Lorsque l’un de vos proches est gravement malade, il est difficile d’adopter la bonne attitude. On voudrait se montrer optimiste, confiant et rassurant, mais on ressent confusément que la maladie s’impose par les souffrances et les menaces qu’elle inspire de façon bien plus réaliste, et que nos commentaires en ressortent complètement désactivés de leur bonne substance, et même, contre-productifs.
Dans le New York Times, Bruce Feiler explique qu’il a souffert d’un cancer des os, il y a trois ans. Il vous propose ses conseils pour adopter le bon comportement lorsque l’un de vos proches est malade :
A ne jamais dire :
– Que puis-je faire pour aider ?
Cette question, à laquelle votre proche malade ne peut que répondre « Rien », lui adresse directement un gros fardeau. Le patient ne vous dira jamais rien, parce qu’il ne veut pas se sentir vulnérable. Au lieu de poser cette question, agissez : nettoyez le réfrigérateur, remplacez les ampoules qui ne fonctionnent plus…, etc. Les tâches les plus prosaïques sont évidemment les plus urgentes.
– Mes pensées et mes prières sont pour toi.
Même si c’est vrai, cette affirmation ressemble à un cliché et sonne comme tel. Essayez de proscrire tous les stéréotypes du même style (« Ce n’est pas pour toi, c’est pour moi », ou encore « Je vais démissionner pour passer plus de temps avec ma famille »)
– Est-ce que tu as essayé ce lavement à la mangue que je t’ai conseillé ?
S’il existait un traitement miracle contre cette maladie, cela se saurait.
– Cela va aller, ne t’en fais pas.
Ces banalités sont dites pour rassurer celui qui les énonce, et pas le malade. Pensez que le médecin s’efforce de dire la vérité au malade, que la réalité peut être toute autre, et que le malade est bien conscient de son état. Résistez donc à la tentation de jouer les Nostradamus.
– Comment allons-nous, aujourd’hui ?
Evitez de tomber dans l’infantilisation. De même, si vous êtes la mère, sachez que cela ne fera pas forcément plaisir à votre fils/fille d’être traité comme un enfant si ce n’est pas de cette façon que vous le/la traitez d’habitude (dessert préféré, invasion à domicile…, etc.)
– On dirait que tu te portes comme un charme.
C’est une affirmation faite de bon cœur, mais le patient ne peut se cacher les mèches de cheveux qui tombent, les yeux encavés, le visage bouffi par la cortisone… Et finalement, la seule impression qui reste, c’est que vous vous focalisez sur son aspect physique.
Que dire au contraire :
– Tu n’es pas obligé de répondre à mes messages.
Souvent, les malades croulent sous les demandes de leurs proches qui veulent avoir des nouvelles, et les réseaux sociaux, qui ont augmenté les attentes en matière de contacts, n’arrangent rien. Ce que vous pouvez faire : vous imposer comme un porte-parole, qui dissémine les nouvelles, prend en charge les demandes lorsque le malade n’a plus le courage de s’en occuper lui-même. Faites également comprendre que vous n’attendez pas de remerciements lorsque vous donnez un coup de main quelconque.
– Je devrais partir maintenant.
Cette phrase ne sera jamais mal perçue. Maintenez des visites courtes (pas plus de 20 minutes idéalement, et même moins si votre proche est fatigué ou qu’il souffre). Lorsque vous êtes avec lui, profitez-en pour mettre de l’ordre dans sa chambre et vider les poubelles.
– Est-ce que ça te plairait de connaitre les derniers potins ?
Un changement de sujet pour des choses frivoles sera toujours bienvenu. Les malades en ont souvent marre de ne parler que de leur maladie, qu’ils doivent évoquer constamment avec les médecins et le personnel médical. Essayez de suivre les sujets que le patient évoque, et proposez des sujets d’actualité sans rapport avec ce qui lui arrive.
– Je t’aime.
Quand il n’y a plus rien à dire, l’émotion directe est le plus puissant cadeau que vous puissiez donner. Vous n’avez pas besoin de l’enjoliver. Vous pouvez aussi dire « Je suis désolé de ce qui t’arrive », « Je déteste te voir souffrir », « Tu représente tout pour moi ». Le fait que trop peu d’entre nous prononcent ces paroles leur donne encore plus d’impact.
Quoi qu’il en soit, le mieux est d’accepter la vulnérabilité de la situtation, et d’essayer d’être le plus sincère possible.