Après des années de coupes budgétaires, la Bundeswehr, l’armée allemande, est dans un “état dramatique”. C’est ce que révélait un rapport officiel publié au mois de février. Der Spiegel a rapporté cette semaine que seulement 4 des 128 avions de chasse Eurofighters de la Luftwaffe sont opérationnels.
Dans son rapport annuel, le commissaire aux forces armées du Parlement allemand concluait que seule une fraction des systèmes d’armement les plus essentiels étaient opérationnels, notant en particulier qu’à la fin de l’année 2017, tous les sous-marins allemands étaient en cale sèche pour des réparations. « À la fin de l’année, 6 sous-marins sur 6 n’étaient pas utilisés. Parfois, pas un seul des 14 Airbus A-400M [des avions réservés aux transports, ndlr] ne pouvait voler », avait-il indiqué lors d’une conférence de presse à Berlin au moment de la publication de ce rapport.
La Luftwaffe a les ailes coupées
Ce dernier indiquait également que les pilotes de la Luftwaffe n’avaient que rarement la possibilité de s’entraîner, parce que leurs avions étaient maintenus au sol pour des opérations de maintenance une grande partie de l’année. Il ajoutait que 21 000 postes d’officier étaient vacants.
Selon Der Spiegel, seulement 4 des avions de chasse Eurofighters de la Luftwaffe sont en état d’intervenir en cas d’intrusion de l’espace aérien allemand, en raison d’un défaut sur leur système d’autodéfense. En théorie, la Luftwaffe dispose de 128 Eurofighters prêts à décoller à tout moment…
Une situation qui vulnérabilise Merkel
La probabilité de voir un conflit éclater en Europe est actuellement faible, mais l’incapacité de la plus grosse économie européenne à se rapprocher des exigences de l’OTAN la vulnérabilise vis-à-vis d’une Amérique de plus en plus critique à son égard.
La Bundeswehr participe à plus d’une douzaine de missions internationales, y compris dans les zones de conflit de l’Afghanistan et du Mali. Elle est aussi tenue d’assurer un rôle important dans la dissuasion de l’OTAN à l’égard de la Russie.
Mais le budget allemand de la défense ne représente que 1,2 % du PIB domestique, bien en deçà de la cible de 2 % à laquelle les pays membres de l’OTAN se sont pourtant engagés.
L’Allemagne n’est pas prête de respecter les exigences de l’OTAN
Pire, non seulement l’Allemagne ne respectera pas cet engagement de consacrer 2 % de son PIB à la défense dans les 4 prochaines années, mais de plus, sa proportion de dépenses devrait baisser à partir de 2020, montrent des calculs réalisés par le Financial Times.
Lorsqu’elle s’est rendue aux États-Unis la semaine dernière pour rencontrer le président américain Donald Trump, la chancelière allemande Angela Merkel a dû essuyer les critiques de son interlocuteur qui ne s’est pas gêné pour rappeler les manquements de son pays à cet égard.
Lors de la conférence de presse qui avait fait suite à leur conversation, Trump a de nouveau taclé l’Allemagne à propos de ses dépenses militaires, indiquant qu’il avait discuté avec Merkel à propos de la « responsabilité des nations européennes à contribuer de façon adéquate à leur propre défense » et « honorer leur engagement de dépenser 2 %, éventuellement bien plus, de leur PIB » sur leur armée.
« Nous avons un fardeau bien plus gros que nous ne devrions avoir. Nous protégeons l’Europe, et pourtant nous payons… bien plus que n’importe qui d’autre », a déploré le président américain.