Lors du symposium de Jackson Hole, où la Réserve fédérale discute de la politique monétaire, certains guettent des signes d’un atterrissage en douceur. On suppose toutefois que la Fed maintiendra les taux d’intérêt à un niveau élevé pendant encore un certain temps.
Pourquoi l’ère des faibles taux d’intérêt pourrait être révolue à jamais

Pourquoi est-ce important ?
Après une longue période durant laquelle les taux d'intérêt ont été exceptionnellement bas, la Fed les a relevés pour lutter contre l'inflation. Cette bataille semble en bonne partie terminée. On se demande donc désormais quand les taux baisseront à nouveau. Et dans quelle mesure.L’objectif d’inflation : La Fed vise à refroidir l’inflation à un niveau de 2% sans trop affecter le marché du travail. À terme, cela nécessite un certain taux d’intérêt neutre, où ces deux objectifs sont en équilibre.
- L’inflation est en train de refroidir. En juillet, elle a atteint 3,2% aux États-Unis. Il y a un an, à son apogée, elle était encore de 9,1%. Le taux directeur de la Fed est entre-temps passé de 0% à 5,25-5,5%, le niveau le plus élevé depuis 2001.
- La hausse des taux d’intérêt a finalement eu l’effet escompté sur l’inflation, qui a diminué. Les ménages ont décidé d’emprunter moins d’argent à un coût plus élevé, ce qui a réduit en partie leur consommation.
- Pour les entreprises, quand le coût du capital est plus élevé, elles décident en général de se serrer la ceinture, ce qui se traduit habituellement par une augmentation du chômage. Cela entraîne à son tour une baisse de la consommation et un affaiblissement supplémentaire de l’inflation.
- Cependant, ici, le marché du travail semble peu affecté par la hausse des taux : cela pourrait indiquer que l’effort vers une inflation de 2% pourrait encore prendre du temps. Et que les taux resteront donc à ce niveau élevé.
Pause ou pas ?
En raison de la baisse prometteuse du taux d’inflation, on a pourtant bien discuté d’une pause dans les hausses de taux lors de la réunion de la Fed. Mais tous les membres n’y sont pas favorables. 3,2%, c’est bien, mais les 2% ne sont pas encore atteints.
- Jerome Powell et ses collèges ont donc la possibilité d’augmenter encore les taux, ou de les laisser tels quels pendant un certain temps. Dans les deux cas, il est clair qu’une baisse n’est pas envisagée.
- Certains économistes affirment même que le taux d’intérêt neutre – dans lequel l’économie est en équilibre – est plus élevé que par le passé. Ainsi, même lorsque les taux baisseront, ils ne retrouveront pas les niveaux que nous avons connus avant la pandémie, quand ils étaient vraiment bas.
- La Fed elle-même estime que ce taux d’intérêt idéal a augmenté. Et le FMI partage ce raisonnement. Selon les estimations de la Fed, ce taux neutre à long terme se situe entre 2,3 et 3%.
- Il existe toutefois de nombreux facteurs économiques et mondiaux qui peuvent influencer ce chiffre. Déterminer le taux d’intérêt idéal est un exercice délicat, et avec les tensions géopolitiques autour de la Russie et de la Chine, c’est encore plus difficile. La marge d’erreur est grande.
- « La plupart des hausses de taux d’intérêt qu’ils ont effectuées visaient à se remettre d’une politique laxiste inappropriée, et ce n’est que lors des dernières hausses qu’ils ont vraiment placé les taux d’intérêt en territoire restrictif », a par ailleurs commenté Joseph Gagnon, ancien membre du personnel de la Fed, au Financial Times.
- Traduction : il n’y a pas vraiment de marge de manœuvre pour baisser les taux, même si personne n’est vraiment en mesure d’expliquer pourquoi l’objectif d’inflation est de 2%.
(OD)