Une réforme de l’État et ensuite la fin possible de la Belgique : le sujet est plus que jamais sur la table. Tandis que Georges-Louis Bouchez, président du MR, tend la main à la N-VA, il veut aller moins loin que les plans de ce parti. Et la question reste également de savoir s’il y a une grande différence entre ce que dit le PS maintenant et ce qu’il fera ensuite.
Dans l’actualité : Un débat entre Georges-Louis Bouchez (MR) et Jan Jambon (N-VA) dans Terzake tourne autour d’une seule question, la réforme de l’État.
- Georges-Louis Bouchez a le vent en poupe. Le MR atteint dans le dernier sondage de DPG Media le même niveau que le PS, à 22,6 %. La probabilité que le MR ait son mot à dire dans les négociations gouvernementales fédérales augmente donc. Ainsi, après Alexander De Croo (Open Vld), Bouchez cherche également ouvertement une collaboration avec la N-VA.
- Et c’est remarquable : si la participation au gouvernement nécessite qu’une réforme de l’État soit convenue, Bouchez n’y voit aucun problème. « Si nous devons faire une réforme de l’État pour rendre l’État plus léger et plus efficace, nous le ferons », dit Bouchez. « Mais pas pour la fin de la Belgique, que ce soit clair. »
- Dans Terzake, Jambon réitère l’exigence de la N-VA pour la participation au gouvernement : le confédéralisme. Il veut travailler dans le sens inverse. « Transférer les compétences aux régions et voir ensuite ce que l’on veut encore faire ensemble », plutôt que de voir quelles compétences pourraient être mieux gérées régionalement.
- Pour Jambon, resteraient au niveau fédéral : l’armée, le remboursement de la dette de l’État et la politique étrangère. Il voit la justice, les soins de santé et l’énergie passer aux régions. Par exemple, il observe des différences entre le fonctionnement de la police et de la justice en Flandre et en Wallonie.
- Pour Bouchez, cela va trop loin. « C’est une ligne rouge, cela n’a pas de sens. La grande criminalité est au moins au niveau belge, si ce n’est au niveau européen. Si des drogues arrivent à Anvers, c’est pour les distribuer à Bruxelles, mais aussi jusqu’au cœur de la province de Luxembourg. » Il poursuit : « Il en va de même pour la justice : elle doit être rendue plus stricte sur tout le territoire ».
- La prévention en matière de santé est actuellement réglée au niveau régional. Bouchez aimerait en faire à nouveau une compétence fédérale. Jambon a qualifié cela de « la chose la plus ridicule que j’aie jamais entendue ».
Des points communs
Noté : La porte entre les deux partis reste bel et bien ouverte.
- En même temps, Bouchez ne veut pas fermer totalement la porte : « Je ne vais pas arriver à la table des négociations en disant qu’il n’y a rien de possible. Nous pouvons en discuter ensemble ».
- Il se montre notamment favorable à la régionalisation des allocations de chômage. Il parle ici de « responsabilisation ». « La Wallonie a plus de demandeurs d’emploi que la Flandre. Mais la Wallonie n’en ressent pas les conséquences dans son budget régional, car la caisse fédérale continue de payer ». La Wallonie a donc une responsabilité, estime Bouchez. « Si les régions doivent activer les demandeurs d’emploi, elles doivent aussi payer les allocations. Cela les obligera à faire des réformes ».
- Bouchez demande directement à Jambon : « La N-VA veut-elle entrer dans un gouvernement centre-droit avec l’Open Vld, le MR, Les Engagés peut-être, et le cd&v, pour réformer notre pays en urgence ? »
- Jambon remet alors sur la table l’exigence confédérale : « Nous sommes pour un gouvernement centre-droit, si nous pouvons conclure un accord avec les partis centre-droit pour réformer, y compris une réforme des institutions, y compris transférer des compétences aux régions ».
- Mais dans la conversation, Jambon a également su modérer ses propos. La fin de la Belgique n’est pas le but, dit-il. « Nous ne sommes pas pour une scission du pays. Le nom Belgique, et les Diables Rouges, peuvent aussi rester ».
Qui la N-VA choisira-t-elle : Bouchez ou Magnette ?
À suivre : Tandis que la N-VA et le MR se rapprochent, le PS maintient la porte fermée.
- Le président de la N-VA, Bart De Wever, ne fait pas mystère de son souhait de parler avec le PS de la réforme de l’État et de former un gouvernement ensemble. Mais avec le MR qui tient tête au PS, cela ne sera peut-être même pas nécessaire.
- Cela rendrait la tâche beaucoup plus facile pour la N-VA. Le président du PS, Paul Magnette, ne veut rien savoir d’une réforme de l’État. « Je ne vais pas perdre une seconde à discuter du confédéralisme », a-t-il dit lors d’un débat avec De Wever.
- En fait, Magnette n’a aucune envie de collaborer avec la N-VA, confédéralisme ou non. « L’idée que nous devions collaborer n’est pas saine pour la Belgique. Au cours des 10 dernières années, nous avons d’abord eu un gouvernement centre-droit, sans le PS. Ils ont alors pu mettre en œuvre leur vision du monde. Ensuite, il y a eu 5 ans de gouvernement centre-gauche, sans la N-VA. Nous avons alors pu mettre en œuvre notre programme », souligne-t-il les divergences.
- Et tandis que Jambon fait de son mieux pour expliquer que, selon lui, le confédéralisme ne signifie pas la fin de la Belgique, Magnette ne manque aucune occasion de s’y opposer. « Toutes vos caricatures ne servent qu’à affaiblir la Belgique. Vous voulez toujours la fin du pays », accuse-t-il De Wever.
- Selon De Wever, il y a une différence fondamentale entre ce que Magnette dit devant les caméras et ce qui se passe en coulisses. « Soyez honnête, nous en avons déjà parlé. Et nous en reparlerons si l’électeur flamand le veut », dit-il.
- Il est également clair que De Wever préfère parler à Magnette qu’à Bouchez. Ce dernier est connu pour être un franc-tireur et un bavard, tandis que De Wever préfère une approche tactique et calculée. Les deux ont donc peu de contact. « Ce que je ne comprends pas chez le président de la N-VA, c’est qu’il veut discuter avec le PS », dit Bouchez. « Monsieur De Wever refuse le débat, que ce soit en privé ou en public ».
- Il faut attendre après les élections pour voir si le MR devient le plus grand parti en Wallonie, et comment la N-VA veut alors imposer une réforme de l’État. En période électorale, beaucoup de choses sont imprévisibles. Les deux scénarios ont leurs avantages et leurs inconvénients.