Que signifie la contre-attaque des libéraux et des écologistes ?

Mis en concurrence, voire snobés, bleus et verts ont préparé leur réplique dans la plus grande des discrétions. Une façon de se faire respecter par le PS et la N-VA. Même si cela ne va pas faciliter la formation d’un gouvernement.

Tout content de former une ‘bulle de 5’ partis, PS et N-VA se disent qu’ils ont toutes les cartes en main, ou presque. Il leur manque une formation politique pour décrocher une majorité parlementaire. Bart De Wever se permet même une exclusive, ne pouvant plus supporter l’attitude du MR et de son président, Georges-Louis Bouchez.

Mais le duo de préformateurs continue de rencontrer tour à tour libéraux et écologistes, parfois dans une ambiance glaciale pour les premiers. Le MR se sent logiquement poussé vers la sortie, Ecolo pense qu’il est invité pour mettre les deux familles politiques en concurrence.

Petit à petit, écologistes et libéraux se rapprochent. La rencontre de mercredi entre les Verts et le duo de préformateurs sert de déclic, un communiqué commun est envoyé directement sur les réseaux sociaux avec trois objectifs: montrer leur désaccord vis-à-vis du projet d’une réforme de l’Etat non préparée et non concertée; ne pas accepter la surenchère et se faire respecter par ‘les deux grands’; et enfin clarifier la coalition souhaitée.

Et maintenant ?

Bart De Wever a-t-il sous-estimé Georges-Louis Bouchez ? Il est clair que le président du MR a eu une place prépondérante dans cette réplique. Depuis plusieurs jours, les libéraux francophones tentaient en coulisses de faire revivre le scénario Vivaldi, comme nous vous l’indiquions précédemment. Le Soir apprend que le communiqué a été une décision exclusive des présidents de partis, pour éviter les fuites: Georges-Louis Bouchez, Egbert Lachaert, Jean-Marc Nollet, Rajae Maouane et Meyrem Almaci.

Côté néerlandophone, on charge surtout le MR, accusé d’être ‘l’araignée dans la toile’. Avec un refrain que l’on entend maintenant depuis des mois: ‘Le MR fait capoter toutes les coalitions pour maintenir la Première ministre en place, ainsi que les 6 autres ministres au sein du gouvernement fédéral’. Un discours qui sort maintenant aussi de la bouche des socialistes: tant pour l’arc-en-ciel fin 2019, que pour le gouvernement d’urgence en mars, ou la tripartite fin juin, le MR a fait dérailler ces coalitions. Le MR veut être au centre du jeu (Arizona), et fait monter les enchères, c’est ce qui a agacé Bart De Wever.

Chacun se fait maintenant respecter, ok. Mais les dégâts sont considérables. Une rencontre est toujours prévue avec les libéraux ce vendredi matin, dans les circonstances que l’on sait. Bart De Wever et Paul Magnette vont-ils devoir faire marche arrière et intégrer le MR avec l’Open VLD ? L’Open VLD, qui suscite beaucoup d’interrogations en Flandre, s’est-il mis hors jeu au profit des Verts (qui ont la préférence des socialistes) ? Le scénario Vivaldi pourra-t-il renaître de ses cendres ?

Pour cette dernière option, un changement de ligne du CD&V, comme par magie, semble hautement improbable. On se retrouverait alors dans l’impasse de l’Arc-en-ciel, avec une Flandre ultra minoritaire, la N-VA et le Vlaams Belang dans l’opposition. Sans doute un scénario bien plus terrifiant que ce que suggère la note institutionnelle PS/N-VA pour l’avenir de la Belgique.

Réforme de l’Etat ? Impossible actuellement

Mais justement, cette réforme de l’État qui est évoquée, on sait qu’elle nécessite une majorité des deux tiers, une majorité simple dans chaque groupe linguistique et surtout des élections. Car pour le moment, quasi aucun article n’est ouvert à révision. On sait que la N-VA et PS planchaient pour un gouvernement d’une durée de deux ans, le temps de gérer l’urgence et de sans doute de préparer cette réforme de l’État. Le rapprochement des nationalistes avec les Verts est peut-être aussi une manière d’anticiper et de tâter le terrain à ce niveau.

Mais s’il reste du temps, pourquoi bloquer sur les points d’une note préparatoire, qui plus est orale ? Tout ce petit monde n’a-t-il pas intérêt à négocier de manière commune pour donner un avenir à ce pays, répondre aux préoccupations des citoyens, et repousser les extrêmes ?

Que chacun joue la carte de son parti est logique, c’est le principe même de la politique. Mais face à l’impasse et l’incompréhension de la population (qui ne suit plus les négociations depuis bien longtemps) n’est-il pas temps de prendre de la hauteur ? De trouver le moindre dénominateur commun ? C’est le sens de l’appel de Maxime Prévot (cdH) dans l’Echo.

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