Repousser ses propres limites: comment la douleur départage les champions et les amateurs

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Qu’est-ce qui fait la différence entre un champion du marathon et un joggeur du dimanche? Pour beaucoup, ce sont les heures d’entraînement qu’ils y consacrent qui les séparent. Mais un autre facteur est encore plus important, a indiqué Mary Wittenberg, la présidente des Road Runners de New York, «la capacité à poursuivre à un niveau d’effort qui semble impossible à maintenir pendant une longue période. La ténacité mentale et la capacité de gérer et même de se renforcer et de repousser la douleur physique est un facteur clé qui sépare les mortels et les immortels à la course ».

Les athlètes d’élite n’y échappent pas. « Certains pensent que les athlètes d’élite ont la vie plus facile. Mais rien ne pourrait être plus éloigné de la réalité », estime le Dr. Jeroen Swart, un médecin du sport qui travaille à l’Institut des Sciences du sport de l’Afrique du Sud. « Alors que les athlètes s’améliorent, qu’ils deviennent plus rapides, et battent leurs propres records, cela ne devient pas plus facile. Ils ont tout autant de douleur. Mais c’est savoir comment l’accepter qui leur permet d’améliorer leur performance ».

Un moyen simple pour mieux faire face à la douleur est d’essayer la course avant d’y participer pour de bon. Swart a demandé à des cyclistes de courir aussi vite qu’ils le pouvaient sur un parcours de 40 km. Plus ils s’habituaient à la course, et plus ils y étaient rapides, même s’ils avaient l’impression d’être au bout de leurs possibilités d’effort à chaque fois. Les cyclistes d’élite s’entraînent à gravir des montagnes pour s’habituer à franchir les cols du Tour de France.

Une autre technique est celle de l’association, où l’on se concentre très intensément sur le fait même de courir, de nager, de pédaler, et ce faisant, on se dissocie, on oublie l’effort intense requis pour la performance, et les douleurs qui l’accompagnent. « Parfois, la dissociation permet aux coureurs d’accélérer, parce qu’ils ne font plus attention à leur peine et à leurs efforts », explique John S. Raglin, un psychologue du sport de l’université d’Indiana.

Il existe d’autres stratégies mentales. Le Dr Swart explique que certains sportifs parviennent à résister à leur sentiment de fatigue et leur envie de ralentir, en se concentrant sur l’augmentation de l’intensité de leur effort. Cette force mentale leur permet de repousser leurs propres limites. D’autres atteignent un état ​​mental qui peut être comparé à un état de transe, au cours duquel ils peuvent bloquer toute distraction. D’autres, enfin, se concentrent sur les autres athlètes qu’ils peuvent battre, afin de ne pas faiblir par rapport à eux.

Le coureur de longue distance français Serge Girard, qui a parcouru 27.000 km en un an, soit une moyenne quotidienne de 73 km, avait expliqué sa recette pour dépasser la douleur : « Au-delà de 20 km, la douleur est inévitable. Je le sais d’avance, donc je ne subis pas. Disons que je prends du plaisir à la dépasser ».

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