La Corée du Nord détient le triste privilège d’être le pays où l’on recense le plus d’esclaves modernes. Selon le rapport “The Global Slavery Index 2018” (GSI), établi par la Walk Free Foundation, une organisation mondiale luttant contre l’esclavage moderne, on n’en comptait pas moins de 2,6 millions dans le royaume ermite en 2016.
Cela signifie qu’un Nord-Coréen sur dix vit en esclavage, soit par le travail forcé, ou dans le cadre d’un mariage. Une grande partie de ce chiffre recouvre les personnes forcées de travailler pour l’État, indique le rapport.
L’esclavage moderne implique l’utilisation de la violence, de la tromperie et des menaces pour piéger les personnes et les forcer à travailler, les exploiter sexuellement, ou en faire des domestiques.
Par exemple, récemment, un transfuge qui était musicien dans l’armée nord-coréenne a affirmé que les pom-pom girls qui défendaient les couleurs du pays lors des derniers Jeux Olympiques d’hiver étaient les esclaves sexuelles des dirigeants politiques du pays. Selon Lee So-yeon, qui a fui en Corée du Sud en 2008, les danseuses et chanteuses sont obligées de se déshabiller et d’accorder des faveurs sexuelles lors des fêtes quotidiennes organisées par le Politburo central.
Andrew Forrest, fondateur de la Fondation Walk Free, a déclaré à Axios qu’il espérait que le président Trump allait soumettre cette question au dirigeant nord-coréen Kim Jong-un. “Personne n’est mieux qualifié que Donald Trump pour persuader et informer le président nord-coréen de la réalité de l’esclavage moderne”, explique l’analyste. Espérons que Trump entende cette prière…
40 millions d’esclaves dans le monde
Plus de 40 millions de personnes dans le monde vivaient en situation d’esclavage moderne en 2016, dont 15,4 millions dans le cadre de mariages forcés, et 24,9 millions enrôlées dans le travail forcé, selon le rapport. 71 % de ces personnes étaient des femmes. Outre la Corée du Nord, l’Érythrée, le Burundi, la République centrafricaine, l’Afghanistan, la Mauritanie, le Soudan du Sud, le Pakistan, le Cambodge et l’Iran sont aussi cités comme étant des pays où les régimes répressifs n’hésitent pas à asservir certains de leurs sujets pour soutenir le gouvernement.
Selon le rapport, les pays occidentaux portent aussi leur part de responsabilité, parce qu’ils importent près de 300 milliards d’euros de biens (en particulier les gadgets électroniques – ordinateurs portables ou non, et smartphones), les vêtements, le poisson, le cacao et la canne à sucre), qui ont été produits en ayant recours à l’esclavage. En Corée du Nord, la production de charbon est particulièrement visée.
Et la Belgique ?
Le rapport estime que 3,590 millions de personnes vivent en esclavage en Europe, dont 91 % astreintes au travail forcé, et 9 % emprisonnées dans des mariages forcés. L’esclavage serait le plus fréquent comparativement à la taille de la population au Turkménistan (environ 62 000 victimes pour une population de 5,6 millions de personnes), en Biélorussie (environ 103 000 victimes pour une population de 9,5 millions de personnes), en Macédoine (environ 18 000 victimes pour une population de 2 millions de personnes), en Grèce (environ 89 000 victimes pour une population de 11,2 millions de personnes), et en Albanie (environ 20 000 victimes pour une population de 2,9 millions de personnes).
La Belgique se classe 40e sur les 50 pays européens étudiés, avec 23000 victimes pour une population de 11,3 millions de personnes. La France, elle, se classe juste derrière, avec 129 000 victimes pour une population de 64,5 millions d’âmes.
Notre pays figure à la 5e place du top 10 des pays du monde qui entreprennent le plus d’actions pour lutter contre l’esclavage, derrière les Pays-Bas, les État-Unis, le Royaume-Uni, et la Suède.