Serait-ce le sauveur de l’humanité ? Le quinoa part à la conquête du monde

La petite graine originaire d’Amérique latine a été récemment mise à l’honneur : 2013 était déclarée « année internationale du quinoa » par l’Organisation des Nations unies. Elle ne manque en effet pas d’attraits : riche en protéines, en minéraux et en vitamines, exempte de gluten… Autant de bienfaits qui font que sa popularité explose dans le monde entier ces dernières années.

En plus, la plante est très rustique – elle a quitté depuis des années ses montagnes des Andes pour traverser l’océan. On peut maintenant trouver des champs de quinoa dans le climat chaud et sec d’Arabie Saoudite, au Danemark à l’exposition au soleil limitée, ou encore dans le Maine-et-Loire en France.

La conquête du monde

Il était pourtant jusqu’à récemment cultivé majoritairement en Bolivie et au Pérou. Jusqu’en 2008, ces deux pays produisaient à eux deux 92% de la production mondiale de quinoa selon la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture).

Cette situation est en train de changer, et de plus en plus de pays qui ne cultivaient pas traditionnellement la « mère de tous les grains », comme le surnommaient les Incas, en font maintenant pousser. En 1980, seuls 8 pays le cultivaient. En 2010 ils étaient 40, et aujourd’hui ils sont plus de 100. La part mondiale de production de la Bolivie et du Pérou est descendue à 65 %.

Une culture adaptée au réchauffement climatique

Comme le quinoa est très adaptable, des scientifiques et fermiers essayent de le faire pousser dans des régions à l’environnement difficile, par exemple dans les terres montagneuses du Tadjikistan où le chercheur agricole Mavlon Pulodov aide les fermiers à faire pousser du quinoa avec l’appui de la fondation caritative Caritas. Pour lui, c’est un succès. Comme l’explique le magazine en ligne OZY, « en prenant en compte le changement climatique, nous pouvons recommander avec certitude cette plante dans diverses zones marginales comme culture résistante à la sécheresse ».

Face aux enjeux de sécurité alimentaire dans un contexte de changement climatique qui transforme des terres arables en zones incultivables, le quinoa, nutritif et résilient, pourrait être une alternative viable. Mais tout n’est pas rose pour autant…

En effet, l’engouement soudain pour le quinoa s’est reflété dans les prix : avec l’explosion de la demande, les prix ont triplé entre 2008 et 2014 avant de s’effondrer depuis, fragilisant du même coup l’économie bolivienne et péruvienne. À cause de la baisse des prix, certains spécialistes craignent que les fermiers ne fassent pousser le quinoa dans des terres en jachère afin d’augmenter leur production pour compenser la baisse des prix, ce qui serait dommageable à la fertilité des sols à long terme.

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