Réforme des retraites: ça tourne en rond

Après cinq semaines de grève et des manifestations, le gouvernement français a dévoilé deux projets de loi de réforme des retraites… peu susceptibles de convaincre les syndicats. Le point sur la situation.

Le gouvernement français, pressé de dévoiler ses cartes pour sortir d’un conflit social interminable, a précisé jeudi le contenu de sa réforme, qui contient toujours un âge ‘pivot’, fixé à 64 ans, et un système de décote/surcote par rapport à l’âge légal maintenu à 62 ans. Les quelques dizaines de pages reprennent presque en tous points le rapport rédigé en juillet dernier par Jean-Paul Delevoye, haut-commissaire aux Retraites jusqu’à sa démission, le mois dernier. Le document est augmenté des ajustements que le Premier ministre Edouard Philippe avait dévoilés le 19 décembre.

Cependant, un certain nombre de points clés, encore en discussion, feront l’objet d’ordonnances, comme ‘les règles de transition en matière d’âge de départ à la retraite et d’âge d’équilibre applicables aux anciens assurés des régimes spéciaux’.

Toujours est-il que ces deux textes gravent dans le marbre de la loi une règle ‘obligeant’ à prévoir l’équilibre financier du futur système ‘universel’ de retraite par points, mais aussi un ‘âge d’équilibre’, pour ne pas dire âge pivot. Or, ce point de la réforme est vivement contesté par les syndicats, même modérés. Jeudi, ce sont encore des centaines de milliers de personnes qui se sont mobilisées à travers la France, pour une quatrième journée d’action nationale.

Les projets de loi doivent être présentés en Conseil des ministres le 24 janvier prochain et seront examiné par l’Assemblée nationale à partir du 17 février.

‘Si l’âge pivot reste dans la loi, c’est non’

Les mesures contenues dans ces deux textes ont très peu de chance de convaincre les syndicats qui exigent le retrait pur et simple de la réforme, CGT et FO en tête.

Le premier syndicat français, la CFDT, pourtant favorable au principe général de la réforme, a également freiné des quatre fers dans la foulée de l’annonce faite par l’exécutif français. ‘Si l’âge pivot reste dans la loi, c’est non, c’est clair’, a averti son secrétaire général, Laurent Berger.

‘Rien reçu’

Alors que des réunions doivent avoir lieu dans la journée à Matignon, le texte de la réforme était censé avoir été transmis aux partenaires sociaux… Ce qu’a démenti Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT, ce vendredi matin sur France info.

‘Je n’ai rien reçu’, a-t-il assuré. ‘Si on discute de choses qui sont déjà écrites, ça ne me ravit pas d’aller faire l’imbécile devant le Premier ministre pour m’apercevoir que ces discussions ne servent à rien. C’est la cerise sur le gâteau’.

Les syndicats les plus hostiles à la réforme ont en outre exprimé le souhait de faire de mardi 14 janvier une ‘journée de grèves et de convergence interprofessionnelles’, et annoncé des initiatives déclinées ‘sous toutes les formes’ mercredi 15 et jeudi 16, en espérant des ‘manifestations massives’ auparavant, samedi 11.

Voici les principales mesures du projet de loi:

  • Un âge pivot instauré dès 2022, avec des spécificités selon les métiers.
  • Une retraite par points, gérée par une ‘caisse nationale de retraite universelle’, entrera en vigueur dès 2022 pour la génération 2004 et à partir de 2025 pour la génération 1975, avec l’équilibre financier comme règle d’or.
  • Le niveau de retraite des enseignants garanti
  • La pension de réversion, censée garantir le maintien de 70% des ressources du couple après le décès de l’un des conjoints, sera mise en place dès 55 ans, au lieu de 62 ans comme précédemment annoncé.
  • Des droits familiaux garantis
  • Une pension fixée à 1.000 euros minimum à partir de 2022, après une carrière complète, à 83% du SMIC net en 2023, 84% en 2024 et 85% en 2025.
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