Où en sont les réserves de gaz européennes et seront-elles suffisantes pour ne pas connaitre une nouvelle flambée des prix ?

Où en sont les réserves de gaz européennes et seront-elles suffisantes pour ne pas connaitre une nouvelle flambée des prix ?
(Getty Images)

Les stocks européens de gaz de l’Union européenne se sont reconstitués beaucoup plus rapidement que les années précédentes. Mais quelle est la situation actuelle ?

L’essentiel : Bien que les réserves de gaz soient bien remplies pour cette période de l’année, il ne s’agit pas d’un record.

  • Au moment de la rédaction de cet article, les réserves de gaz européennes sont remplies à plus de 84%. C’est ce qui ressort des données de Gas Infrastructure Europe (GIE).
  • C’est nettement plus par rapport à la même période l’année dernière. Le 25 juillet 2022, seulement 67,12% de la capacité était reconstituée. Le niveau actuel n’a été atteint qu’à la mi-septembre de la même année.
  • C’est aussi nettement supérieur à la moyenne du 25 juillet des cinq dernières années. De 2018 à 2022, les réserves de gaz étaient en moyenne remplies à environ 69,1%.
  • Il faut toutefois nuancer ces chiffres, qui varient fortement d’une année à l’autre. En 2019, les réserves étaient remplies à 81% à cette période. L’année suivante, l’année de la Covid-19, le taux de remplissage atteignait même 84,5%. En 2018 et 2021, les réserves étaient respectivement remplies à 58,2% et 54,72%.
  • En Belgique aussi, les réserves de gaz sont bien remplies. Au moment de la rédaction, plus de 95% de la capacité de stockage était utilisée. De 2018 à 2022, la moyenne était de 68,45%.
    • Il faut cependant mentionner que notre pays dispose d’un espace de stockage très limité, seulement 7,61 térawattheures (TWh). Lorsque les réserves sont complètement remplies, elles couvrent environ 4% de la consommation annuelle.

Et le prix du gaz ?

À noter : Le prix des contrats à terme sur le gaz naturel sur le marché de référence TTF a chuté au milieu de ce mois, atteignant un point bas d’environ 25 euros par mégawattheure (MWh) le 17 juillet. Depuis, le prix a légèrement augmenté, à 32 euros, soit toujours plus de dix fois inférieur à la pointe de 340 euros par MWh atteinte en août de l’année dernière.

  • Les augmentations de prix ont plusieurs causes. Par exemple, des problèmes persistent avec la production norvégienne, le plus grand exportateur de gaz vers l’UE par pipeline depuis que la Russie a fermé les pipelines Nord Stream et Yamal. En même temps, la capacité d’exportation des États-Unis a temporairement diminué, après qu’une partie d’un pipeline important a dû être fermée en raison d’un incendie.
  • En Europe, la demande de gaz naturel a entre-temps augmenté. Cela est principalement dû au temps exceptionnellement chaud dans de grandes parties du sud de l’Europe. La demande de gaz naturel y est plus élevée en raison de l’utilisation accrue de la climatisation.

Et cet hiver : Évitera-t-on la crise des prix ?

  • Certainement. Mais plusieurs facteurs pourraient faire à nouveau grimper les prix et donc les factures.
  • D’abord la météo, qui a été particulièrement clémente l’hiver dernier. En cas d’hiver rude cette année, le consultant ICIS estime que les prix pourraient doubler, voire tripler.
  • Ensuite, il y a toujours le gaz russe. Il représente encore aujourd’hui 15 % de l’approvisionnement en gaz de l’Europe, contre environ 40 % avant la guerre en Ukraine. Du gaz russe arrive toujours sur notre continent via l’Ukraine et la Turquie. Si Poutine venait à fermer les vannes, cela ajouterait de la pression sur le marché.
  • D’autant que les réserves européennes, même pleines, sont limitées. En moyenne, l’Europe consomme 2,5 fois ses capacités de stockage chaque hiver.
  • On se tournerait alors vers le GNL. Mais en cas d’hiver rigoureux, une nouvelle compétition acharnée aura lieu entre l’Europe et l’Asie, ce qui ferait grimper les prix. ICIS estime que la demande asiatique baisse lorsque les prix atteignent entre 58 et 87 euros par MWh. Les pays asiatiques dont la Chine préfère à ce prix se tourner vers le charbon.
  • Récemment, la banque Morgan Stanley a estimé que le prix du gaz pourrait grimper en Europe à 100 euros le MWh, en cas d’hiver très rigoureux et d’une production d’énergies renouvelables décevantes.
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