Le patriotisme est à double tranchant : Les États-Unis refusent un accord commercial si le Royaume-Uni impose une taxe aux “Big Tech”

La Grande-Bretagne peut oublier un accord commercial favorable qu’elle a conclu avec les États-Unis si elle poursuit ses projets d’imposer une taxe supplémentaire aux entreprises de technologie américaines. La taxe sur les services numériques, qui doit être votée de l’autre côté de la Manche à l’automne, devrait frapper des entreprises telles que Google, Facebook, Amazon et Twitter. Si la loi est adoptée, elle entrera en vigueur en avril 2020. Les Britanniques estiment que la mesure devrait rapporter plus de 400 millions de livres sterling (437 millions d’euros) d’ici 2020.

Les Américains ont déjà protesté contre la loi à différents niveaux de négociation. Cette affaire semble maintenant être l’un des principaux obstacles à la conclusion de l’accord commercial que les deux pays veulent annoncer rapidement.

Pire encore, une série de membres du Congrès américain – sous la pression du lobby de la Silicon Valley – ont déclaré qu’il était inutile d’entamer des négociations tant que la taxe ne serait pas supprimée. C’est l’un des rares cas où républicains et démocrates adoptent la même position.

Cette taxe avait été annoncée l’an dernier par le ministre des Finances de l’époque, Philip Hammond. Il devait s’agir d’un impôt de 2 % sur tous les revenus de Big Tech au Royaume-Uni. Pensez aux moteurs de recherche sur Internet, aux plates-formes de médias sociaux et aux places de marché en ligne.

Le patriotisme est à double tranchant quand un accord commercial est en jeu

Ce projet de loi était le résultat de l’indignation du public suscitée par les impôts marginaux que des entreprises comme Google paient de l’autre côté de la Manche. Néanmoins, Washington considère cette taxe comme une mesure punitive qui n’affecte que les entreprises américaines et n’est donc pas juste.

Les Britanniques peuvent déjà compter sur un adversaire déterminé en la personne du président américain Trump. Lorsque la France a annoncé une taxe similaire le mois dernier, il a qualifié la décision de Macron « d’idiote » et l’a menacé d’imposer une taxe à l’importation sur le vin français.

Les taxes ne font normalement pas partie des négociations de traités commerciaux. Mais désormais, les Américains semblent disposés à utiliser la taxe sur les services numériques comme monnaie d’échange.

Boris Johnson apprend donc rapidement que le patriotisme est un couteau à double tranchant. Les tenants du Brexit veulent à tout prix reprendre le contrôle de ce qui se passe dans leur propre pays. Car aujourd’hui, selon eux, c’est surtout Bruxelles qui décide. Mais le nouveau Premier ministre est déjà pris entre deux feux. Ou bien il reporte l’introduction de la taxe jusqu’à nouvel ordre, et passera alors pour le « caniche » de Trump. Ou bien il persévère et irrite la classe politique à Washington, en échange de 400 millions de livres.

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