« Les banques centrales ne peuvent plus grand-chose maintenant que l’économie mondiale connaît un ralentissement naturel. Le cycle mondial se dégrade progressivement et nous nous trouvons dans ce que j’appellerais un « affaissement majeur ». Il y a aussi deux parallèles avec les années 1930. »
C’est ce que l’Américain Ray Dalio a déclaré à l’occasion d’une table ronde en marge de la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale à Washington. Dalio est un investisseur milliardaire, gestionnaire de « hedge funds » et philanthrope. Il gère la société d’investissement Bridgewater Associates, l’un des plus grands hedge funds au monde. Selon certains, Dalio est même le gestionnaire du hedge fund le plus performant au monde.
« La politique monétaire et, en particulier, la baisse des taux d’intérêt apporteront peu de changement. Les banques centrales ne feront donc plus la différence », a déclaré l’Américain.
La limite a été atteinte en Europe et au Japon, aux Etats-Unis presque…
« La limite a été atteinte en Europe, tout comme au Japon, tandis que les Etats-Unis n’ont plus qu’une marge de manoeuvre limitée », a déclaré Dalio. 17 000 milliards de dollars en obligations d’État sont déjà assortis de taux d’intérêt négatifs. Mais ce n’est pas tout. Toujours selon lui, les écarts grandissants entre les revenus créent progressivement les plus grandes inégalités dans la répartition de la richesse depuis les années 1930. Cela crée à son tour un stress politique.
« Aux Etats-Unis, les 0,10 % des 1 % les plus riches de la population ont un capital à peu près égal à celui des 90 % les moins nantis », a déclaré Dalio. Selon lui, le poker menteur joué par les Chinois est une preuve supplémentaire que le monde sombre actuellement dans la même dépression qu’au siècle dernier.
Amérique contre Chine
« Tout comme dans les années 1930, nous avons affaire à une puissance émergente qui défie le pouvoir mondial existant. » Dalio fait allusion à la lutte de pouvoir américano-chinoise. Selon lui, il existe encore quatre types de guerres : une guerre commerciale, une guerre technologique, une guerre monétaire et une guerre géopolitique. « Le fait que les quatre se produisent simultanément ne fera qu’aggraver les conflits », conclut le gestionnaire de fonds spéculatifs.
Le hedge fund de Dalio a déjà opté pour des investissements plus défensifs en 2017. Songez aux obligations d’État et à l’or, deux actifs qui se portent bien en période de ralentissement économique. Mais ses hedge funds n’ont pas enregsitré de bonnes performances ces derniers mois.
En juillet, Dalio écrivait sur LinkedIn « qu’il y avait eu un changement de paradigmes du marché ». Ceux-ci se caractérisent par des augmentations d’impôts et des taux d’intérêt extrêmement bas. Les banques centrales financent également de plus en plus de déficits publics en imprimant de la monnaie. Cela se traduit par une dévaluation en conséquence. Selon Dalio, tout cela aura pour effet de rendre l’or de nouveau attractif. Au cours des siècles, la demande en or a toujours été plus forte en période de crise, par exemple en période de guerre, ou d’inflation élevée.