Au Royaume-Uni, les entreprises utilisent pour la première fois l’intelligence artificielle (IA) et la reconnaissance faciale lorsqu’elles recrutent de nouveaux employés. Unilever est l’une des sociétés qui filment l’élocution, l’intonation et l’expression faciale des différents candidats lorsqu’ils répondent à une série de questions.
Les algorithmes font le reste. Ils sélectionnent ensuite les meilleurs postulants en comparant leurs enregistrements avec une série de 25 000 autres enregistrements de personnes qui se sont distinguées pour leurs qualités professionnelles.
Le logiciel de reconnaissance faciale utilisé est d’origine américaine. La société américaine Hirevue s’attache à faire reposer davantage de recrutements de candidats sur des entretiens, plutôt que sur la base des CV.
25 000 indicateurs par vidéo de 15 minutes
Chaque vidéo de 15 minutes donne au système 25 000 indicateurs. Cela lui permet de fournir une idée plus fiable et objective de la performance future du candidat. Et d’éviter tous les préjugés humains. La société s’est engagée à ajouter 1 million d’entretiens à sa base de données tous les 90 jours. Sur ce nombre, 150 000 présélections seront extraites. 80 % à 90 % de la décision finale d’offrir un emploi à quelqu’un serait basée sur ses compétences verbales et linguistiques.
Les candidats utilisent-ils des phrases longues ou courtes? Est-ce qu’ils parlent lentement ou rapidement ? Utilisent-ils un langage parlé ou plutôt des termes académiques ? Ainsi, les télévendeurs, les best-sellers et les scientifiques deviennent rapidement visibles. Mais l’expression du visage permet aussi d’en apprendre beaucoup sur une personne. Le candidat rit-il beaucoup, fronce-t-il les sourcils, son expression faciale trahit-elle ses émotions ? Ce sont des détails importants pour les personnes qui entrent souvent en contact avec d’autres personnes dans le cadre de leur travail.
Selon Hirevue, les entreprises qui utilisent le système de reconnaissance faciale sont enthousiastes. Certaines auraient mesuré une augmentation de 15 % des ventes.
« Les préjugés sont inévitablement intégrés au système »
Mais les universitaires et les militants de la protection de la vie privée sont moins enthousiastes. Selon eux, les préjugés sont inévitablement intégrés à l’IA. Ils vont inévitablement discriminer un certain nombre de candidats. Des candidats talentueux seront donc négligés, car ils ne répondent pas aux normes. La critique portent surtout sur le fait que les personnes qui « passent » bien en vidéo seraient les grandes bénéficiaires de ce système.