La Turquie fait un pas vers les BRICS : la participation d’Erdogan marque un changement significatif dans la géopolitique mondiale


Principaux renseignements

  • La participation de la Turquie au sommet des BRICS marque une étape importante pour la Turquie, qui souhaite devenir le premier membre de l’OTAN au sein du bloc.
  • Les experts mettent en garde contre le fait de considérer la démarche de la Turquie uniquement comme un rejet de l’Occident, soulignant sa recherche d’une « autonomie stratégique » et des avantages économiques de la coopération avec les membres des BRICS.
  • La Turquie cherche à tirer parti de l’évolution de la dynamique du pouvoir dans le monde, en s’engageant aux côtés des BRICS pour mieux se faire entendre dans un monde multipolaire.

La participation du président Recep Tayyip Erdogan au sommet des BRICS à Kazan, en Russie, marque une étape importante pour la Turquie. Invité par son homologue russe Vladimir Poutine, M. Erdogan s’entretiendra avec les dirigeants du Brésil, de l’Inde, de la Chine et de l’Afrique du Sud. Le mois dernier, la Turquie a officiellement demandé son adhésion au bloc des pays émergents, dans le but de devenir le premier membre de l’OTAN au sein des BRICS.

L’ajout potentiel de la Turquie aux BRICS a suscité un débat sur ses implications pour la géopolitique mondiale. Le bloc, qui comprend des membres souvent critiques à l’égard des politiques occidentales, notamment en ce qui concerne le conflit au Moyen-Orient et la guerre en Ukraine, pourrait servir de contrepoids à l’influence occidentale. Cette année, les BRICS se sont élargis à quatre nouvelles nations, dont l’Iran, soulignant ainsi l’influence croissante du groupe.

Le point de vue des experts sur la décision de la Turquie

Les experts mettent toutefois en garde contre le fait de considérer l’adhésion de la Turquie uniquement comme un rejet de l’Occident. La Turquie continue de renforcer ses liens avec des pays extérieurs à l’alliance occidentale, poussée par sa quête d' »autonomie stratégique », comme le définit Sinan Ulgen, chercheur au sein du groupe de réflexion Carnegie Europe dans une interview avec l’AFP. Il souligne que l’initiative présente également des avantages économiques, en renforçant potentiellement les relations commerciales bilatérales entre la Turquie et les membres des BRICS.

Les nations BRICS représentent collectivement près de la moitié de la population mondiale et contribuent pour environ un tiers au PIB mondial. Contrairement à l’Union européenne, qui impose des obligations économiques contraignantes à ses membres, les BRICS fonctionnent comme une plateforme de coopération sans de telles contraintes. Erdogan a déjà critiqué l’UE pour avoir retardé les aspirations d’adhésion de la Turquie, suggérant que les BRICS offrent une voie plus prometteuse pour le développement économique.

La manœuvre stratégique de la Turquie

La décision de la Turquie est également perçue comme une réponse à l’évolution de la dynamique du pouvoir mondial. Soli Ozel, professeur de relations internationales à l’université Kadir Has d’Istanbul, affirme qu’Ankara reconnaît la baisse de la domination de l’Occident et cherche à s’assurer une voix plus importante dans un monde multipolaire. En s’engageant auprès des BRICS, la Turquie cherche à tirer parti de l’affaiblissement de l’influence occidentale, en particulier celle des États-Unis, pour étendre sa portée diplomatique et économique.

Malgré ses liens plus étroits avec les BRICS, la Turquie reste fermement intégrée dans le cadre de sécurité de l’Occident et son économie reste profondément liée à l’Europe. Gokul Sahni, un analyste basé à Singapour, suggère qu’Ankara cherche à bénéficier des avantages des deux mondes : profiter de la proximité de l’Occident tout en forgeant des partenariats solides avec les puissances émergentes des BRICS.

Conclusion

En fin de compte, l’évolution de la Turquie vers les BRICS est considérée comme une manœuvre stratégique destinée à renforcer sa position mondiale et à garantir ses intérêts dans un paysage international en pleine évolution. Tout en restant membre de l’OTAN, Ankara cherche à diversifier ses alliances et à explorer de nouvelles voies de coopération et de croissance.

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