Le réchauffement climatique met en danger un phénomène naturel crucial pour la capture des émissions de carbone

Les mauvaises nouvelles pour notre planète se suivent et se ressemblent : cette fois, une étude met en lumière le risque pour les plantes ne plus réaliser aussi bien la photosynthèse. Une potentielle épée de Damoclès au-dessus de nos têtes.

Dans l’actu : La sécheresse atmosphérique causée par le changement climatique aurait freiné l’augmentation de la photosynthèse planétaire.

Face à la montée du CO2 dans l’atmosphère, les plantes se sont-elles adaptées et ont-elles intensifié leur photosynthèse, mécanisme par lequel elles captent ce dioxyde de carbone ? C’est un fantasme qui était jusqu’alors espéré par plusieurs chercheurs, jusqu’à ce que Jingfeng Xiao, de l’Université du New Hampshire, vienne tout remettre en question.

  • Son étude a l’effet d’une douche froide : alors que certains scientifiques voyaient en ce mécanisme végétal un moyen de réduire le gaz responsable de l’effet de serre dans l’air, Jingfeng Xiao indique que ce phénomène s’est amoindri depuis le début du siècle, rapporte New Scientist.
  • En cause : la montée du déficit de pression de vapeur, un indicateur de la sécheresse atmosphérique, qui annule en partie l’effet du CO2, selon Xiao.
  • En quoi ça est-ce pertinent ? Pour faire simple, la sécheresse de l’air fait perdre trop d’eau aux plantes, qui ferment alors leurs pores pour se protéger. Cela réduit leur capacité à capter le CO2 et à faire la photosynthèse.
  • Ce phénomène s’est accentué depuis 2000 avec le réchauffement climatique, selon Xiao. Le chercheur remet en cause l’efficacité des arbres pour piéger le carbone et limiter l’effet de serre. Planter des arbres à tout-va pour compenser nos émissions de carbone ne serait donc pas la solution miracle – il faut s’en prendre à la source du problème.

Les détails : Comment mesurer le taux de photosynthèse et l’impact du réchauffement ?

  • Pour étudier l’évolution de la photosynthèse sur la planète, Xiao et son équipe ont exploité des données recueillies par des capteurs installés dans divers milieux naturels, comme les forêts ou les savanes, qui enregistrent les variations de CO2 et d’humidité dans l’air entre 1982 et 2016.
  • Les chercheurs ont aussi utilisé des images satellites pour évaluer le développement végétal dans différentes régions du monde.
  • Grâce à l’apprentissage automatique (merci l’IA), ils ont pu fusionner ces sources d’information pour obtenir une vision globale des fluctuations de la photosynthèse.

Objection : Les résultats de cette étude sont remis en question par Iain Colin Prentice, chercheur à l’Imperial College de Londres.

  • Prentice met en doute la fiabilité du modèle utilisé par les chercheurs, qui se base sur des mesures de fluctuation météorologique prises par des capteurs dispersés dans le monde entier. Il souligne qu’il existe des incertitudes liées à l’expansion de ces mesures à l’échelle mondiale, c’est-à-dire à leur généralisation à partir d’un nombre limité de capteurs. Il suggère donc que ces incertitudes peuvent affecter la validité du modèle et la précision des résultats.
  • Xiao reconnaît ces limites, mais maintient que son équipe a trouvé une « tendance globale cohérente ».
  • De son côté, le chercheur Kevin Griffin de l’Université Columbia de New York souligne que l’étude n’est pas une observation réelle, mais une estimation basée sur des hypothèses. « Il est important de noter qu’il ne s’agit pas d’une mesure directe de ce qui s’est passé, mais plutôt d’une projection », explique-t-il.

Des conséquences potentiellement dévastatrices

Un peu de perspective : Il reste que si les résultats de Jingfeng Xiao se confirment, la diminution de la photosynthèse pourrait bien changer la face du monde telle qu’on la connait. Voici un avant-goût des conséquences probables si la photosynthèse ne pouvait plus avoir lieu (le scénario extrême, toutefois) :

  • L’impact le plus évident est celui sur le réchauffement climatique : si les plantes cessaient de réaliser la photosynthèse, la concentration de CO2 augmenterait considérablement dans l’atmosphère, aggravant le problème du réchauffement climatique et de l’effet de serre. Un véritable cercle vicieux.
  • En outre, la photosynthèse sert aux plantes à convertir le CO2 et l’eau en glucides. Les plantes ne produiraient donc plus de glucose et d’autres composés organiques nécessaires à leur propre croissance et à la croissance des organismes qui les consomment, y compris les humains. Cela entraînerait une perte majeure de ressources alimentaires et énergétiques, provoquant une crise alimentaire mondiale.
  • La photosynthèse est également responsable de la production d’oxygène, qui est vital pour la respiration de nombreux organismes, y compris les humains (si vous ne l’aviez pas encore remarqué). Si les plantes cessaient de produire de l’oxygène, la disponibilité de cet élément essentiel diminuerait, mettant en péril la survie de nombreuses formes de vie.
  • Les écosystèmes terrestres et aquatiques reposent sur la présence de plantes pour fournir de la nourriture, de l’habitat et d’autres services environnementaux. L’absence de photosynthèse entraînerait une perturbation majeure de ces écosystèmes, entraînant une diminution de la biodiversité, des extinctions d’espèces et des déséquilibres écologiques.

Conclusion : Vous l’aurez compris, la photosynthèse joue un rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. Toute perturbation de ce phénomène aurait des répercussions en cascade sur les écosystèmes, les chaînes alimentaires, le climat et la qualité de l’air que nous respirons. Loin de nous l’idée d’être alarmistes, bien sûr… Mais il est plus que temps que les responsables politiques et les grandes entreprises polluantes en prennent conscience.

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