Qu’est-ce que l’ONU et quel est son rôle?

C’est quoi l’Organisation des Nations Unies ou ONU? A quoi sert cette institution internationale? Qui sont ses membres et quel est son fonctionnement?

L’Organisation des Nations unies est une organisation internationale qui regroupe aujourd’hui 193 États. Son grand objectif: assurer la paix et la sécurité internationale. Mais nous verrons qu’un tas d’autres institutions dépendent d’elle. 

De la SDN à l’ONU

Commençons par un petit peu d’histoire. L’ONU est née suite à la signature de la Charte des Nations unies adoptée en 1945. Avant, on parlait de Société des Nations, une organisation internationale fondée en 1919 suite au Traité de Versailles et à l’horreur de la Première Guerre mondiale. Son principal promoteur est le président américain Woodrow Wilson. Dès 1918, ce dernier établit une liste de 14 points sur lesquels les nations doivent s’entendre. Mais coup de théâtre au moment de la ratification, le Sénat américain dit non, les États-Unis n’en feront pas partie.

Le principal objectif de la SDN, outre le fait de prôner le libre-échange et le désarmement, était d’assurer la paix dans le monde selon le principe de la sécurité collective. Un État est attaqué? L’ensemble des autres États décideront d’intervenir collectivement. Mais la SDN se solde par un échec, d’abord car les États-Unis ne sont pas présents, ensuite parce que ses décisions ne sont pas contraignantes. Après avoir réglé plusieurs conflits mineurs, la SDN est incapable d’enrayer la guerre civile espagnole, l’agression italienne contre l’Éthiopie, pas plus que l’annexion de l’Autriche par Hitler, ni la crise des Sudètes, pas plus que les velléités de l’Allemagne nazie sur la Pologne ou l’impérialisme japonais. Dès 1939, la SDN n’est plus effective. La Seconde Guerre mondiale l’aura définitivement enterrée. 

Mais l’idée de se rassembler autour d’un objectif de paix n’est pas morte. Les grandes nations continuent de dialoguer entre elles. La rencontre décisive se fera à Yalta où la France, le Royaume-Uni, les États-Unis, l’URSS et la Chine se rencontrent. Si le Royaume-Uni et la France sentent le vent tourner – le monde sera désormais bipolaire (EU/URSS) – il est décidé de créer une organisation similaire à la SDN autour de ce noyau dur. Ces 5 pays formeront plus tard les 5 membres permanents du Conseil de sécurité. 

D’un autre côté, il est décidé de ne pas commettre les mêmes erreurs que lors du traité de Versailles. L’Allemagne ne sera cette fois pas humiliée et bénéficiera d’un soutien pour se relever. C’est d’ailleurs l’État européen qui profitera le plus du plan Marshall.

Le 21 juin, les États-Unis signent la Déclaration des États-Unis. La conférence de San Francisco achève la signature de la Charte des Nations Unies, l’ONU est née le 25 octobre 1945. Dès l’année suivante, l’Organisation internationale est chargée de pacifier le conflit israélo-palestinien. Elle va aussi tenter d’endiguer la crise du canal de Suez en Égypte, puis au Congo où 20.000 casques bleus sont déployés par le Conseil de sécurité. L’ONU reste toutefois peu efficace à cause de la guerre froide. L’opposition entre les États-Unis et l’URSS paralyse l’institution suite à l’utilisation du droit de veto (242 fois en 45 ans). Depuis, l’ONU joue avant tout un rôle de pacificateur. Les casques bleus déployés ne peuvent intervenir qu’en cas de légitime défense. La sécurité du monde occidental est davantage assurée par l’OTAN, une organisation dont le commandement est largement assuré par les Américains.

© EPA

Quatre objectifs

L’ONU veut remplir quatre objectifs: maintenir la paix et la sécurité dans le monde. Développer des relations amicales entre les nations, réaliser la coopération internationale en encourageant le respect des droits de l’homme et être un centre où s’harmonisent les efforts des nations dans des objectifs communs. 

Le 10 décembre 1948, l’Assemblée générale adopte la Déclaration universelle des droits de l’homme. Sans valeur juridique, ce texte va déboucher sur une série de traités qui vont renforcer les droits humains à travers le globe. Mais on reste loin du gouvernement mondial comme certains l’auraient souhaité. L’ONU ne légifère pas non plus. Mais ces résolutions donnent une certaine légitimité aux interventions des États. Elles s’intègrent aussi de plus en plus le droit national et international. 

L’ONU s’organise autour de 6 principaux organes

  • L’Assemblée générale: on y vote des recommandations et chaque État possède une voix. Sans décision contraignante toutefois.
  • Le Conseil de sécurité: est chargé de traiter les menaces pour la paix. Il émet des résolutions qui peuvent être contraignantes et elle peut décider de lancer des opérations de maintien de la paix. Le Conseil de sécurité peut aussi mettre en place des sanctions à l’encontre d’un État. Outre les 5 membres permanents qui ont tous un droit de veto, 10 autres membres non permanents y siègent sur base d’une tournante. La Belgique aura d’ailleurs droit à un siège pour la période 2019-2021. 
  • Le Conseil économique et social dont le rôle est de promouvoir la coopération économique, sociale et au développement. 
  • Le Conseil de tutelle dont le but était de régler la question coloniale.
  • La Cour internationale de justice: située à La Haye aux Pays-Bas, la CIJ tranche les différends entre États qui acceptent de recourir à sa juridiction. 
  • Le Secrétariat: il assure la gestion quotidienne de l’organisation et de ses 9.000 fonctionnaires. 

Aujourd’hui, le siège des Nations unies se trouve à New York, mais personne ne peut y entrer sans une autorisation du Secrétaire général, pas même les autorités américaines. Depuis 2017, la Secrétaire générale est le Portugais Antonio Guterres. Il a succédé au Coréen Ban Ki-moon et au récemment décédé Kofi Annan. Seuls quatre États reconnus ne sont pas membres de l’organisation: la Palestine, le Vatican ainsi que les îles de Cook et Nioué. D’autres États non reconnus par certains États en sont aussi exclus: Taïwan, le Kosovo, la République sahraouie, le Somaliland ou encore le Tibet. 

© EPA

Les agences et le financement

L’ONU, c’est aussi plusieurs agences. On pense par exemple à l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’Organisation internationale du travail (OIT), Union internationale des télécommunications (UIT), Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR), Organisation internationale pour les migrations (OIM), Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH). Toutes ces agences ont leur siège à Genève.

On peut encore citer l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO) à Paris, l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) à Vienne, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) à Montréal, ou encore l’Organisation pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) à Rome.

Au niveau du financement, tant pour l’ONU que pour ses agences, il se fait par les contributions obligatoires des pays membres. Mais tous n’allouent pas le même montant. Sur la période 2016-2018, les principaux contributeurs étaient les États-Unis (22 %), le Japon (9,68 %), la République populaire de Chine (7,921 %), l’Allemagne (6,389 %), la France (4,859 %), le Royaume-Uni (4,463 %), le Brésil (3,823 %), la Fédération de Russie (3,088 %), le Canada (2,921 %) et l’Australie (2,337 %). 

L’ONU profite aussi de contributions volontaires de la part d’entreprises ou de particuliers voire d’autres organisations. Le budget ordinaire de l’ONU, établi tous les deux ans, tourne autour des 5 milliards d’euros. Il faut ajouter à cela les dépenses des différentes interventions onusiennes en plus du budget propre à chaque agence.

© EPA

Critiques

L’histoire de l’ONU est jonchée de polémiques. Dès le départ lors de la Conférence de San Francisco, les États-Unis en ont profité pour espionner massivement les diplomates présents sur place. Chacune des communications avec leur capitale était épiée, a révélé un journaliste dans Le Monde diplomatique de 2001. 

Mais même encore aujourd’hui, la plupart reconnait que l’ONU et particulièrement le Conseil de sécurité ont besoin d’une grande réforme. D’abord parce que les 5 membres historiques et permanents ne sont plus aussi légitimes qu’ils ne l’étaient. Des pays comme l’Inde, l’Afrique du Sud, le Brésil, le Nigéria voire même l’Allemagne pourraient tout autant le revendiquer, autant qu’un pays du Moyen-Orient. 

Les critiques se tournent aussi vers l’impuissance des casques bleus déployés lors de conflits mais non autorisés à agir. L’exemple le plus éloquent étant le génocide au Rwanda, que l’ONU n’a ni pu prévenir ni stopper. Bilan: 800.000 morts. Même chose lors du conflit en ex-Yougoslavie, dont le massacre de Srebrenica (1995) qui s’est déroulé devant 400 Casques bleus impuissants.

Au niveau humanitaire aussi, le séisme de 2010 à Haïti a démontré l’incapacité de l’ONU à acheminer et coordonner rapidement de l’aide sur place. C’est finalement l’armée américaine qui s’en chargera. On peut ensuite citer les différentes interventions armées, pour lesquelles aucun consensus n’a pu être dégagé. On pense à l’Irak, la Libye ou encore la Syrie

Plus