Hier soir, le porte-parole de la Maison Blanche a déclaré aux journalistes que le ministère de la Justice « demanderait la peine de mort contre les trafiquants de drogue quand c’est approprié en vertu de la loi actuelle ». Car, selon Trump, les dealers causent la mort de milliers de personnes.
Trump va présenter aujourd’hui son plan pour lutter contre le problème de la drogue aux États-Unis. Le président dit souvent que les dealers devraient être punis de la peine de mort. Mais c’est la première fois qu’il dévoilera un plan concret concernant la problématique de la drogue. Si Trump désire la peine de mort, cela risque d’être compliqué car elle n’est pas appliquée dans tous les États américains.
Le Congrès américain a il y a peu débloqué six milliards de dollars pour lutter contre la drogue. Trump veut injecter cet argent dans la prévention, l’information et une campagne de publicité pour aider les toxicomanes à trouver un job.
La drogue est un vrai problème aux USA puisque l’overdose est la principale cause de décès chez les Américains de moins de 50 ans. Les Américains meurent plus de la drogue que des balles, des accidents de la route ou du sida.
Héroïne de synthèse
Près de 17.000 Américains meurent chaque année à cause d’une consommation excessive de cocaïne et de méthamphétamine. Le reste est dû à la consommation d’opium. Depuis l’invasion de l’Afghanistan, l’héroïne est devenu un vrai problème.
On peut également citer la fentanyl qui a causé plus de 30.000 décès l’année dernière, deux fois plus que l’année précédente. C’est désormais la drogue la plus meurtrière aux États-Unis devant l’héroïne. Il s’agit d’un morphinomimétique, un analgésique très proche de la morphine mais beaucoup plus fort. On l’utilise lors d’opérations mais aussi pour abréger les souffrances de patients en phase terminale.
Le problème, c’est qu’aux États-Unis, on prescrit facilement des médicaments très forts et dangereux car l’industrie pharmaceutique est soumise à moins de règles qu’en Europe. Les pharmaciens américains dépensent des fortunes dans des publicités télévisées et ils réussissent à convaincre les médecins de prescrire certains cachets grâce à de très bons représentants…et beaucoup d’argent.
Chose folle: les médecins ont des objectifs de ventes à atteindre et ils sont soumis à des contrôles très strictes pour vérifier qu’ils ont atteint leurs objectifs. Du coup, ils peuvent prescrire des pilules à des patients qui n’en n’ont absolument pas besoin. La preuve: aux États-Unis, environ 250 millions d’ordonnances d’opiacés sont émises chaque année. C’est presque un pot et demi de pilules par Américain.
Partout aux États-Unis
La drogue arrive aux États-Unis d’absolument partout. Environ 80% du fentanyl confisqués provient du Mexique. Il provient de laboratoires chinois et est ensuite expédié au Mexique.
La DEA intercepte des quantités folles. Il y a quelques semaines, ils ont trouvé 40kg de fentanyl chez des concessionnaires dominicains à Philadelphie. C’est absolument dantesque puisque 330.000 doses peuvent être faites à partir d’un kilo.
Mais le problème, c’est que le fentanyl est extrêmement rentable. Produire un kilo coûte 5.000 euros mais les dealers le rachète 55.000 euros. Et ensuite, ils gagnent 20 fois plus en vendant la marchandise à leurs clients.
Produire du fentanyl est non seulement bon marché mais en plus, il ne faut pas s’embêter avec les récoltes. Et: « Vous payez la même chose pour quelque chose qui est environ 100 fois plus puissant, alors pourquoi acheter de l’héroïne? » disent-ils à la DEA. « L’héroïne ne pourra plus jamais rivaliser avec le fentanyl. »
Symptômes de sevrage
À cause de la concurrence entre les deux drogues, les dealers d’héroïne ont augmenté la pureté de celle-ci. Actuellement, on trouve de l’héroïne est pure à 93% contre 63% il y a deux ans.
Selon les toxicomanes, le trip du fentanyl est intense et immédiat. Les overdoses sont légion et la descente est extrêmement brutale. De plus, le sevrage est affreusement douloureux puisque tu peux rester malade comme un chien pendant parfois un an et demi.
D’autres obstacles
En plus du pouvoir effrayant du fentanyl, deux facteurs connexes rendent encore plus difficile la lutte contre la drogue: l’absence d’un vendeur unique et la facilité avec laquelle des variantes du médicament peuvent être produites.
Dans le passé, les médicaments vendus dans une zone donnée étaient susceptibles d’être contrôlés par une seule famille criminelle ou un cartel facile à cerner. Ce n’est pas le cas du fentanyl.
En octobre de l’année passée, la simple demande d’un échantillon a révélé que 12 sociétés chimiques chinoises étaient prêtes à livrer du fentanyl via le web pour plusieurs milliers d’euros par kilo. Sans poser aucune question.
Comme c’est une drogue de synthèse, le fentanyl est également relativement facile à modifier. Chaque modification subtile dans la formule permet aux fabricants en Chine de, par exemple, facilement rester dans les limites de la législation.
« Crazy dangerous »
Et il y a encore pire (oui c’est possible): il existe le carfentanil, une variante 100 fois plus puissante que le fentanyl. Fin septembre, la police a réalisé une descente dans une belle maison de la banlieu de Toronto. Au sous-sol, ils ont trouvé 53 kilos de poudre blanche. 42 kilos de cette poudre étaient en fait du carfentanil.
Cette drogue est décrite par la DEA comme « follement dangereuse ». Elle est beaucoup plus addictive et puissante que le fentanyl. On parle quand même d’un truc 10.000 fois plus puissant que la morphine.
Pour les éléphants
La carfentanil vient en fait…de Belgique! En 1974, une équipe de chimiste de Janssen Pharmaceutica à Beerse (Anvers) synthétise cette molécule. Elle est commercialisée sous le nom de Wildnil et était destinée à l’anesthésie de gros animaux comme les éléphants.
Il est donc normal que le carfentanil soit extrêmement dangereux pour l’Homme. D’ailleurs, des voix se sont élevées pour que cette drogue soit considérée comme une arme de destruction massive. Et à raison puisqu’il est très facile d’en obtenir en grandes quantités et elle est également facile à créer par des organisations criminelles.