évidemment pas le seul à vouloir répondre à ce besoin. Northern Lights JV Da, fruit d’un partenariat entre Shell Plc, TotalEnergies SE et Equinor ASA, désire, lui aussi, se lancer sur le créneau. Il a déjà commandé deux transporteurs à Dalian Shipbuilding Co. qui devraient prendre la mer mi-2024. Les Français Air Liquid SA, fournisseur de gaz industriel, et Sogestran SA, compagnie maritime, se sont également associés dans ce but.

Selon l’Agence internationale de l’énergie, 1,6 gigatonne de CO2 devrait être capturée chaque année d’ici 2050 pour respecter la feuille de route de zéro émission nette. Dans la seconde moitié du siècle, ce chiffre devra passer à 7,6 tonnes, dont 95% devront être conservés dans des stockages géologiques permanents.

Et si les pipelines peuvent également être utilisés pour le transport de gaz à effet de serre capturé, les navires seront au final plus intéressants, car moins cher sur de grandes distances (plus de 300 kilomètres), a affirmé Mitsubishi Shipbulding Co. On rappellera cependant que l’industrie du transport maritime est un important producteur de CO2. Elle rejette en effet plus de gaz à effet de serre que l’Allemagne et les Pays-Bas réunis. La firme japonaise planche cependant sur un système de captation de ses propres émissions de CO2, de liquéfaction et de stockage à même ses navires.

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