Assez inhabituelle, telle a été l’approche du président de Vooruit, Rousseau, après sa nuit bien arrosée dans sa ville natale de Saint-Nicolas. Pour rappel, il avait été soupçonné d’avoir tenu des propos racistes en présence de policiers, selon les agents eux-mêmes. Onze jours plus tard, un procès-verbal avait été dressé. Et cette information avait fuité.
- Het Laatste Nieuws et VTM, qui appartiennent tous deux à DPG Media, souhaitaient publier des parties du rapport. Mais Rousseau s’est rendu devant le juge des référés de Termonde, avec l’aide de son avocat Simon Bekaert. Ils ont demandé, par une requête unilatérale, d’empêcher la publication de ces extraits. Le juge a suivi leur demande et a imposé une astreinte de 1.000 euros non seulement à DPG Media, mais à quiconque souhaitait les publier.
- Chez DPG Media, ça a été l’incrédulité : il s’agissait d’une « interdiction préventive » qui ne correspondait pas, selon eux, aux principes fondamentaux de la Constitution. De nombreux experts en droit constitutionnel l’ont confirmé, dont Jogchum Vrielink de Saint-Louis et Koen Lemmens de la KU Leuven.
- La VVJ, l’association professionnelle des journalistes flamands, s’est également jointe à la critique et au procès. « Nous continuons à nous battre pour pouvoir publier au plus vite ce que nous savons dans cette histoire d’une grande importance sociétale », a-t-il été entendu de la part de DPG Media.
- Cela s’avère désormais être un revers amer. Car même sur le fond, le juge de Termonde a donné raison à Rousseau, malgré l’opposition des experts juridiques. Le juge a conclu que l’interdiction de publication était bel et bien légitime.
- Cela crée immédiatement un précédent important pour tous ceux confrontés à des fuites provenant d’un PV ou d’une enquête judiciaire. Pour le journalisme, cela soulève de grandes questions. Il semble donc très probable que tant DPG Media que la VVJ feront appel.
- Pour Rousseau, c’est une victoire : sa démarche avait été qualifiée de « déraisonnable » par de nombreuses personnes, tant elle était inédite. Jamais auparavant un homme politique n’avait été aussi loin, face à une entreprise médiatique aussi importante, pour empêcher une publication via une requête unilatérale. Cependant, le fait que le juge lui donne désormais raison remet sérieusement en cause l’idée que Rousseau aurait agi de manière « déraisonnable ».
(OD)