Moscou espère que les vêtements et les chaussures portant la mention « Made in North Korea » seront bientôt sur les étagères de ses magasins. C’est ce qu’a déclaré l’ambassadeur de Moscou en Corée du Nord, Alexandr Matsegora, après avoir visité une foire aux vêtements dans la capitale Pyongyang.

« Nous espérons qu’avec le temps, nous verrons des produits étiquetés ‘Made in North Korea’ sur les étagères des magasins russes », relaye l’ambassade russe sur Facebook. « Les Coréens savent comment fabriquer des vêtements modernes, de grande qualité, qui répondent aux goûts les plus exigeants. »

Anthony Rinna, expert des relations entre la Russie et la Corée du Nord, a déclaré à NK News que c’est dans l’intérêt de Moscou que l’économie du régime des Kim se maintienne à flot.

« Il est également dans l’intérêt de la Russie d’avoir une présence économique solide dans la péninsule coréenne », explique-t-il. « S’ils peuvent constituer un marché d’exportation pour la RPDC (République populaire démocratique de Corée, ndlr), cela contribue à renforcer leur position d’acteur économique sur un marché asiatique situé juste à leur frontière, aussi petit soit-il. »

En promouvant la marque « made in North Korea », le Kremlin pourrait essayer de signaler que la RPDC et la Russie sont des âmes sœurs qui se soutiennent mutuellement contre la guerre économique menée par l’Occident », ajoute Rinna.

Roquettes et grenades

L’intérêt de la Russie pour l’importation de vêtements nord-coréens peut également découler des effets des sanctions internationales visant la Russie. Par exemple, Moscou peut remplacer les produits que le pays ne peut plus obtenir de l’Occident par des produits de substitution nord-coréens. En septembre, par exemple, on a appris que la Russie avait acheté pour des millions de roubles d’équipements militaires à la RPDC parce que l’industrie de l’armement du régime de Poutine ne peut plus approvisionner correctement l’armée russe.

La Corée du Nord est particulièrement intéressante pour la Russie en tant que source de missiles et d’obus. « La Corée du Nord représente probablement la plus grande source de munitions d’artillerie compatibles en dehors de la Russie, y compris les installations de production nationales pour des approvisionnements supplémentaires », a déclaré Joseph Dempsey, chercheur à l’Institut international d’études stratégiques, au Guardian.

En outre, les vêtements en provenance de Corée peuvent servir de symbole au Kremlin pour défier les sanctions occidentales.

La coopération n’est pas encore une certitude

Cependant, la coopération entre Moscou et Pyongyang n’est pas encore une certitude. Des responsables de l’ambassade ont déclaré au média d’État russe Ria Novosti que toute coopération devait être conforme aux résolutions du Conseil de sécurité des Nations unies. En effet, la résolution 2375 interdit aux pays d’importer des textiles nord-coréens dans le cadre des sanctions contre le programme de missiles nucléaires du régime de Kim.

La manière dont la Russie entend façonner la coopération future est actuellement inconnue.

Des chevaux de race à Pyongyang

La Corée du Nord et la Russie ont renforcé leurs liens au cours des derniers mois, en grande partie en raison du soutien de Pyongyang à l’invasion de l’Ukraine par Moscou. La semaine dernière encore, la Russie a envoyé un train transportant 30 chevaux de race, appréciés par l’élite de Pyongyang, à travers la frontière de la RPDC. Il s’agissait de la toute première expédition par train entre les pays depuis début 2020.

« Le redémarrage du trafic ferroviaire servira les intérêts économiques des peuples nord-coréen et russe », s’exprimaient Sin Hong-chol, ambassadeur nord-coréen et le gouverneur du district russe de Primorski, Oleg Kozhemyako. « Nous soutenons sans équivoque les actions de la Russie en Ukraine. Là-bas, le Kremlin agit contre l’impérialisme des États-Unis et de leurs alliés. »

(CP)