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Aux USA, le premier projet commercial de centrale SMR tourne au fiasco : « Les coûts ont explosé, il n’y avait plus assez d’intéressés »

Aux USA, le premier projet commercial de centrale SMR tourne au fiasco : « Les coûts ont explosé, il n’y avait plus assez d’intéressés »
Le CEO de NuScale John Hopkins et ce à quoi aurait dû ressembler le CFPP, qui devait devenir le premier projet SMR des USA. (Aaron M. Sprecher/Bloomberg via Getty Images, NuScale)

C’est un fameux revers pour les défenseurs des petits réacteurs modulaires (SMR). Ce qui devait devenir le premier projet commercial des USA est abandonné. En cause : des coûts qui ont augmenté jusqu’à en décourager les clients potentiels.

Pourquoi est-ce important ?

Dans de nombreuses régions du monde, y compris en Europe et même en Belgique, les SMR sont vus comme un des alliés de la transition énergétique. Plus petits et moins chers, ils semblent plus pratiques que les centrales nucléaires traditionnelles.

Dans l’actu : l’abandon du CFPP.

  • La semaine dernière, la start-up américaine NuScale a annoncé l’abandon du Carbon Free Power Project (CFPP). Il était censé devenir le premier projet SMR à entrer en service commercial aux États-Unis.

La première centrale SMR commerciale des USA devait voir le jour en 2029

Les détails : des coûts qui ont explosé.

  • Présenté pour la première fois en 2014, le CFPP devait commencer à produire de l’électricité en 2029 dans l’Idaho. Selon les derniers plans, il devait être constitué de six petits réacteurs modulaires (SMR) de 77 MW. Au total, ces 462 MW devaient permettre d’alimenter l’Idaho National Laboratory (qui était censé l’accueillir), ainsi que des municipalités proches du site.
  • NuScale dit avoir dû faire une croix sur le projet en raison d’un trop faible nombre de clients. Elle avait pourtant commencé à construire le premier des six modules en avril dernier.
  • Cet échec s’explique par l’augmentation des coûts. Tant pour ceux de la construction de la centrale que ceux de l’électricité qui y aurait été produite.
    • Initialement estimée à 5,3 milliards de dollars, la construction du CFPP était depuis passée à 9,3 milliards de dollars.
    • Quant au prix cible de l’électricité produite par l’installation, il était passé de 58 à 89 dollars le mégawattheure.
  • « Il semble peu probable que le projet dispose de suffisamment d’abonnements pour poursuivre son déploiement », a regretté NuScale. Plusieurs municipalités qui avaient rejoint le projet s’en sont retirées en voyant les coûts grimper.

NuScale et Washington y croient toujours, mais ont-ils le choix ?

Les réactions : coup dur pour les partisans des SMR, pain béni pour les détracteurs.

  • Chacun interprète l’abandon du CFPP en fonction de ses convictions personnelles. Cela prouve l’inutilité des SMR selon les uns, cela permettra de tirer des leçons pour mener à leur avènement selon les autres.
  • « La résiliation du contrat de NuScale est révélatrice des défis plus vastes que pose le développement de l’énergie nucléaire aux États-Unis », a ainsi réagi auprès de Reuters Edwin Lyman, directeur de la sécurité de l’énergie nucléaire à l’Union of Concerned Scientists. « S’appuyer de manière excessive sur des technologies qui n’ont pas été testées, sans prendre en compte de manière adéquate la viabilité économique, l’aspect pratique et les problèmes de sécurité, est irresponsable et ne fonctionnera manifestement pas. »
  • NuScale assure continuer de croire en ses autres projets, aux États-Unis et à l’étranger (Roumanie, Kazakhstan, Pologne, Ukraine). La start-up étant à 100% centrée sur les SMR, elle ne pouvait pas dire autre chose. NuScale peut aussi compter sur le fait qu’elle conserve l’approbation réglementaire pour sa conception de SMR. Elle reste la seule à la détenir actuellement aux USA.
    • « Je sais que d’un point de vue financier, nous avons 200 millions de dollars en banque. Il s’agit de liquidités, sans dette. Notre bilan est donc sain », a également signalé son CEO, John Hopkins.

1,4 milliard de dollars approuvé sous Trump

Mais aussi : Washington dans l’embarras.

  • L’échec du CFPP est aussi douloureux pour Washington. Car beaucoup d’argent public y avait été injecté.
    • En 2020, le département américain de l’Énergie a approuvé une aide de 1,35 milliard de dollars sur 10 pour le projet.
    • Depuis 2014, 600 autres millions ont été débloqués pour soutenir plus globalement des développeurs de SMR, dont NuScale.
  • « Nous pensons que le travail accompli jusqu’à présent sur le CFPP sera précieux pour les futurs projets d’énergie nucléaire », a commenté un porte-parole du département. « Même si le succès de tous les projets n’est pas garanti, le DOE reste déterminé à faire tout ce qui est en son pouvoir pour déployer ces technologies afin de lutter contre la crise climatique et d’accroître l’accès à l’énergie propre. »
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