Que se passe-t-il quand une ville de plusieurs millions d’habitants n’a plus d’eau ?

Les 4 millions d’habitants de la ville du Cap, en Afrique du Sud, ont échappé de justesse à la perspective d’une pénurie totale d’eau. Une sécheresse qui sévit dans le pays depuis 3 longues années a asséché les réservoirs qui approvisionnent la ville.

Tous les jours, les habitants de la ville font la queue pour pouvoir remplir des bidons d’eau. Ils sont rationnés à 50 litres par jour, et l’armée a été déployée pour protéger les points de collecte, ouverts 12 heures par jour.

L’arrivée du « Jour Zéro » a été retardée

D’autres mesures ont été prises pour économiser l’eau : la réutilisation de l’eau des douches, la limitation de l’emploi des chasses d’eau et l’irrigation de nuit, entre autres.

Elles ont permis à la ville de réduire drastiquement sa consommation quotidienne d’eau. Celle-ci est passée de 1,2 milliard de litres à 507 millions de litres à la fin du mois d’avril, c’est à dire 18 mois plus tard.

Grâce à cette réduction, l’effroyable perspective de l’arrivée d’un “jour zéro”, celui où l’eau ne coulera plus des robinets, qui avait été prévu pour le 12 avril de cette année, a pu être écartée. Néanmoins, la ville du Cap pourrait être de nouveau confrontée à la perspective du tarissement de ses robinets au début de l’année 2019, si l’hygrométrie de la ville ne permet pas de remplir ses réservoirs.

Une ville sur 4 parmi les plus grosses villes menacées par les pénuries d’eau

La situation du Cap n’est pas unique, et d’autres grandes métropoles ont été confrontées à de graves pénuries d’eau au cours de ces dernières années. Cela a notamment été le cas de Sao Paulo, une mégapole de 20 millions d’habitants, qui avait connu une crise similaire en 2015.

Outre les villes du Cap et de Sao Paulo, on trouve aussi Bangalore (8,5 millions d’habitants,  Inde), Beijing (21 millions d’habitants, Chine), Le Caire (16 millions d’habitants, Égypte), ou encore Jakarta (10 millions d’habitants, Indonésie), dans le top 10 des plus grosses villes concernées par ce problème. En Europe, Moscou (12 millions d’habitants, Russie) et Londres (5,5 millions d’habitants, Royaume-Uni) figurent également dans ce classement.

L’urbanisation en cause

L’eau couvre 70 % de la surface de la terre, mais seulement 3 % de cette masse sont constitués d’eau douce. Plus d’un milliard de personnes manquent constamment d’accès à l’eau, et 2,7 milliards d’autres manquent d’eau pendant au moins un mois de l’année.

Une ville sur 4 parmi les 500 plus grosses villes du monde sont susceptibles de connaître des pénuries d’eau. Et selon des projections réalisées pour le compte des Nations unies, la demande mondiale d’eau douce dépassera l’offre de 40 % en 2030. Le changement climatique, l’action humaine, mais aussi la croissance de la population urbaine sont les facteurs à l’origine de cette tendance.

L’urbanisation rapide crée de nouvelles opportunités, et permet de sortir des millions de personnes de la pauvreté. Mais l’augmentation des populations urbaines met aussi sous pression les ressources naturelles et économiques pourtant nécessaires pour soutenir cette croissance.

Remorquer un iceberg jusqu’au Cap, un projet farfelu ?

Les situations extrêmes ont tendance à mobiliser la créativité. Nicholas Sloane, le “maître sauveur” sud africain connu pour avoir renfloué le Costa Concordia en 2013, propose une solution peu conventionnelle pour résoudre le problème de pénurie d’eau de la ville du Cap : remorquer un iceberg de l’Antarctique jusqu’à la ville sud-africaine. Il affirme qu’un iceberg d’un km de long et d’un poids de 70 000 tonnes permettrait de fournir près de 150 millions de litres d’eau par jour pendant une année. Cela correspond à un tiers des besoins de la ville, et dépasse très largement la quantité d’eau qui pourrait être obtenue par désalinisation de l’eau de mer et les autres méthodes actuellement  à l’étude.

L’opération ne serait pas simple : il faudrait emballer le monstre dans un cocon de tissu pour limiter la déperdition d’eau liée à la fonte à 30 % au cours du remorquage de l’iceberg, qui prendrait 3 mois.

Les 17 et 18 mai prochains, il tentera de réunir des investisseurs et des membres du conseil municipal du Cap afin de les convaincre du bien-fondé de son projet, et de lever 110 millions d’euros pour le mettre à exécution. 

© EPA

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