Web Analytics

Le plus grand syndicat d’Allemagne intègre la semaine de quatre jours dans ses revendications

Le plus grand syndicat d’Allemagne intègre la semaine de quatre jours dans ses revendications
Des travailleurs d’Arcelor Mittal Brême et le président d’IG Metall, Jörg Hofmann. (AXEL HEIMKEN/AFP via Getty Images, Christoph Schmidt/picture alliance via Getty Images, Friso Gentsch/picture alliance via Getty Images)

Petit à petit, le nombre de ses partisans grandit. Et ceux-ci s’organisent pour faire plier les décideurs. En Allemagne, c’est au tour du plus grand syndicat de plaider pour la semaine de quatre jours.

Pourquoi est-ce important ?

Depuis quelques années, certaines expériences sont menées à travers le monde pour mesurer les effets de la semaine de travail de quatre jours. Dans la plupart des cas, les retours sont (très) positifs. Reste, pour ses partisans, à réussir à faire inscrire cette formule dans le marbre légal.

Dans l’actu : le plus grand syndicat allemand plaide pour la semaine de quatre jours.

  • Cette semaine, le syndicat IG Metall a fait savoir qu’il comptait intégrer la semaine de travail de quatre jours au prochain cycle de négociations collectives pour l’industrie sidérurgique.

Le détail : travailler moins, gagner autant.

  • « Pour la première fois, la demande vise une revendication collective et convenue collectivement pour les employés de toute une industrie », a souligné le patron d’IG Metall, Jörg Hofmann.
  • IG Metall représente plus de 2,2 millions de travailleurs, principalement actifs dans le secteur du fer et de l’acier.
  • Le syndicat plaide pour une semaine de travail de 32h réparties sur quatre jours dans l’industrie sidérurgique, au lieu des 35h en cinq jours actuellement en vigueur dans le secteur.
    • On parle bien là d’une réduction du temps de travail avec un salaire inchangé, une formule bien différente de celle qui a été introduite en Belgique il y a quelques mois.

Bras de fer en vue

Les explications : les premières expériences donnent du grain à moudre aux partisans.

  • Les travailleurs de l’industrie sidérurgique et leurs représentants craignent une vague de licenciements à venir en raison de la transition énergétique. Selon eux, passer à une semaine de quatre jours permettrait de limiter la casse.
  • En parallèle, ils s’appuient sur les arguments issus des expériences menées (avec succès) ailleurs dans le monde ces dernières années. À savoir, avant tout, une formule « win-win » tant pour les employés que pour les employeurs. Les travailleurs, en meilleure santé physique et mentale, gagneraient en efficacité.
    • « C’est la prochaine étape dans un monde du travail industriel attractif qui permet de concilier facilement vie et travail », résume Jörg Hofmann sur le site d’IG Metall.
  • Un autre avantage, font valoir ses défenseurs, est que la semaine de quatre jours permet de réduire la pollution environnementale liée au déplacement des employés vers leur lieu de travail et aux frais énergétiques.
  • Enfin, si la formule n’est pas adoptée à l’échelle de tout un secteur, ses partisans tentent aussi de convaincre les entreprises qu’accepter la semaine de quatre jours les rendrait beaucoup plus attrayantes que les concurrentes.
    • Certaines (grandes) entreprises sidérurgiques allemandes proposent d’ailleurs déjà la semaine de quatre jours à leurs travailleurs… mais elle s’accompagne d’un salaire réduit. Et ce n’est plus suffisant pour IG Metall.

Les réactions : mitigées.

  • Tagesschau souligne que IG Metall a déjà reçu du soutien à l’échelon politique. Le parti de gauche Die Linke s’y est dit favorable, se réjouissant du fait que la formule n’était en tout cas déjà plus « un fantasme surnaturel ».
    • Die Linke étant largement minoritaire au sein du parlement allemand, ce soutien ne sera pas, bien sûr, pas suffisant.
  • Du côté des entreprises, on est opposés. Selon Arbeitgeberverband Stahl, l’organisation qui représente les employeurs de l’acier, « la demande arrive au mauvais moment ». Entre les coûts élevés de l’énergie et les contraintes que fait peser la transition verte sur le secteur, les entreprises refusent de devoir gérer une nouveauté supplémentaire.
    • Aidée par certains économistes, elle indique que les avantages de formule n’aurait pas été pas traduisibles dans tous les pans de l’économie, et certainement pas dans la sidérurgie.
    • « La productivité ne peut pas être augmentée à volonté », indique l’économiste libéral Christoph Schröder auprès du Bild.
    • Selon l’économiste, l’introduction de la semaine de quatre jours ne pourrait d’ailleurs s’accompagner que d’une réforme des retraites.
  • La semaine de quatre jours pour tous les travailleurs de l’industrie sidérurgique allemande ne sera donc pas pour demain. Mais IG Metall le sait. La stratégie habituelle est connue : entrer dans un bras de fer en demandant beaucoup pour espérer obtenir un peu. Et ainsi grignoter du terrain petit à petit, pour peut-être concrétiser l’entièreté de la demande dans les années à venir.
Plus d'articles Premium
Plus