Donald Trump inculpé de « complot envers l’État américain » : et si c’était une bonne nouvelle pour lui ?

Ce mardi, Donald Trump a de nouveau été poursuivi au pénal. Une troisième inculpation en quelques mois et sans nul doute la plus grave : il est accusé, entre autres, d’avoir ourdi un complot envers l’État américain dans sa tentative d’inverser le résultat de l’élection présidentielle de 2020.

Pourquoi est-ce important ?

Si cette inculpation est la plus grave qui pèse désormais sur lui, Donald Trump sait se nourrir de telles poursuites. Il utilise chaque nouvelle affaire judiciaire comme une preuve supplémentaire du complot dont il est lui-même victime. Et jusqu'à présent, la formule fonctionne parfaitement.

Dans l’actu : nouvelle inculpation pour Donald Trump.

  • Mardi, Donald Trump a été inculpé par l’avocat spécial Jack Smith. Tous les chefs d’accusation auxquels il doit faire face sont liés à sa contestation du résultat de l’élection présidentielle de 2020 et à l’assaut contre le Capitole du 6 janvier 2021.
  • Pendant ce temps, l’ancien président semble rester le favori numéro un pour représenter les républicains à l’élection de 2024. Il relègue à plus de 20% son plus proche rival, Ron DeSantis, dans un premier sondage publié par le New York Times.

Toujours la même rengaine

Le détail : de quoi Trump est-il accusé cette fois-ci ?

  • Au total, avec cette nouvelle inculpation, Trump doit répondre de quatre charges :
    • Complot pour commettre une fraude à l’encontre des États-Unis (lié à sa tentative d’annulation du résultat du scrutin).
    • Complot contre les droits des citoyens (lié à leur droit de voter et à leur droit que leur vote soit tenu en compte).
    • Obstruction et tentative d’obstruction et d’entrave à la certification du vote électoral.
    • Complot pour entraver une procédure officielle (lié à l’assaut du Capitole le jour où le Congrès devait certifier la victoire de Joe Biden).
  • L’acte d’accusation indique que Trump a bénéficié du soutien de six « co-conspirateurs », parmi lesquels quatre avocats dont Rudy Giuliani. Si ceux-ci ne sont pas inculpés à l’heure actuelle, ils pourraient l’être par la suite, une fois l’enquête plus avancée.
  • On peut également y lire que le perdant de l’élection de 2020 avait bien le droit de contester le résultat du scrutin – et même de prétendre à tort qu’il y avait eu une fraude – mais qu’il était allé trop loin (il n’avait aucune preuve et de nombreux hauts responsables gouvernementaux le lui avaient dit), en tentant notamment de ne pas tenir compte de votes légitimes.
  • Quant à l’assaut du Capitole, il a été qualifié par l’avocat spécial « d’assaut sans précédent contre le siège de la démocratie américaine », alimenté par des « mensonges ».

Les réactions : habituelles.

  • Trump avait visiblement été informé de cette nouvelle inculpation peu avant son annonce.
    • « J’ai entendu dire que le dérangé Jack Smith, afin d’interférer avec l’élection présidentielle de 2024, publiera un autre faux acte d’accusation contre votre président préféré, moi, à 17h00. Pourquoi n’ont-ils pas fait cela il y a deux ans et demi ? Pourquoi ont-ils attendu si longtemps ? Parce qu’ils voulaient faire ça en plein milieu de ma campagne. Inconduite du Procureur ! », a-t-il écrit quelques minutes avant que l’avocat spécial ne communique son inculpation.
  • Par la suite, Trump et ses soutiens ont usé de la même stratégie : la victimisation. Pour eux, cette inculpation est une « ingérence électorale » qui « rappelle l’Allemagne nazie des années 1930, l’ex-Union soviétique et d’autres régimes autoritaires et dictatoriaux ». Rien que ça.
  • Son avocat, John Lautaro, a déclaré qu’il s’agissait « d’un jour terriblement tragique, où le discours politique étais désormais criminalisé ».

Troisième inculpation de l’année, et la plus grave

Contexte : deux autres affaires pénales ont éclaté cette année autour de Trump.

  • De nombreux observateurs soulignent qu’il s’agit des plus graves accusations lancées à ce jour à l’encontre de Trump.
    • Selon le procureur général Merrick Garland, il s’agit même de « la plus grande enquête de l’histoire du département américain de la Justice (DOJ) ».
  • Si c’est peut-être la plus importante, ce n’est toutefois pas la première. L’ancien président a déjà été impliqué dans deux autres affaires pénales rien que cette année.
    • L’affaire Stormy Daniels (New York), où il est accusé d’avoir acheté, peu avant l’élection de 2016, le silence d’une star du porno sur une relation extraconjugale qu’elle prétend avoir eue avec lui.
    • L’affaire Mar-a-Lago (Floride), où il est accusé d’avoir conservé illégalement des documents gouvernementaux classifiés dans une de ses propriétés et d’avoir entravé les efforts du gouvernement pour les récupérer.
  • En parallèle, Trump est également au cœur d’une quatrième affaire pénale, pour laquelle il n’a pas (encore ?) été inculpé : il pourrait l’être pour avoir tenté de faire annuler le résultat de l’élection présidentielle en Géorgie.

Les implications : quel effet sur l’élection présidentielle 2024 ?

  • Trump doit comparaître jeudi devant un tribunal fédéral à Washington, DC. Des peines maximales de 5 à 20 années d’emprisonnement sont prévues pour ces différents chefs d’accusation.
    • Toutefois, il est rare que des personnes reconnues coupables d’avoir ourdi de tels complots finissent vraiment derrière les barreaux.
  • La question principale reste de savoir si cela peut avoir un effet sur l’élection de 2024.
  • Selon Reuters, cette nouvelle inculpation ne menace en rien sa victoire à la primaire républicaine. Au contraire, cela va même renforcer sa campagne, qu’il base justement sur le fait que le Deep State et l’establishment s’acharneraient contre lui.
  • Qu’importent les affaires judiciaires, Trump reste le favori numéro un des républicains dans tous les sondages, loin devant le gouverneur de Floride Ron DeSantis. S’il est un peu trop tôt pour connaître les retombées de cette nouvelle inculpation, rien ne dit que cela différent, aussi graves que soient les accusations.
  • En revanche, en ce qui concerne son hypothétique lutte pour la Maison Blanche face au candidat démocrate (Joe Biden est le favori actuel), cela pourrait lui jouer des tours. Car outre celui de ses fervents partisans, Trump devra bénéficier du soutien des républicains plus modérés et des indépendants. Or, chez certains d’entre eux, les inculpations de Trump passent mal. Les procès étant prévus quelques mois seulement avant l’élection, cela pourrait influencer leur vote.
    • Quoi qu’il en soit, le match s’annonce serré. Le dernier sondage Reuters/Ipsos montre que 37% des électeurs voteraient pour Biden et 35% pour Trump, les 28% restants déclarant ne pas être sûrs de leur choix ou enclins à voter pour quelqu’un d’autre ou pour personne.
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