Alors que les ventes de pompes à chaleur baissent à travers l’Europe, le secteur s’attendait à ce que la Commission lui glisse un petit cadeau sous le sapin en cette fin d’année. Il n’en sera finalement rien : le plan d’action est reporté.
Sale temps pour les pompes à chaleur : même la Commission européenne reporte son plan d’action

Pourquoi est-ce important ?
Les pompes à chaleur sont généralement considérées comme une des solutions à inclure dans la transition énergétique. Fonctionnant à l'électricité, elles sont considérées comme ayant un impact environnemental bien plus faible que les systèmes de chauffage fossile. Encore faut-il que les mesures suivent pour appuyer leur développement, leur achat n'étant - comme beaucoup de technologies "vertes" - pas à la portée de toutes les bourses.Dans l’actu : report du plan d’action de la Commission pour les pompes à chaleur.
- La Commission européenne a décidé de reporter l’adoption du plan d’action destiné à stimuler le développement des pompes à chaleur.
- Les fabricants, qui avaient déjà les politiques dans le viseur, sont encore plus furieux.
« Le retard sera considérable »
Les détails : rien avant les élections européennes.
- L’an dernier, la Commission européenne annonçait vouloir soutenir l’installation de 30 millions de pompes à chaleur supplémentaires à travers l’UE entre 2020 et 2030. C’est l’objectif qui figurait dans REPowerEU, la proposition de Bruxelles pour mettre fin à la dépendance aux combustibles fossiles russes.
- L’association européenne des pompes à chaleur (EHPA) en dénombrait environ 20 millions au printemps 2023. Si l’objectif est atteint, l’UE devrait donc en disposer de 50 millions d’ici la fin de la décennie.
- Pour soutenir le développement de la filière, la Commission avait d’abord promis la publication d’un plan d’action pour la fin de l’année. Avant de le reporter à 2024. D’après l’EHPA, le projet a finalement été repoussé à après lesélections européennes. Il n’y a donc plus rien à attendre avant juin 2024.
- Contactée par Euractiv, la Commission a déclaré que les « travaux préparatoires » étaient toujours en cours. « À ce stade, nous ne pouvons pas fournir de date précise pour la présentation du plan d’action », a ajouté le porte-parole.
La réaction : l’EHPA fulmine.
- L’EHPA n’apprécie pas du tout ce nouveau report. Même si la nouvelle Commission décide de reprendre le plan d’action, « le retard sera considérable », déplore-t-elle.
- « L’Europe est à la traîne dans la décarbonisation de la chaleur », souligne Thomas Nowak, secrétaire général de l’EHPA. « Cependant, au lieu de s’attaquer au problème en développant et en publiant le plan d’action promis pour les pompes à chaleur, la Commission l’a repoussé aux calendes grecques. »
- « Retarder la finalisation de ce plan après les élections ne peut être qualifié que d’erreur », ajoute-t-il. « Nous exhortons la présidente von der Leyen, le commissaire à l’énergie Simson et tous les commissaires à le réexaminer et à le revenir de toute urgence.
7 milliards d’euros investis par les fabricants de pompes à chaleur
Le contexte : des ventes en baisse.
- Pas plus tard que la semaine dernière, l’EHPA tirait la sonnette d’alarme : les ventes baissent (parfois méchamment) dans la plupart des pays européens.
- Déjà à ce moment-là, l’association avait tiré à boulets rouges sur les responsables politiques. Elle leur reprochait une « communication ambiguë » qui créait de « l’incertitude chez les consommateurs ».
- L’autre explication à cette baisse des ventes se trouverait dans la stagnation des prix de l’électricité. Là où ceux du gaz baissent. L’EHPA appelle donc les politiques à corriger cette différence.
- Les craintes de l’industrie des pompes à chaleur sont d’autant plus vives que les fabricants viennent tout juste de consentir à d’importants investissements. L’EHPA évoque un chiffre de 7 milliards d’euros au cours des trois prochaines années.