L’escalade du conflit au Moyen-Orient pourrait bien mettre en péril l’équilibre monétaire d’Israël, et la note du pays risque de se dégrader. La banque centrale du pays se retrouve en plein dilemme : augmenter ou baisser les taux d’intérêt.
Quand la guerre s’exporte sur les marchés : la banque d’Israël se bat contre la faiblesse de sa monnaie

Pourquoi est-ce important ?
Une guerre n'est pas qu'une affaire de lignes sur une carte ou de décompte des pertes. Plus cyniquement encore, l'état de l'économie d'un pays embarqué dans un conflit devient aussi un champ de bataille. On l'a vu, dans un contexte très particulier, avec la Russie depuis février 2022. Israël se retrouve maintenant à devoir stabiliser une économie qui n'est pas regardée très positivement sur les marchés. La dévaluation menace.Dans l’actualité : les positions courtes – des paris sur l’affaiblissement de la monnaie – contre le shekel ont atteint leur plus haut niveau depuis janvier 2022, selon une étude de Deutsche Bank. Une position courte d’ailleurs recommandée par des acteurs incontournables du système financier, comme Citibank.
- Le shekel a chuté de 3,8 % face au dollar depuis que la Banque d’Israël a promis le 9 octobre de vendre jusqu’à 30 milliards de dollars de réserves pour soutenir sa monnaie, rappelle le Financial Times.
- La banque centrale de l’État hébreu se retrouve en plein dilemme : il lui faudrait à la fois stimuler l’économie par des taux d’emprunts plus faibles, et renforcer sa monnaie pour faire face à des coûts d’importation plus élevés et à la hausse de l’inflation. Dans les deux cas, cela passe par jouer avec les taux d’intérêt, dans un sens ou dans l’autre.
- Mardi, l’agence de notation Fitch a placé sa note A+ sur la dette d’Israël sous perspective négative, mettant l’accent sur le risque que le conflit s’étende aux pays de la région. Signe de plus que la confiance s’effrite pour le shekel.
La question des réserves
« La Banque d’Israël est préoccupée par la faiblesse de la monnaie et son impact sur l’inflation. Mais elle comprend aussi que si elle essaie de la forcer dans une certaine direction, elle pourrait finir par épuiser ses réserves. »
Liam Peach, économiste en chef chez Capital Economics
La Banque d’Israël disposait d’environ 200 milliards de dollars de réserves en devises étrangères au début d’octobre selon le FMI, ce qui aurait pu suffire à couvrir les importations du pays – qui en est très dépendant – pendant deux ans. Du moins en temps de paix.
- La banque centrale israélienne va donc devoir rationner ce stock, si le conflit s’aggrave ou s’éternise. Or, ça n’est guère aisé avec un shekel faible face au dollar. Actuellement, un shekel vaut 25 cents, alors qu’en 2021 on décrivait cette devise comme la plus forte au monde. De quoi nourrir l’argument d’une massive hausse des taux de la part de l’institution.
- Économiquement, la meilleure fin possible à ce début de crise serait une désescalade militaire. Et avec un bilan humain qui s’alourdit rapidement à Gaza, c’est aussi le meilleur signal que pourrait renvoyer Israël au monde.