Surenchère dans l’armement : la Russie déploie son BMP-T « Terminator » sur le front ukrainien

Les forces blindées russes ne sont jusqu’à présent pas sorties grandies de leurs engagements contre les Ukrainiens, ceux-ci n’hésitant pas à exposer les carcasses calcinées laissées sur le terrain. Face à ce camouflet, le Kremlin déploie progressivement des engins de dernière génération ou des pièces assez rares de son armement dans l’espoir qu’elles changent la situation sur le terrain.

Plus tôt ce mois-ci, les médias d’État de Russie mettaient en avant le développement de nouvelles armes à technologie laser, dont certaines, déjà présentes en Ukraine, permettraient de brouiller les satellites d’observation, en particulier américains, qui alimentent le renseignement ukrainien. Dans la même logique de glorification de la technologie et de l’armée nationale, voilà que les Russes font grand cas de l’arrivée sur le front du BMP-T, sobrement surnommé « Terminator ».

Armé jusqu’aux dents

L’engin en question, entrée en service en 2011 seulement, est un véhicule de combat d’infanterie qui a pour fonction d’escorter et de protéger les autres blindés. Basé sur le châssis du char de combat T-90A, le « Terminator » présente un armement très différent, et surtout prolifique : deux canons de 30mm, ainsi qu’une mitrailleuse PKT de calibre 7,62 mm, quatre missiles antichars/anticonstruction, et encore deux lance-grenades automatiques situés au-dessus des chenilles.

Le BMP-T est un engin unique au monde, dont le but au combat est exclusivement de protéger les chars qui l’accompagnent. D’où cet arsenal impressionnant qui doit lui permettre de contrer toute menace traditionnelle pour les blindés lourds, des hélicoptères d’attaque aux fantassins équipés d’armes antichars, y compris embusqué dans des bâtiments. Il peut d’ailleurs aussi présenter une menace contre un char ennemi grâce à ses missiles. Le « Terminator » accueille un équipage de cinq personnes et peut avancer à 60 km/h sur autoroute tout en bénéficiant d’une autonomie de 550 km avec des réservoirs de carburant externes.

Un engin qui souligne l’échec des fantassins

Le rôle de protection des blindés qu’occupe cet engin, déjà déployé en Syrie, est traditionnellement celui de l’infanterie d’accompagnement. Or, si son déploiement en Ukraine a été salué comme un pas de plus vers la victoire par les médias pro-Kremlin rapporte Korii, on peut aussi le voir comme un constat d’échec.

Car les chars russes ont été plusieurs fois durement étrillés tant par des frappes aériennes éclair des Ukrainiens, avec hélicoptères ou drones, que par des combattants embusqués en milieu urbain ; un écosystème particulièrement dangereux pour les lourds blindés, dont l’équipage n’a qu’une perception très limitée de son environnement. Or, la coopération entre infanterie et blindés s’est montrée très déficiente dans l’armée russe durant la première phase de la guerre.

Le déploiement du « Terminator » permet donc à la fois de présenter des images d’une arme flambant neuve à la propagande russe, tout en apportant -on peut le supposer- une solution sur le terrain à un problème tactique qui a déjà couté très cher aux Russes. Le nombre de ces engins en état d’être déployés au combat n’est toutefois pas connu ; les services britanniques évoquent une dizaine d’engins seulement, et donc un impact avant tout psychologique sur le terrain.

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