Qui bénéficiera le plus du fonds européen de relance entre le nord et le sud du pays? Réponse cette semaine

Le Comité de concertation de ce vendredi se penchera bien sûr sur la crise sanitaire. Pas d’assouplissement en vue, malgré des chiffres plutôt positifs. Mais il faudra tenir un autre dossier à l’œil: celui de la nécessaire relance et de la répartition du fonds de relance européen. C’est un sujet inflammable: la Flandre, frappée de plein fouet par la crise sanitaire et le Brexit, réclame la plus grosse part du gâteau.

Le Comité de concertation est devenu au fil des semaines une sorte de super-gouvernement belge. Mais il ne faut pas perdre de vue que c’est avant tout le lieu de discussion entre État fédéral et entités fédérées. Et une question sera bien plus primordiale que l’éventuelle réouverture des salons de coiffure: comment répartir les milliards d’euros de l’Union européenne?

  • 750 milliards d’euros. C’est l’enveloppe accordée par l’Union européenne aux États membres en vue d’enclencher la relance. Une munition qui doit renforcer et alimenter les bazookas nationaux.
  • La Belgique en bénéficiera à hauteur de 5,15 milliards d’euros. C’est bien moins que des pays comme l’Espagne ou l’Italie, plus durement touchés lors de la 1ère vague. Or, cet manne financière a été répartie au printemps dernier. Mais la situation économique de la Belgique a continué à se détériorer depuis lors.
  • Quoi qu’il en soit, 5 milliards d’euros, cela reste une somme énorme à l’échelle de notre pays. Pour en bénéficier, les États européens doivent présenter un plan à la Commission pour expliquer comment ils comptent dépenser cet argent.
  • Cette discussion est en cours en Belgique et se heurte à un dilemme: historiquement, la plupart des fonds européens sont allés au sud du pays, en retard économiquement. Mais selon la Flandre, cette clé de répartition ne peut pas s’appliquer cette fois.
  • Parce que la Flandre estime – et c’est une réalité – être la plus durement touchée économiquement par la crise sanitaire, mais aussi par le Brexit. C’est une évidence pour une économie exportatrice comme l’est celle de la Flandre.
  • C’est pourquoi la Flandre verrait bien une répartition en rapport avec le PIB de chaque Région. Dans ce cas de figure, la Flandre obtiendrait 57% de l’enveloppe européenne, la Wallonie 24% et Bruxelles 19%. Concrètement, cela signifie 3 milliards d’euros sur 5 pour la Flandre. Un montant pour lequel le ministre flamand du Budget Matthias Diependaele (N-VA) a plaidé cet automne.
  • La Wallonie, comme la Flandre, compte sur cette enveloppe européenne pour enclencher son propre plan de relance. En Flandre, ce plan est évalué à 4,3 milliards d’euros. Ce point rassemble le PS et la N-VA: l’argent européen doit aller aux Régions.
  • Ce qui laisse toutefois peu de place à l’échelon fédéral, et au ministre… socialiste Thomas Dermine, secrétaire d’État à la Relance.
  • Autre épine dans le pied de la répartition: la Fédération Wallonie-Bruxelles. Son ministre-président, Pierre-Yves Jeholet (MR), réclame aussi son dû. On sait que l’ancienne Communauté française est sous-financée et qu’elle doit faire l’objet de réformes. En point de mire, notamment: le refinancement de l’enseignement francophone.

Lire aussi : Comment la Wallonie pourra-t-elle un jour rattraper son retard ? Avec un énième plan de relance ou par l’appauvrissement de la Flandre ?

Logique fédérale vs. confédérale

  • Ce n’est évidement pas une surprise si la N-VA se saisit de ce dossier et met la pression sur les francophones: ‘S’il faut qu’il y ait solidarité à chaque fois, via les transferts de sécurité sociale, alors il peut aussi y avoir solidarité dans l’autre sens, maintenant que la Flandre est la plus durement touchée’, entend-on au top du parti.
  • La N-VA fait partie du gouvernement flamand avec l’Open VLD et le CD&V. On sait l’entente détestable qui règne entre les deux premiers cités. Mais les démocrates-chrétiens veulent eux aussi faire preuve d’une certaine loyauté envers l’échelon fédéral où ils sont représentés.
  • Côté francophone, Elio Di Rupo ne compte pas nécessairement se laisser marcher sur les pieds. Il réclame aussi sa part du gâteau. Une récente enquête montre que 5.000 emplois seraient par exemple touchés par le Brexit.
  • Deux logiques s’affrontent: une logique fédérale ou confédérale. Mais c’est bien le fédéral qui a le dernier mot. C’est à lui de s’adresser à la Commission. Le consensus n’est pas obligatoire entre fédéral et entités fédérées. Mais le gouvernement ne veut certainement pas créer une crise dans la crise et prône ‘un fédéralisme constructif’.
  • Dernier problème, et pas des moindres: les projets de relance mis sur la table par chacune des entités explosent le budget de 4 à 6 fois. Concrètement: il n’y aura pas d’argent pour tout le monde.

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