Le nombre de pays pauvres a diminué de moitié au cours des 20 dernières années

Le monde d’aujourd’hui compte moitié moins de pays pauvres qu’au début de ce siècle, indique un rapport de la Banque mondiale. L’étude souligne que la lutte contre la pauvreté a connu un franc succès au cours des dernières décennies. Néanmoins, l’éradication du problème demeure extrêmement difficile, et dans certains pays, on note même un recul de leur situation. 

Au début de ce siècle, soixante-quatre nations figuraient encore dans la catégorie des pays à faibles revenus. Cela signifie que dans ces pays, le produit intérieur brut par habitant demeurait inférieur au seuil de 755 dollars. En 2003, ce groupe comptait encore 66 nations, mais de nos jours, elles ne sont plus « que » 34 (sachant qu’entretemps, la limite de revenu a été fixée à 995 $).

Des facteurs divers, dont la mondialisation

Comment expliquer cette évolution positive ? D’abord par la flambée des cours des matières premières au début de ce millénaire. Des pays tels que la Côte d’Ivoire, le Cameroun, le Ghana, le Mozambique et la Tanzanie, ont par exemple profité de la découverte de nouveaux gisements de pétrole.

Par ailleurs, un certain nombre de pays d’Asie centrale, qui avaient été gravement touchés par la récession des années nonante du siècle dernier, dont l’Arménie, l’Azerbaïdjan, le Kirghizistan et le Tadjikistan, sont parvenus à en sortir. D’autres nations, tels que le Burundi, le Libéria, le Rwanda et la Sierra Leone, ont renoué avec la paix relative après une période de conflits.

Mais pour un grand nombre d’Etats, c’est la mondialisation qui les a hissés hors de la pauvreté. Ils ont en effet commencé à prendre part au commerce mondial. En Afrique noire, la création de plusieurs zones de libre-échange a permis de stimuler les échanges intra-régionaux et les injections de capitaux d’investissements. Cela a permis à ces pays de développer leur industrialisation, et d’intégrer les chaînes de valeur internationales. Parmi les pays concernés, on retrouve le Burundi, le Kenya, le Rwanda, la Tanzanie et l’Ouganda, mais aussi le Nicaragua, la Moldavie, le Bhoutan et le Bangladesh.

Des remises de dettes cruciales

De même, les remises de dettes dont certains pays pauvres ont bénéficié au début du siècle ont été très bénéfiques, selon le rapport. Ces pays pauvres ont pu bénéficier d’un rythme de croissance économique moyen de 5,8 % par an, et ont pu investir dans les infrastructures, l’éducation et la santé. L’amélioration de l’environnement économique qu’ils ont ainsi offert à leurs citoyens et leurs entreprises a créé un effet vertueux.

Au total, trente-deux nations sont ainsi passées de la catégorie des pays à faibles revenus à celle des pays à revenu intermédiaire (c’est à dire dont le revenu national brut par habitant s’établit entre 996 et 12 055 dollars). En conséquence, 20 % de leurs citoyens sont également sortis de la pauvreté.

Le recul de certains pays

Néanmoins, malgré ces bonnes nouvelles, la bataille n’est pas gagnée pour autant. Le rapport indique même que ces améliorations se sont atténuées au cours de ces dernières années. En particulier, 4 pays (le Sénégal, le Tadjikistan, le Yémen et la Syrie) sont retombés dans la pauvreté au cours des trois dernières années.

Au Yémen et en Syrie, ce recul est bien entendu imputable aux guerres qui affligent ces pays. Le Sénégal a été victime de catastrophes climatiques qui ont gravement nui à son agriculture. Quant auTadjikistan, il est retombé dans la pauvreté en raison de sa croissance démographique rapide.

Les conflits armés, l’isolement géographique, la dépendance à l’égard d’une agriculture vulnérable au changement climatique, ainsi que le ralentissement de la croissance mondiale sont autant de menaces susceptibles de faire replonger ces pays dans le marasme, avertit la Banque mondiale.

D’après Ceyla Pazarbasioglu, vice-présidente de cette Institution, si d’autres facteurs ne permettent pas de soutenir des taux de croissance dynamiques, il faut donc s’attendre à ce que l’objectif de ramener l’extrême pauvreté à moins de 3 % de la population mondiale d’ici la fin de la prochaine décennie ne soit pas réalisé.

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